Formation
Thierry Repellin, le nouveau directeur du lycée agricole de La Côte-Saint-André, prêt à relever le défi de l'engagement des jeunes
Tout juste arrivé au sein du lycée agricole de La Côte-Saint-André, Thierry Repellin entend bien accompagner les élèves de l’établissement à s’engager dans l’agriculture, à oser et à réussir leurs projets.
« Nos effectifs sont constants. 260 élèves ont fait leur rentrée au lycée agricole de La Côte-Saint-André ce lundi 2 septembre. Ils sont autant au sein du lycée horticole de La Tour-du-Pin », indique Thierry Repellin, le nouveau directeur des deux établissements, quelques jours après avoir pris ses fonctions.
Si l’enseignement agricole peine parfois à recruter, le lycée de La Côte lui, continue d’attirer. « Les jeunes choisissent cet établissement parce qu’ils recherchent un lieu à taille humaine, où tout le monde se connaît. Ils ont besoin d’être respectés, valorisés, accompagnés dans leur projet. Si jusqu’au bac, ils viennent des environs, après, nous comptons des élèves qui viennent de bien plus loin, de Savoie et des Hautes-Alpes principalement », précise le dirigeant.
Se considérant comme « un pur produit du monde agricole », Thierry Repellin estime que c’est une chance pour les établissements agricoles d’être comme ils le sont, enracinés dans les territoires, avec des familles insérées dans ce monde rural qui a su garder les valeurs de solidarité, de cohésion, d’humanisme, qui sont les siennes. Il lui tient à cœur d’accompagner les jeunes « à sortir des lignes, à oser, à innover, à être fiers ».
La parole de l’agriculture
Quelques jours avant la rentrée scolaire, le ministère de l’Agriculture a donné les lignes directrices que devront suivre ses 800 établissements d’enseignement technique et supérieur.
Son premier grand enjeu est de « faire partager à tous les apprenants, dans leur diversité, les valeurs de la République. Il s’agit de former des citoyens, porteurs de respect, de bienveillance, de loyauté. Il s’agit aussi de transmettre la mémoire. Les générations qui arrivent ne connaissent plus de personnes qui ont vécu la guerre. Même si les anciens ne parlaient pas au quotidien de ce douloureux sujet, la mémoire se transmettait. Ce n’est plus le cas. C’est pourquoi, cette année, nous allons faire travailler les jeunes sur la Résistance, les faire aller au Parlement européen, aborder la thématique de la différence et leur faire prendre conscience que la différence et son respect, sont ce qui empêche la guerre. Nous allons aussi les faire réfléchir à l’engagement, les sensibiliser sur l’importance de porter la parole de l’agriculture dans la société », avance Thierry Repellin.
Différentes formations
L’autre enjeu avancé par le ministère est celui d’assurer le renouvellement des générations d’actifs en agriculture et de préparer les jeunes à relever le défi des transitions agroécologique et climatique.
Pour le directeur de l’établissement, « il s’agit à la fois de faire prendre conscience aux personnes qui ne viennent pas du monde rural, qu’il y a de la place pour elles en agriculture. Il s’agit également de montrer que, grâce aux nouveaux matériels et outils, grâce à l’intelligence artificielle, les agriculteurs vont pouvoir réduire la pénibilité de leur métier et les temps de travail. C’est bien le rôle de l’école d’accompagner les jeunes dans ces transitions. L’objectif est que chacun soit bien dans son parcours. Il faut que nous délivrions des messages positifs de ce que nous sommes, que nous donnions envie. Il y a une réelle évolution de l’enseignement agricole pour se rapprocher de la société et intéresser les jeunes à travailler dans l’agriculture », assure-t-il.
Le lycée propose différentes formations qui répondent à des besoins différents. Certains savent dès le début qu’ils veulent s’installer, reprendre l’exploitation familiale. Il y en a beaucoup aussi qui avant, veulent profiter d’une autre expérience… « Le Bac pro CGEA (Conduite et gestion d’une entreprise agricole), le BTS Productions animales et le BTS GPN (Gestion et protection de la nature) sont des formations en apprentissage (1), qui donnent de belles réussites. Ce sont des jeunes qui apprennent, qui organisent, qui s’éclatent. C’est très stimulant et formateur. Et puis, ce sont des contrats bien aidés financièrement », ajoute encore le directeur.
Voyants au vert
Au niveau de la vie de l’établissement, plusieurs chantiers sont en cours. Un nouveau bâtiment est en construction à côté du lycée. Il s’agit de la future cantine, qui servira aux élèves et aux équipes pédagogiques du lycée agricole, mais aussi au personnel du lycée polyvalent Berlioz. « L’objectif est de mutualiser les charges et de permettre aux jeunes de se côtoyer. Cette nouvelle restauration sera mise en place lors de la rentrée 2025 », précise Thierry Repellin.
En outre, avec le concours de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le projet de rénovation de la ferme du lycée se précise. « Même si rien n’est encore engagé, tous les voyants sont au vert pour que cette réhabilitation soit mise en œuvre et permette à cette ferme d’être digne de l’agriculture de demain », détaille encore le directeur.
(1) En 2023, la Direction régionale de l’économie, de l’emploi, du travail et des solidarités (Dreets), a compté 223 contrats d’apprentissage dans le domaine agricole dans le département de l’Isère. S’agissant des contrats de professionnalisation, il n’y en a quasiment plus. Les jeunes préfèrent se diriger vers un contrat d’apprentissage, mieux aidé financièrement, et désormais accessible jusqu’à 30 ans.
Isabelle Brenguier