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Des robots de culture efficaces et sécurisés

Destinés à remplacer l’agriculteur dans ses tâches les plus répétitives, fatigantes et chronophages, les robots de culture se développent aujourd’hui à vitesse grand V. Quels avantages, quels inconvénients ? Tour d’horizon avec des fabricants et des utilisateurs engagés dans cette révolution.

Des robots de culture efficaces et sécurisés
Le robot Oz, 150 kg, est le plus petit de la gamme proposée par Naïo Technologies. (Crédit : Christophe Ledoux)

Désherbage, culture en planche, viticulture… les robots agricoles développés depuis quelques années s’adaptent à des missions toujours plus variées. En France, l’entreprise leader dans le domaine de la robotique agricole au service des cultures est Naïo Technologies. Basée à Escalquens près de Toulouse où est organisé depuis 2017 le Forum international de la robotique agricole, la société propose une gamme de trois robots. « Oz est un petit robot de désherbage de 150 kg qui convient parfaitement aux maraîchers ou aux producteurs de semences car il permet d’obtenir des tracés très droits et de porter des charges lourdes. Pour les agriculteurs ayant plus de surfaces et faisant de la culture en planche, le robot Dino, qui pèse 1,2 t, est plus adapté. Le troisième robot de la gamme, Ted, 1,8 t, est arrivé en 2018. Il a été pensé pour la viticulture et est capable de désherber et de travailler les sols même dans des pentes importantes », explique Anouck Lefebvre de la société Naïo.

8 à 10 h d’autonomie

Créée en 2017, la Cuma des Marais basée à Loriol (Drôme) n’a pas hésité à débourser plus de 23 000 euros pour s’offrir le robot Oz de chez Naïo. Un montant auquel s’ajoute l’abonnement annuel au GPS de guidage RTK chiffré à 2 000 euros. S’intégrant dans le volet transition agroécologique du plan de relance, cet investissement sera subventionné à 40 % par l’Etat. Thomas Rosier, jeune maraîcher de 21 ans, a eu la chance d’essayer ce robot pendant six mois. « Après avoir positionné un GPS sur mon tracteur, j’ai pu obtenir une carte de l’exploitation que nous avons entrée dans la mémoire du robot. Ensuite, il n’y avait plus qu’à le laisser désherber et ouvrir des sillons pour nous permettre de semer les graines. Le robot a une autonomie de 8 à 10 h. Il est relié à une application mobile : s’il tombe ou reste embourbé, l’utilisateur reçoit une alerte sur son smartphone. Pour que son fonctionnement soit optimal, il a besoin d’un terrain bien préparé et de passages plus réguliers » raconte-t-il.

Des robots disponibles à la location

A l’image de la Cuma des Marais, la coopérative Oxyane qui se déploie sur l’ancienne région Rhône-Alpes et le Jura a investi dans un robot Oz de chez Naïo. Depuis peu, Oxyane a mis en place un service de location à la journée, à la semaine ou au mois pour tester le robot. Comptez par exemple 400 euros pour la location de 24 h. « Ce service est destiné à des maraîchers proches d’un investissement qui peuvent profiter de cette phase pour s’assurer que cette solution correspond bien à leurs besoins avant d’enclencher un achat », explique Damien Ferrand, responsable du développement agricole chez Oxyane. Une prestation de service amenée à se développer et qui pourrait se révéler d’autant plus utile pour des robots nécessitant des investissements plus importants. Pour les modèles Dino et Ted de chez Naïo par exemple, il faut compter respectivement 100 000 et 150 000 euros.

Une sécurité garantie

Détection par caméra, balayage par laser Lidar, bumpers devant les roues avec arrêt au moindre contact : la sécurité n’est pas laissée au hasard. Chez Meropy, une société française développant des robots d’observation des cultures, elle se conjugue avec un autre argument : le poids. Pesant moins de 15 kg, le robot SentiV se révèle en effet moins dangereux par nature que les robots Naïo qui lui rendent quelques kilos. Comme eux, il suffit de lui indiquer les contours de la parcelle dans laquelle il doit travailler avant de le laisser fonctionner en autonomie. Grâce à une autonomie de 20 ha et un système de roues en rayon lui permettant d’enjamber la végétation, il se révèle tout terrain tout en exerçant une pression au sol inférieure à un pied humain. Equipé d’une caméra, ce robot vendu 10 000 euros relève à la fois les besoins azotés et la présence de bioagresseurs. « Entre les robots d’observation et les robots d’intervention, nous pouvons totalement être complémentaires. Nos concurrents les plus sérieux sont aux Etats-Unis mais nous avons les moyens en France de compter parmi les leaders mondiaux », affirme le co-fondateur de Meropy, William Guitton.

Pierre Garcia