Stratégie
Faire rayonner l'agneau isérois

Morgane Poulet
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L’assemblée générale de l’association des viandes agropastorales, tenue à Saint-Just-de-Claix le 27 février, a fait état des voies de commercialisation possibles pour ses agneaux.

Faire rayonner l'agneau isérois
Les éleveurs de l'association des viandes agro-pastorales se sont réunis le 27 février pour réfléchir à la commercialisation de leurs produits.

« Le contexte est un peu difficile pour nous en ce moment, explique Roland Bouvier, co-président de l’association des viandes agropastorales, mais il faut être optimiste, il n’y a pas de raison que nous ne nous en sortions pas ». Lors de leur assemblée générale, qui s’est tenue à Saint-Just-de-Claix le 27 février, les éleveurs ont réfléchi ensemble à des voies de commercialisation possibles de leurs agneaux.
Cette réflexion est issue d’un constat : l’année 2023 a marqué un léger recul des ventes d’agneaux par rapport à 2022, qui a constitué « une très bonne année », expliquent les éleveurs. En effet, 1 400 agneaux ont été vendus l’an dernier contre 1 485 en 2022. La période de Pâques a tout de même été plus anticipée et les clients ont été « plus fournis car nous avions plus d’agneaux à ce moment », précise Roland Bouvier. Et d’ajouter que les difficultés se sont plutôt fait ressentir en fin d’année, « car un de nos clients a choisi de ne plus prendre d’agneaux chez nous et nous avons rencontré des problèmes avec un boucher qui était absent pendant une période donnée ». Globalement, « si nous avions eu assez d’agneaux toute l’année, nous aurions largement été au même niveau de vente qu’en 2022 », ajoute le co-président.
 
Nouvelles gammes
 
Céline Royer, commerciale au Pôle agroalimentaire (PAA) de l’Isère, explique que par l’intermédiaire de six clients, 824 agneaux ont été vendus « avec un poids moyen de 23,5 kg pour les gros et de 13,3 kg pour les petits, fixant la moyenne à 18,8kg ». Cette année, le PAA ajoute avoir toujours six clients. Le poids moyen pour l’instant est de 19,1 kg, avec une moyenne située à 21,98 kg pour les plus gros et à 6,2 kg pour les plus petits.
« Nous avons testé la commercialisation de la viande sous vide avec trois agneaux », ajoute la commerciale. Les retours ont été bons, car « les consommateurs sont demandeurs de viande locale en libre-service », avance-t-elle. Les éleveurs confirment que lors d’un événement de promotion de leur viande en GMS, « les clients ont acheté sans regarder le prix, mais plutôt en s’enquérant de la provenance ». La commercialisation sous-vide pourrait donc constituer un projet de développement intéressant.
D’autres avancent que pour l’été, il pourrait être intéressant de mettre à disposition de la clientèle des merguez de brebis, et ce de mai à septembre. « Il faut aussi penser à retravailler les étiquettes pour bien mettre en valeur le fait que les viandes agropastorales sont iséroises », ajoute Céline Royer.
 
Conquérir de nouvelles tables
 
Pour Roland Bouvier, le travail avec la restauration collective, et plus précisément avec les cantines scolaires, pourrait constituer une ouverture pour les viandes agropastorales. Un essai est actuellement mené avec la cantine de Theys, qui achèterait environ 35 kg de viande à l’association.
Dans le même élan, la communauté de communes du Grésivaudan a pour projet de créer un collectif de cantiniers « qui se partageraient des recettes et des idées de produits locaux à utiliser », ajoute le co-président. En cas de surplus de produit, l’association des viandes agropastorales pourraient faire des tests avec les cantiniers en vendant ce surplus. « Selon les retours que nous aurons, nous pourrons établir une feuille de route pour s’organiser avec les cantiniers, c’est-à-dire pour voir qui commanderait chez qui ou encore qui serait l’intermédiaire, ajoute Roland Bouvier. Il faudra se mettre en relation avec ce collectif, d’autant plus que le projet alimenterait des écoles et des EHPAD ».
 
Pour quelle valorisation
 
Autant d’idées de commercialisation qui doivent être valorisées par des certifications, relèvent les éleveurs. La viande de l’association est agréée par la marque IsHere, qui, en 2022, a fait le choix de la certification HVE pour les produits vendus sous son égide. Cela court jusqu’en 2025 « et il faut dorénavant réfléchir à une reconduction », explique la Chambre d’agriculture de l’Isère.
Problème pour les éleveurs : cette certification ne valorise pour eux pas suffisamment leurs pratiques, mais plutôt celles des cultures. « Être en HVE nous coûte cher, et en plus de ça, le crédit d’impôt de 2500 euros que nous avons eu en 2022 ne sera pas renouvelé en 2025, remarquent certains. Il faudrait que nous trouvions une certification qui valorise les produits locaux et les circuits courts ».
Des réflexions encore à mener sur le sujet, donc, d’autant plus qu’en cas de développement dans le secteur des cantines scolaires et de la restauration collective, la certification HVE est obligatoire vis-à-vis de la loi Egalim.

Morgane Poulet

Bon poids, bon oeil

En 2023, 75 % des agneaux élevés par les membres de l’association pesaient entre 14 et 20 kg à l’abattage. Seuls 50 agneaux pesaient moins de 14 kg et 735 pesaient entre 17 et 20 kg. La moyenne du poids à l’abattage était de 18,4 kg.