Il existe un marché de la viande chevaline issue des races de trait. La section équine d’Interbev est à l’initiative d’opérations de promotion avec la restauration commerciale. D’autres suivront avec les circuits de distribution pour relancer la filière.
« Nous voulons remettre la production française de chevaux sur les rails », déclare Guy Arestier, le président de la section équine d’Interbev et lui-même éleveur de chevaux de trait dans le Lot. Viande populaire à l’origine (elle était beaucoup moins chère que le bœuf), la viande de cheval a quasiment disparu des tables françaises et la filière avec. Seuls 5 % des Français consomment de la viande de cheval, mais une étude réalisée par l’Institut français du cheval et de l’équitation (IFCE) et l’Inrae évalue à 15 % de la population française le potentiel de consommateurs. Ils n’en achètent plus car les grandes surfaces n’en proposent pas et les circuits traditionnels (les marchands forains et les boucheries hippophagiques) disparaissent. Ce que les Français consomment notamment dans les principales zones de chalandise que sont le Nord de la France et l’Ile-de-France, ce sont des animaux de réforme généralement importés d’Argentine et d’Uruguay. Leur viande est beaucoup plus foncée et correspond aux attentes des Français. Les poulains produits en France dont la viande est beaucoup plus claire sont généralement exportés avant l’âge d’un an en Italie, en Espagne et même au Japon. « Notre objectif est d’engraisser les animaux jusqu’à 18-24 mois avant de les abattre, ce qui permettrait de leur donner de la valeur et qui plus est correspond mieux au marché français », estime Guy Arestier. Et ce d’autant plus que « le cheval présente des atouts en terme environnemental, via l’entretien des herbages, la réduction des émissions de CO2 et la préservation de la biodiversité », poursuit-il.
Qualités nutritives
Alain Fontaine, maître restaurateur et patron du restaurant Le Mesturet à Paris en est convaincu. Pendant une semaine, il a mis le cheval à sa carte et envisage désormais de le faire régulièrement. Et de rappeler ses souvenirs d’enfance, quand sa mère lui servait du cheval deux fois par semaine jusqu’à ses 14 ans, sur les conseils de son médecin, pour combattre sa constitution chétive. « Je ne me retenais pas de la faire déguster, j’avais ça en tête depuis plus de vingt ans », assure-t-il aujourd’hui. Sa rencontre avec Interbev lui a permis de concrétiser son projet. « On peut manger de la viande de cheval tous les jours. Elle est riche en calcium et en fer et pauvre en lipides, contrairement au bœuf. Tout ce qu’on fait avec le bœuf, on peut le faire avec le cheval », insiste-t-il. « Il y a des filières qui méritent d’être remise au goût du jour, le cheval en fait partie. Nous avons aujourd’hui des races de chevaux à l’abandon, peut-on se permettre de les laisser disparaître ? » s’interroge-t-il. « Elles font partie de l’ADN de notre agriculture et ne serait-il pas souhaitable de consommer ces chevaux plutôt que de les laisser croupir au fond d’une écurie et de les envoyer à l’équarrissage pour en faire des farines animales ? » Et d’observer que le Japon où la consommation de viande de cheval est régulière affiche la plus forte proportion de centenaires au monde. La viande de cheval, gage de longévité ?