En congrès à Nantes
Légumes de France veut relever le défi de la souveraineté alimentaire

L’enjeu de la souveraineté alimentaire était au cœur des débats du 64ème Congrès de Légumes de France qui s’est tenu les 9 et 10 décembre à Nantes.

Légumes de France veut relever le défi de la souveraineté alimentaire
Cyril Pogu, vice-président, a lu le discours de Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, absent pur raison de santé. (Photo : Légumes de France)


Les producteurs de légumes sont particulièrement bien placés pour mesurer le chemin à parcourir pour reconquérir la souveraineté alimentaire.
Les surfaces de productions de légumes frais sont en recul constant. Elles sont passées de 270 000 hectares en 2000 à 210 000 hectares en 2020.
Conséquence : un légume frais sur deux est importé. « La crise sanitaire a remis la sécurité alimentaire au devant de la scène, c’est un signal positif », remarque Joël Limouzin, membre du bureau de la FNSEA qui représentait Christiane Lambert. « Mais l’agriculture se trouve confrontée à des politiques publiques française et européenne qui suscitent bien des incertitudes », poursuit-il. Et de citer « l’excès de sur-transposition, les ZNT, le retrait des molécules,… ».
Une situation qui a été résumée en d’autres termes par la géographe Sylvie Brunel au cours d’une table ronde : « La France ne sait pas quoi inventer pour pourrir la vie de ceux qui la nourrissent ». Face à ces difficultés, « nous devons répondre par la valorisation de nos productions, par la valorisation de l’origine France ».    
 

« Arrêter de charger la barque » 

C’est notamment le but de la loi Egalim2. « La loi est votée. Désormais, la balle est dans notre camp. Elle doit nous permettre de construire le prix à partir du producteur, en se basant sur des indices de coûts de production défini au sein de nos interprofessions ». C’est Cyril Pogu, vice-président, qui a lu le discours de Jacques Rouchaussé, président de Légumes de France, absent pour raison de santé.
Il a rappelé l’objectif de faire monter l’origine France à 60 % dans le panier de légumes frais des Français dans quelques années. Il demande à l’Etat de soutenir les producteurs, il ne le regrettera pas.
« Chaque euro investi par l’Etat dans notre filière est récupéré en moins de 19 mois » notamment grâce aux emplois créés rappelle-t-il. Mais le soutien est faible. Le président a regretté qu’il n’y ait pas, dans le plan de relance, de fléchage direct vers les fruits et légumes frais en dehors de 17 millions d’euros pour les jardins partagés.
« Si on veut augmenter notre capacité de production, il faut arrêter de charger la barque, sinon elle va sombrer ». Il fait notamment allusion à la loi sur l’économie circulaire (loi Agec) qui interdit les emballages plastiques pour une partie des fruits et légumes. « Cette décision non concertée est injuste alors que nos produits sont distribués en vrac à 70 % et que notre filière ne représente que 1,5 % des plastiques alimentaires ».
Jacques Rouchaussé est évidemment revenu sur les nombreuses impasses techniques (suppression de molécules, etc.) que doivent affronter les producteurs. « Nous demandons l’harmonisation européenne sur le plan sanitaire et social ». 

Ré-autoriser le Basamid 

Légumes de France soutient par ailleurs l’engagement de la France dans l’adoption de clauses miroirs par l’Union européenne.
Enfin, le président s’est adressé au ministre de l’Agriculture au sujet de la flambée du prix de l’énergie : « Je vous demande d’appliquer le ‘quoi qu’il en coute’ à notre secteur car nous ne pouvons pas répercuter cette hausse sur le produit final ».
« La filière légumes doit faire face au défi majeur de regagner en souveraineté », a reconnu Julien Denormandie, intervenant en direct et en vidéo. Il a annoncé une mesure attendue par les maraîchers, et notamment les Nantais : initialement interdits par la loi Agec, les élastiques seront « tolérés » pour le bottelage du radis (très importante production nantaise), de la carotte fane ou des herbes aromatiques.
Sur les interdictions de molécules, le ministre se dit prêt à ré-autoriser le Basamid, un désinfectant du sol utilisé en culture de fraise. Le ministère « est en fin de discussion avec l’Anses » sur ce sujet a-t-il précisé. Il souhaite que les conditions d’utilisation de ce produit soit les mêmes qu’en Belgique et en Grèce.
Sur le plan de relance, le ministre estime que la filière a obtenu, en plus des 17 millions d’euros cités, d’autres financements : 40 millions d’euros au titre de la modernisation des outils de production, et 19 millions d’euros pour la structuration des filières. Enfin, la dotation de 4,69 millions d’euros du CTIFL, dont la pérennité était en question, est maintenue.