Vie d’entreprise
Les Rencontres économiques portées par le Medef Isère et le Crédit agricole Sud-Rhône-Alpes prônent plus de sport au travail
Dans le prolongement des Jeux olympiques, le Medef Isère et le Crédit agricole Sud-Rhône-Alpes ont placé leurs dernières Rencontres économiques sous le signe du sport. S’appuyant sur le témoignage de trois sportifs et deux dirigeants, ils ont évoqué sa place et son potentiel inexploité dans les entreprises.

Le bel engouement suscité par les Jeux olympiques de Paris cet été ne faiblit pas. Dans la continuité de cet évènement qui a fait vibrer l’ensemble de la population, le Medef Isère et le Crédit agricole Sud-Rhône-Alpes ont profité de la 13e édition de leurs Rencontres économiques, organisées le 21 janvier à Grenoble, pour s’interroger sur la place du sport dans les entreprises.
La présence et les propos de Thibaut Collet, perchiste qui a participé aux JO de Paris, Vincent Boury, pongiste handisport médaillé d’or aux jeux paralympiques de Pékin, et Léa Champon, capitaine des Amazones du FCG rugby, ont mis en évidence les bénéfices du sport en matière de bien-être, de vivre-ensemble et de cohésion des équipes.
Résilience et force mentale
Des moments de joie et d’intense émotion, mais aussi de grandes déceptions, ainsi qu’un quotidien exigeant et inconfortable financièrement, tel est ce qui résume les témoignages de ces sportifs. Bien qu’ils évoluent -ou ont évolué- au plus haut niveau mondial, ils ne bénéficient pas de la même lumière, ni des mêmes avantages que d’autres, en particulier les footballeurs.
Léa Champon, Thibaut Collet et Vincent Boury ont tenu un discours empreint de sincérité aux entrepreneurs présents. Sans filtre, ils ont évoqué leurs réussites. Léa Champon a joué pour l’équipe de France de rugby et elle a battu celle de Nouvelle-Zélande. Thibaut Collet a battu le record de son père avec un saut à 5,95 mètres. Vincent Boury a joué une demi-finale « parfaite » lors des Jeux de Pékin.
Avec autant de transparence, le perchiste et le pongiste (1) ont raconté les contre-performances qui ont aussi marqué leur vie. Avouant qu’il est encore difficile d’en parler, Thibaut Collet a expliqué comment après avoir réalisé la troisième performance de l’année, alors qu’il était « dans la forme de sa vie », il est passé à côté de ses jeux cet été. « C’est très dur, mais cela fait partie de l’apprentissage. Et cela me donne une grande envie de vengeance », explique le sportif.
Quant à Vincent Boury, ce sont les Jeux olympiques d’Athènes qui lui laissent son pire souvenir. Au moment où il était numéro un mondial, où il avait réalisé la meilleure préparation qui soit, il a perdu la demi-finale et la petite finale, finissant au pied du podium. « Cela s’est joué à rien, mais j’ai perdu. Et cela a été terrible. Quand on est compétiteur, on ne se déplace pas pour participer », raconte-t-il. Leurs propos ont révélé toute la résilience et la force mentale dont ils font preuve face à l’échec.
Quotidien exigeant et semaines chargées
Animés par leur passion pour leur sport, aucun d’eux ne se plaint. Mais ils expliquent que leur quotidien est exigeant, en termes d’entraînement et d’investissement personnel, et compliqué financièrement. Récemment Thibaut Collet a mis un terme à son travail à la SNCF pour se consacrer pleinement à la perche. Il reconnaît avoir la chance de toucher des revenus de la Fédération française d’athlétisme à hauteur de 1 000 – 1 200 euros par mois, mais il estime toutefois avoir pris un risque. « Je me donne dix ans pour transformer ma vie en rêve. » D’autant qu’il a constitué une équipe autour de lui, composée de professionnels et de bénévoles (2) pour l’aider à atteindre ses objectifs.
Les semaines de Léa Champon aussi sont bien chargées, entre la pratique de son sport et ses études. Le sport féminin étant encore en quête de reconnaissance et de moyens, elle ne profite d’aucune rémunération, ni même de défraiement. Elle doit donc dès maintenant préparer sa reconversion en se formant à un autre métier, car elle sait très bien que « ce n'est pas le rugby qui la fera vivre ». Si elle reconnaît que les garçons amènent plus de spectateurs dans les stades et plus de sponsors, elle déplore qu’à niveau égal, ils soient mieux rémunérés.
