Filière bois
Des propriétés intéressantes pour les copeaux
La Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une matinée dédiée aux bénéfices des copeaux de bois comme litière, à Cornillon-en-Trièves, le 11 décembre.
Afin de sensibiliser les agriculteurs sur les possibilités d’entretien des haies et de valorisation des copeaux qui peuvent en être issus, la Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une matinée d’échanges et de démonstration à Cornillon-en-Trièves, le 11 décembre.
En effet, le bois peut être utilisé de multiples façons pour répondre à des demandes et à des besoins différents. Dans le cas du Gaec du Petit Oriol, qui a été l’hôte de la matinée, « une parcelle de pins a été rouverte pour servir de pâture », a expliqué Robinson Stieven, conseiller technique à la Chambre d’agriculture de l’Isère. Philippe Gachet, qui broie du pin chez les particuliers pour ensuite le vendre localement comme bois de chauffage, s’est occupé de la parcelle du Gaec. « L’objectif était ensuite d’utiliser le pin en tant que litière pour les vaches allaitantes de l’exploitation », ajoute-t-il. Et afin que rien ne se perde, l’exploitation a fait le choix de valoriser cette litière comme fumier pour les parcelles cultivées.
Matière sèche
Le retour d’expérience du Gaec du Petit Oriol démontre le « pouvoir d’absorption des copeaux de bois en tant que litière », selon Jérémy Fanjat, co-dirigeant de l’exploitation, qui constate également que les vaches ne se blessent pas et qu’il n’y a ni boiterie, ni ingestion. Ses copeaux ont été mis en place dans l’étable à la fin du mois de juin après avoir été laissés en tas pour qu’ils s’échauffent pendant deux à trois mois. Ils ont ensuite été retirés à la fin du mois de septembre et retournés comme du fumier pailleux.
L’avantage des copeaux de bois, pour l’agriculteur, est qu’ils ont « un bon taux de matière sèche et se compostent bien », même si la quantité de matière sèche dépend aussi du type de bois utilisé. La finesse du broyage initial est importante car elle permet la bonne dégradation de la matière. Selon Philippe Gachet, il est préférable d’avoir une plaquette de 2 à 3 cm, bien que le calibre soit un compromis à trouver.
Pour une utilisation en litière, Robinson Stieven recommande de vérifier la bonne qualité d’absorption des copeaux. « Quand ils font du jus, il faut les remuer. Ils ne chauffent pas, donc cela évite aussi les boiteries liées à la paille qui, elle, chauffe », précise-t-il.
Acidité et minéraux
Le conseiller explique que le pH remonte entre le moment où une matière première est fournie et où ce dernier devient un produit fini. « Laisser le tas s’échauffer permet aussi de faire remonter ce pH et de le neutraliser. » Un fumier issu de litière constituée à 100 % de plaquettes de noyers, par exemple, atteint un pH de 9, ce qui exclut les risques d’acidification des sols. Des analyses réalisées sur du fumier à destination de génisses et constitué à 80 % de plaquettes de haies et à 20 % de paille montrent un pH atteignant presque 9. Les plaquettes fraîches de pin atteignent quant à elles un pH de 5.
En ce qui concerne les minéraux, des teneurs intéressantes peuvent être observées, notamment en azote. Il ressort de tests que le fumier en mélange et composté est celui qui contient le plus d’azote et qu’il est donc celui qui est le plus assimilable par le sol. Il est en revanche moins adapté aux prairies, à moins d’être utilisé sur le long terme, et il convient de le mélanger au sol.
Épandage
Les analyses de l’acidité et de la contenance en minéraux ont été réalisées pour faciliter le choix des copeaux de bois pour les agriculteurs souhaitant épandre leur litière. En termes de granulométrie et de compostage, plus le tas est sec, plus il dure dans le temps. Il ne faut en effet pas que le tas colle, c’est pourquoi il est recommandé de l’émietter avant épandage.
L’entretien des haies et la transformation en copeaux pour la litière des déchets produits permet donc une valorisation intéressante du bois. D’autant plus que les coûts sont attractifs, en particulier dans un contexte de prix forts pratiqués pour la paille à destination des litières. Pour 120m3 de copeaux, ce qui correspond à 30 tonnes environ, il faut compter 27 euros par tonne, soit environ 800 euros de broyage.