Végétal
Le retour du végétal en ville

Isabelle Doucet
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À l’écoute de l’évolution des tendances, les pépiniéristes travaillent de concert avec les professionnels du paysage qu’ils ont rencontrés dans le cadre de leurs journées interprofessionnelles à Anjou.

 

Le retour du végétal en ville
Plus d'une centaine de professionnels de l'aménagement paysager et du végétal ont participé aux rencontres Pepid&al.

Les paysages du futur et les plantations de demain ont été au cœur des échanges des premières rencontres Pépid&al qui se sont déroulées le 29 septembre au château d’Anjou.
Interrogés par le changement climatique et l’évolution des politiques végétales des collectivités et des donneurs d’ordres, les pépiniéristes innovent.
C’est la raison pour laquelle, sur l’initiative de Bièvre Isère végétal et avec l’arrivée d’une nouvelle équipe locale adhérente à la FNPHP (1), le périmètre de cette rencontre interprofessionnelle s’est élargi aux départements de la Drôme et de l’Isère.


« C’est une nouvelle formule, s’enthousiasme Damien Vivier, l’organisateur de l’événement. En passant le relais à des jeunes, le rendez-vous s’est réinventé et dans les débats, nous abordons des thématiques qui questionnent la profession. »

Renaturation

Les conférences ont en effet attiré plus d’une centaine de personnes, pépiniéristes, entreprises d’espaces verts de toutes tailles, l’ensemble des métiers du paysage et des bureaux d’étude.
Ville perméable et renaturation, filière végétale locale et gestion des arbres en ville sont autant de sujets qui intéressent la ville de demain et concernent les pépiniéristes au premier plan.
« Notre filière a connu une embellie due au regain de reconnaissance de l’utilité du végétal dans l’environnement urbain », explique Damien Vivier. Il ajoute : « Cette journée est l’illustration du questionnement permanent et du positionnement que doit adopter notre filière pour répondre aux besoins de demain. »
Outils de conseil, d’information et de sensibilisation en matière d’aménagement urbain, le CAUE (Conseil d’architecture, d’urbanisme et de l’environnement) de Savoie a fait une intervention sur la renaturation des villes.
Désimperméabiliser l’existant ou préserver des espaces dans le cadre de secteurs ouverts à l’urbanisation font partie des ambitions stratégiques des collectivités territoriales en termes d’aménagement.
Florence Fombonne-Rouvier, du CAUE, a décliné les différentes solutions pour « ramener du végétal dans les villes » : espaces verts ; toitures et murs végétalisés, surfaces semi-ouvertes (pavés) et surfaces pleine terre ; fossés, bassins de rétention etc.


Pour être pérenne, les essences doivent être adaptées et chaque aménagement mené en concertation. Elle cite en exemple les jardins de rue ou les cours d’école car la renaturation réclame une adhésion de chaque partie, notamment des habitants pour les jardins en ville ou de l’équipe pédagogique en milieu scolaire.
Aux professionnels du végétal d’anticiper sur ces besoins-là et d’être force de proposition.

Isabelle Doucet

(1) Fédération Nationale des Producteurs de l'Horticulture et des Pépinières

Des espèces adaptées
Pierre-Alexis Nizan, de Jura nature environnement local et Sylvie Monier, directrice régionale de la mission haies, ont présenté la filière Végétal local.

Des espèces adaptées

La marque Végétal local, crée par l’OFB, est une des solutions pour lutter contre l’effondrement de la biodiversité.

« Rendre les villes perméables, oui. Mais à quoi et comment ? » Pierre-Alexis Nizan, de l’association Jura nature environnement, a présenté la marque Végétal local, créée en 2015 par l’Office français de la biodiversité.
Cet outil de traçabilité des végétaux sauvages et locaux est mis en avant pour « répondre à l’effondrement de la biodiversité ».
Cette végétalisation des milieux passe par le choix d’espèces locales adaptées. « Il n’y a pas d’opposition entre l’horticole et le sauvage, prévient Pierre-Alexis Nizan. Ces gammes sont complémentaires selon les enjeux. »
Il cite en exemple le sureau noir qui assume autant les fonctions de préservation de la biodiversité qu’un rôle esthétique.

Pépiniéristes naisseurs ou éleveurs

La filière Végétal local repose sur un réseau de 91 acteurs répartis dans onze régions biogéographiques.
Le rôle de ces producteurs est la collecte des graines en milieu naturel, leur naissage et leur élevage dans leur territoire d’origine. « Ces graines sont cultivées chez des pépiniéristes naisseurs. Elles sont commercialisées au bout d’un an ou vendues à des pépiniéristes éleveurs », poursuit Sylvie Monier directrice de la mission haies Auvergne-Rhône-Alpes.
Le premier usage de ces espèces est la plantation de haies.
Sur les 15 espèces requises pour assurer le bon fonctionnement d’une haie, la conseillère préconise d’éviter « le tout-venant. On aura peut-être la bonne essence, mais elle ne sera pas génétiquement adaptée ».
Elle donne l’exemple de prunelliers noirs qui n’ont pas survécu en Ardèche ou de retards de floraisons de troènes des bois. D’où le travail de traçabilité génétique et de diversification des gammes.
Le pépiniériste naisseur aura pour clients des fédérations de chasse, des chambres d’agricultures, des collectivités, des aménageurs, qui commandent des jeunes plants forestiers de 1 à 2 ans, en grandes quantités (30 à 50 000 plants par an) pour un prix de vente entre 1 et 2,70 euros.
La pépinière d’élevage, produit des plants âgés de plusieurs années pour des particuliers, des collectivités ou des paysagistes qu’elle commercialise environ 5 euros/plant.
La liste des essences classiques qui peuvent être intégrées à la marque Végétal local commence à s’étoffer : charmille, tilleul à grandes ou petites feuilles, noisetier, troène champêtre, érable champêtre, chêne vert, olivier sauvage, viorne tin etc.
Interrogés sur le libellé des marchés publics, les spécialistes préconisent d’inscrire dans les appels d’offres les critères qui définissent la marque et d’exiger des végétaux issus de conditions pédoclimatiques similaires à là où ils vont être plantés.

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