Evoquant le handisport, Vincent Boury fait part de sa déception quant à l’héritage des Jeux de Paris. Espérant qu’ils permettraient une amélioration de l’accessibilité des personnes en situation de handicap ainsi qu’une revalorisation des perceptions, il constate que pendant les jeux, les commentaires et l’ambiance avaient laissé présager des jours meilleurs. « Mais le soufflé est retombé. Il y a encore beaucoup à faire », soupire le champion.
Le sport favorise l'équilibre entre vie professionnelle et personnelle
Forts de leur expérience, les sportifs sont enthousiastes à l’idée que le sport pénètre davantage le milieu de l’entreprise. Qu’il s’agisse de mettre en œuvre des emplois du temps adaptés aux collaborateurs touchant le haut niveau ou de permettre au plus grand nombre des pratiques régulières ou occasionnelles.
Considérant qu’il n’y a pas assez de sport à l’école, Vincent Boury, par ailleurs ancien ingénieur informaticien chez Hewlett-Packard, pense qu’il serait bénéfique que les entreprises prennent le relais. « Cela favoriserait l’équilibre professionnel et personnel. D’autant qu’il y a de nombreuses similitudes entre les milieux du sport et du travail. Pour les deux, la recherche de performance est permanente », avance-t-il.
Jean-François Valente, directeur du site de Grenoble et de la région Est chez Capgemini, entreprise de services du numérique française, considère que les valeurs présentes dans le sport ont toute leur place en entreprise. « Il est vecteur de cohésion, d’esprit d’équipe. On ne gagne pas ou on ne perd pas seul. On est toujours en équipe. Le sport permet de les fédérer. On le constate, les collaborateurs sont plus performants quand ils pratiquent une activité physique, quand ils ont leur équilibre. Quand les salariés se font plaisir, il n’y a pas de burn-out », insiste le manager.
Selon Sophie Raimbault-Mutel, de l’association Sport dans la ville, qui favorise l’insertion des jeunes issus de quartiers prioritaires par le sport, « on commence par créer un stade, et ensuite on travaille sur les valeurs telles que la discipline, la rigueur, le travail en équipe. Tout cela est vecteur d’inclusion et contribue à faire émerger de nouvelles compétences », analyse-t-elle.
Concluant la rencontre, Pierre Fort, le directeur général du Crédit agricole Sud-Rhône-Alpes, s’est montré conquis. Rappelant les partenariats que la banque a noués avec des sportifs, des clubs, et des évènements, il souligne que « le sport contribue à une meilleure santé, un meilleur bien-être et même à réduire l’absentéisme ».
Isabelle Brenguier
(1) Encore en début de carrière, Léa Champon n’a pas connu de grands moments difficiles sur le plan sportif.
(2) Entraîneurs, agent, manager, kinésithérapeute, nutritionniste

Petites perspectives
Economiste et maître de conférences à Sciences Po Paris, Anthony Benhamou a profité des Rencontres économiques du Medef Isère et du Crédit agricole Sud-Rhône-Alpes pour revenir sur la conjoncture économique.
« La conjoncture économique est compliquée, lance Anthony Benhamou, économiste et maître de conférences à Sciences Po Paris, à l’occasion des Rencontres économiques du Medef Isère et du Crédit agricole Sud-Rhône-Alpes, qui se sont tenues le 21 janvier à Grenoble. Bien que la croissance ait été au rendez-vous en 2024, on constate aujourd’hui que ses moteurs sont à l’arrêt. Les carnets de commandes sont loin d’être remplis. Les recrutements sont difficiles. Et les consommateurs ont une crise de confiance qui les incite à adopter des comportements d’épargne ».
Dette insoutenable
S’agissant des perspectives pour 2025, l’économiste annonce « certainement un ralentissement de l’économie française ». En cause notamment, l’inflation qui a conduit la Banque centrale européenne à une augmentation inédite et rapide de ses taux d’intérêt et un déficit public qui augmente d’année en année.
« Ce dérapage créé par cette accumulation de déficits est propre à la France. La crise du covid a bien augmenté notre dette publique. Nous avons dépensé sans compter pour espérer des résultats, qui finalement, ne sont pas au rendez-vous, détaille Anthony Benhamou. Ce ne serait pas si grave si cette dette créait de la croissance. Mais ce n’est pas le cas. Aujourd’hui, cette dette n’est clairement pas soutenable ».
Pour l’économiste, il convient d’être attentifs aux appréciations des agences de notation. Evoquant la réforme des retraites, il estime que si elle était suspendue, cela créerait un emballement de leur part, et certainement un impact fort sur les marchés publics.
IB