Commerce
Saint-Martin-d'Hères : marché cherche producteurs
Le marché bio et local de Saint-Martin-d’Hères ne veut pas mourir prématurément et la deuxième ville d’Isère cherche ardemment de nouveaux producteurs pour étoffer son offre.
« Je cherchais un marché bio pour me développer un peu ». Quand Didier Allibe, producteur de la Ferme de Toutes Aures, a été contacté pour participer au nouveau marché « bio et local » de Saint-Martin-d’Hères, il a trouvé l’idée intéressante. Le projet, lancé par la municipalité, portait sur la création, le 4 mars dernier, d’un marché hebdomadaire qui se tiendrait de 15 heures à 19 heures, place Sonia Delaunay, dans le nouvel écoquartier Daudet. « Au lancement, nous avons réussi à trouver des producteurs motivés pour venir. Mais certains se sont désistés, pour différentes raisons et seulement six sont restés », explique Jacques Arabian, chargé de développement économique et de relations avec les entreprises et le commerce à Saint-Martin-d’Hères.
Face à ce délitement, la municipalité a décidé de fermer le marché durant l’été pour ne le rouvrir que le 26 août dernier, avec la ferme volonté de le redynamiser. « Le marché était devenu atone, poursuit le responsable, s’il y a moins de producteurs, les clients ne reviennent pas et s’il n’y a pas de clients, les producteurs n’ont pas envie de revenir. »
Pour ne pas laisser ce marché mourir, la mairie s’est tournée vers la Chambre d’agriculture de l’Isère dans l’espoir de trouver de nouveaux producteurs.
Des ajustements
« Saint-Martin-d’Hères présente un potentiel, estime Mélanie Hovan, conseillère consulaire. Mais il faut plutôt faire venir des producteurs du département. Nous avons fait passer le message dans le Trièves et auprès des animateurs de territoire. Ce serait intéressant que des producteurs viennent au moins tester. »
La mise en place du marché a nécessité quelques ajustements. Il y avait initialement plusieurs producteurs de fruits et légumes, des producteurs et transformateurs de viande (agneau, porc, bœuf), de fromage de chèvre, un apiculteur et un revendeur de vin. « Nous les avions trouvés en faisant du démarchage par mail, par le réseau d’un producteur », reprend Jacques Arabian. Mais pour différentes raisons leur venue s’est espacée ou ils ont arrêté. « Certains n’aiment pas avoir de la concurrence, mais on ne peut pas rester avec un seul producteur de fruits et légumes. Avoir deux ou trois maraîchers donne une dynamique au marché, la complémentarité en fait la richesse », commente Jacques Arabian. Les plus éloignés, ceux qui venaient de la Drôme, ont renoncé en raison du coût du carburant et du temps perdu dans les transports. D’autres, comme La Ferme de Toutes Aures, la ferme aux Coquelicots, ou les deux chèvreries ont préféré venir tous les quinze jours.
« C’était mal parti, reprend Didier Allibe. Et puis, je ne voulais pas de doublon sur l’agneau. » Il aurait aussi préféré que le marché soit uniquement bio comme à Meylan où la municipalité a ajouté un deuxième jour de marché dédié. « Est-ce un problème de communication ? Est-il bien placé ?, se demande-t-il encore. Pourtant, il y a beaucoup d’habitants autour, mais on ne voit personne. » Le producteur compare avec Meylan où il va aussi le jeudi soir et où la fréquentation est au rendez-vous. « Si en novembre, ça n’a pas redémarré, on arrêtera. Ce qui manque le plus, ce sont les fruits », reprend Didier Allibe. De son côté, il s’efforce de proposer un étal très complet avec des produits de l’association de producteurs de Gillonnay : œufs, lentilles, confitures, noix et produits à base de noix.
Un potentiel
« En fruits et légumes, il y a besoin d’avoir du volume, insiste Mélanie Hovan. Deux maraîchers en permanence, pour un marché comme celui de Saint-Martin-d’Hères, ce n’est pas aberrant. Parce que lorsqu’il y a de trop petites quantités ou qu’il n’y a plus rien, ce n’est pas bon. Il ne faut pas non plus qu’il y ait la queue. Pour les autres productions et des produits qui se conservent, venir tous les 15 jours, c’est peut-être suffisant. Ou alors trouver des producteurs qui viennent en alternance. Il faut voir à l’usage. Mais se partager un marché entre producteurs peut attirer la clientèle. » Avis aux producteurs en vente directe, ce marché-là ne demande qu’à prendre son envol !
Pour le relancer, la municipalité a mis en place une campagne de communication et organisera des événements les jours de marché dès cet automne. « Nous devons retrouver un cercle vertueux », déclare Cécile Cornillet, en charge de la communication.
Jacques Arabian fait valoir les conditions favorables qui ont été mises en place pour accueillir les producteurs le vendredi en fin d’après-midi : absence de droit de place pour l’année 2022 et possible reconduction en 2023, gratuité de l’eau et de l’électricité, accord avec la boulangerie sur place pour l’usage des toilettes.
« Saint-Martin-d’Hères, ce sont 40 000 habitants, la deuxième ville d’Isère, 50 000 personnes sur le campus : il y a un vrai potentiel ! », insiste le responsable qui espère un déclencheur en se rapprochant des organisations agricoles.
Isabelle Doucet