INRAE
Vers un doublement de l’emprise des sécheresses

De récents travaux de l’Inrae indiquent que la pression climatique va s’accentuer pendant l’été avec des sécheresses deux à trois plus étendues.

Vers un doublement de l’emprise des sécheresses
D’après les projections réalisées dans le cadre des scénarios d’émissions modérées et fortes du Giec, la température annuelle en France hexagonale augmentera de 4 °C en moyenne, par rapport à la période 1976-2005. ©Pixabay

L’Inrae a dévoilé à quoi ressembleront le climat et surtout le cycle de l’eau en France d’ici 2100, dans son projet Explore2 présenté le 27 juin. Un projet qui a mobilisé une quarantaine de chercheurs et prend la suite des travaux Explore 2070. D’après les récentes projections réalisées dans le cadre des scénarios d’émissions modérées et fortes du Giec, la température annuelle en France hexagonale augmentera de 4 °C en moyenne, par rapport à la période 1976-2005. Les étés en particulier seront plus chauds. Concernant les précipitations, d’importantes incertitudes demeurent sur le cumul annuel, à l’exception du Nord-Est de la France où il sera en hausse, et du Sud-Est et près des Pyrénées où il sera en baisse, du moins dans le scénario de fortes émissions. En revanche, la tendance est « plus claire à l’échelle des saisons », selon le coordinateur scientifique Éric Sauquet. En effet, le cumul hivernal de précipitation sera généralement en hausse, tandis que le cumul estival tendra à baisser en particulier dans le Sud-Ouest.

Baisse des débits en été

Ce constat sur la pluviométrie se répercute logiquement sur le débit des cours d’eau. « On a un peu la propagation des incertitudes qu’on peut voir sur les précipitations annuelles, avec des fortes incertitudes sur l’évolution du débit annuel. En revanche, lorsque l’on s’intéresse à l’été, on a une majorité des projections qui s’accordent sur une baisse des débits », explique-t-il. Ainsi dans le scénario d’émissions modérées, les débits estivaux (de juin à août) baissent d’environ 15 %. Ils se réduisent d’environ 30 % dans le scénario d’émissions élevées, plus fortement encore dans le Sud-Ouest, les Alpes et la zone méditerranéenne. Concernant les sécheresses météorologiques (déficit de précipitations), aujourd’hui de type décennal, elles seront plus fréquentes et plus étendues. Dans le scénario de fortes émissions, « la surface affectée doublera pour atteindre près de 20 % de la France hexagonale et les sécheresses météorologiques seront trois à cinq fois plus fréquentes dans le tiers sud de l’Hexagone », indique le rapport. Même constat pour les sécheresses du sol, aussi qualifiées aujourd’hui de décennales. La surface affectée doublera en cas d’émissions modérées et triplera en cas de fortes émissions, tandis que leur fréquence augmentera « très fortement ». Enfin, les sécheresses hydrologiques seront plus marquées dans le Sud de la France avec un changement médian du débit d’étiage mensuel quinquennal « de l’ordre de - 40 % ». Mais on pourra toujours avoir « des séquences d’années sèches et des séquences d’années humides qui se succèdent », rappelle Éric Sauquet.

L.M