Semences de maïs et de sorgho
La France championne d’Europe du maïs semence et du sorgho

Morgane Poulet
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Face aux incertitudes liées à la guerre en Ukraine, le Syndicat des producteurs de semences de maïs et de sorgho du Rhône-Alpes confirme la primauté de la France dans le domaine du maïs semence en Europe. Pour autant, il est important de continuer des actions pour soutenir la filière.

La France championne d’Europe du maïs semence et du sorgho
De gauche à droite : Jean-Bernard Testemale, président SPSM Saliès Saint-Palais et vice-président de l'AGPM maïs semence, Stéphane Desrieux, président SPSMS Rhône-Alpes, Nicolas Montepagano, responsable filière AGPM maïs semence et Philippe Almoric, trésorier SPSMS Rhône-Alpes.

L’année 2021 a été bonne en termes de récoltes de maïs semence et de sorgho en France. Comme l’expliquait le Syndicat des producteurs de semences de maïs et de sorgho (SPSMS) du Rhône-Alpes, lors de son assemblée générale le 1er mars à Penol (Isère), cela permet au pays de dominer le marché européen en termes d’exportations.

Une filière française en croissance

« Il ne faut pas croire qu’il y a une morosité ambiante dans le marché du maïs semence », déclare Stéphane Desrieux, président du SPSMS Rhône-Alpes.
Malgré une diminution de 200 hectares de cultures en Isère en 2020, le département se classe deuxième après la Drôme, avec 1 516 hectares. En Rhône-Alpes, le réseau de producteurs continue de diminuer, avec 396 agriculteurs en 2021 contre 400 en 2020 et 415 en 2019.
En 2021, 186 000 hectares de semences ont été multipliés dans l’Union européenne. Cela correspond à une hausse de 45% depuis 2017. Un chiffre important mais tout de même inférieur à celui de la production française.
En effet, 85 250 hectares ont été multipliés en 2021 en France, ce qui représente 6% supplémentaires par rapport à 2020. Depuis 2017, les surfaces françaises ont ainsi augmenté de 47%. Le pays domine alors la production européenne de semences, ce qui est confirmé par la production de l'année écoulée.
Les doses de semence étaient au rendez-vous en 2021 en France : les conditions de récolte ont été bonnes et 100% des objectifs ont été atteints, soit environ 220 doses par hectare. A titre de comparaison, l’Union européenne a quant à elle atteint 94% de ses objectifs, soit 198 doses par hectare environ.
Cela place ainsi la France en très bonne position sur le marché européen, avec des prix planchers fixés à 140 voire 155€ la tonne en 2021 pour le maïs grain et à 185 voire 195€ la tonne en prix plafond, pour des coûts de production rhônalpins s'élevant en moyenne à 150€ la tonne en 2020.

Des stocks au plus bas

A l’échelle européenne, en revanche, les stocks sont au plus bas depuis huit ans, ce qui explique la hausse des prix. S’il y a certes une évolution des surfaces de maïs dans la région, elle est orientée à la baisse. Le programme de multiplication européen atteint ainsi seulement 184 000 à 186 000 hectares pour 2022.
En ce qui concerne la guerre en Ukraine, Stéphane Desrieux se veut rassurant quant à la situation pour la filière. « Il y aura sans doute plus de problèmes pour le tournesol que pour le maïs semence ou le sorgho », estime-t-il. En effet, l’Ukraine et la Russie gèrent environ 80% des exportations mondiales d’huile de tournesol.
Pour l’heure, les entreprises françaises implantées dans ce pays de l’Est seront plus touchées que celles restées en France. « Pour autant, les agriculteurs sont peu nombreux dans la région à avoir investi en Ukraine », ajoute-t-il.

Des attentes pour 2022

Afin de soutenir le dynamisme de la filière française, l’objectif du SPSMS pour 2022 sera de pérenniser la santé de la production de semences, en particulier dans le contexte ukrainien actuel.
Le syndicat souhaiterait désormais que les négociations soient plus précoces et que des actions soient menées auprès des producteurs dès le mois de novembre. Il s’agirait d’assurer la hausse du maïs grain par des contrats et d’intégrer au prix l’augmentation des charges et des arbitrages possibles entre les cultures.
Le SPSMS souhaiterait que soit appliqué l’omnibus aux contrats à la culture en grandes cultures. Il poursuivra ses travaux pour faire émerger un nouvel outil de sécurisation mutualisé.
Le syndicat perpétuera ses trois actions à l’échelle locale. Il s’agit du suivi de l’irrigation, qui passe par douze stations en télétransmission qui, grâce aux sondes installées dans les parcelles cultivées, permettent de prévoir l’arrosage à apporter aux sols.
Le réseau d’épidémio-surveillance sera également maintenu. Le SPSMS a fourni des pièges – neuf contre l’héliothis, neuf contre la pyrale et deux contre la sésamie - que les producteurs ont pu placer dans treize sites différents.
Finalement, le syndicat met en place de nouvelles actions de communication pour recruter des castreurs, que les producteurs peinent à trouver. Comme à son habitude, il participera à des forums de l’emploi mais il créera également des vidéos, des flyers et mettra en place un système de candidatures en ligne.

Morgane Poulet

PAC : compromis sur les rotations de culture

La France et la filière du maïs ont été les principaux moteurs du changement de réglementation sur la rotation des cultures. Initialement, la Pac prévoyait une obligation de changement de culture. Désormais, la rotation n’est plus obligatoire pour les cultures pluriannuelles ainsi que pour les cultures secondaires, dont le maïs semence fera partie.
Qui plus est, les Etats membres auront la possibilité d’autoriser la diversification des cultures au lieu de rendre la rotation obligatoire.