Filière ovine
Prémices à la valorisation de la laine
Au cours de son assemblée générale, tenue à Saint-Siméon-de-Bressieux le 6 mars, l’Association des éleveurs ovins de l’Isère a évoqué des pistes de valorisation de la laine.
Au cours de l’assemblée générale de l’Association des éleveurs ovins de l’Isère, qui s’est déroulée à Saint-Siméon-de-Bressieux le 6 mars, certaines interrogations ont été soulevées, et notamment celle de la valorisation de la laine. Actuellement, peu de travaux permettent de trouver des solutions concrètes, « ne serait-ce que pour couvrir les frais liés à la tonte », précise Catherine Venineaux, conseillère technique à la Chambre d’agriculture de l’Isère.
La règlementation européenne ne prévoit aujourd’hui pas d’autorisation pour utiliser la laine comme matière organique1, mais les éleveurs étant demandeurs de solutions pour se débarrasser de leurs stocks, certaines structures commencent à faire des tests pour voir dans quelle mesure ce matériau pourrait être valorisé.
La Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques a ainsi étudié la question de la pertinence de l’utilisation de la laine ovine dans le compostage et en granulés fertilisants.
Répondre à des besoins
Jean Beudou, conseiller technique à la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, explique avoir mené une étude pour, à terme, éventuellement « développer des prototypes de produits à base de laine de brebis laitières de races locales tout en favorisant la coopération entre institutions publiques, PME et autres entités représentants les éleveurs ». De septembre 2019 à mai 2022, un projet a donc eu lieu dans ce département ainsi que dans les pays basques espagnols, qui comprennent un nombre important de brebis laitières de races locales (basco-béarnaises, manech tête rousse, manech tête noire, laxta…) et donc de laine : respectivement 1000 tonnes et 600 tonnes.
L’étude répond avant tout à une demande des éleveurs, car depuis 2016, des marchés historiques, comme ceux de la Chine et du Maghreb, ont fermé leurs portes, le nombre de tapis réalisés ayant été réduits en raison d’une baisse générale des ventes. Qui plus est, la laine de ces brebis, jugée jareuse, grossière et de manière générale de mauvaise qualité, ne permet pas une valorisation en textile. A titre d’exemple, dans les Pyrénées-Atlantiques, plus de 75 % de la laine produite n’est pas valorisée et aucune solution n’est donnée aux éleveurs pour se débarrasser de leurs stocks.
Fertilisation
C’est pourquoi, même si cela n’est pas encore autorisé, que la voie de la fertilisation a été étudiée. Il s’agirait en effet d’une solution qui pourrait absorber des volumes importants de matière laineuse tout en ne demandant pas de lavage préalable. Sous forme de compost, cela permettrait même aux éleveurs de valoriser la laine directement à la ferme.
Aujourd’hui, la règlementation européenne encadre strictement la fertilisation. Il faut que la taille maximale des particules à l’entrée d’un réacteur de compostage soit de 12 mm, que la température minimale des matières soit de 70 °C et que la durée minimale sans interruption soit de 60 minutes. Ou bien une autorité compétente peut décider d’autoriser l’utilisation d’autres paramètres si le demandeur apporte la preuve qu’ils garantissent une diminution adéquate des risques biologiques, notamment en ce qui concerne la diffusion de maladies comme la salmonellose ou l’Escherichia coli. Chaque lieu de compostage doit en tout cas bénéficier d’un agrément sanitaire, étant donné que la laine est un sous-produit animal, et d’un dépôt de dossier ICPE.
Des résultats encourageants
L’étude menée par la Chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques a montré des résultats plutôt positifs. En termes de faisabilité, il n’est pas nécessaire de couper la laine avant de la placer dans le fumier. Il n’est pas non plus nécessaire de les mélanger.
Pour optimiser le compostage, se servir de fumiers plus secs et plus pailleux peut être une solution, tout comme le fait de privilégier le compostage en période pré-estivale ou estivale.
Transformer la laine brute en granulés peut également constituer une solution aux stocks de laine dans les exploitations, mais « nous n’avons que 7 tonnes de laine par an », remarque Jean-François Gourdain, président de l’Association des éleveurs ovins de l’Isère, ce qui n’est pas suffisant, même si les granulés présentent l’avantage de contenir de l’azote en diffusion lente, ce qui est utile pour certaines cultures.
Morgane Poulet
1 La transformation de la laine en fertilisants est règlementé : règlements UE n°1069/2009 et n°142/2011. Actuellement, le paillage avec de la laine brute, le compostage de la laine brute et la fabrication de fertilisants avec de la laine brute sont interdits.
Plan de filière régional ovin
Il existe des aides directes ainsi que des aides à l’accompagnement technique.
Les premières aident à l’investissement dans du petit matériel concernant la contention, le tri, la pesée des agneaux, la distribution des aliments, des fourrages, la gestion des troupeaux - bâton de lecture électronique par exemple ou encore le réaménagement des bâtiments pour les entrées d’air, le transport des animaux et la prise en charge d’outils numériques en élevage, comme les colliers GPS.
L’investissement doit être compris entre 3 000 et 10 000 euros pour une aide à hauteur de 30 %, qui n’est pas cumulable avec d’autres aides. Le dépôt des dossiers se fait sur le portail des aides de la Région.
En ce qui concerne l’aide à l’achat de cheptel (agnelles et béliers), il faut signer un contrat de quatre ans avec un organisme de sélection, une coopérative ou un sélectionneur, pour un achat de 20 agnelles par an au minimum et d’un bélier par an au minimum.
Pour plus d’informations, contacter Catherine Venineaux, conseillère technique à la Chambre d’agriculture de l’Isère : 06 81 44 95 42 ou [email protected]