Réchauffement climatique
Vers des mutations de population

Morgane Poulet
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Le Conseil scientifique de Grenoble Capitale Verte Européenne 2022 prévoit une augmentation des « déplacés climatiques » liée au réchauffement climatique.

Vers des mutations de population
Le réchauffement climatique fait émerger la figure du « déplacé climatique » depuis plusieurs années.

Le réchauffement climatique est à l'origine de plus en plus de « déplacés climatiques ». C'est le constat dressé par le Conseil scientifique, le 27 janvier, lors de sa conférence intitulée « Inégaux face au changement climatique ».

L'agriculture touchée

Avant de toucher les hommes, les bouleversements climatiques ont des conséquences sur l’agriculture. Le principal impact qui touche la planète est l’augmentation des températures diurnes et nocturnes. A l'avenir, des régions pourraient devenir cultivables, comme le nord de la Russie, au détriment d’autres, comme celles situées dans des zones tropicales.
Les agriculteurs de régions devenues moins exploitables verraient alors leur capacité de production diminuer. « Cela reviendrait à diviser leur main-d’œuvre par deux », explique Thierry Lebel, directeur de recherches à l’Institut des géosciences de l’environnement et à l’Institut de recherches pour le développement. Néanmoins, « les pays riches s’adapteraient mieux car ils possèdent déjà de meilleures capacités de production que les pays les moins riches », précise-t-il. Ces changements de climat poussent alors certains à migrer.

Des déplacements humains différents

Depuis plusieurs années la figure du « déplacé climatique » émerge dans les discours. Elle dernière désigne tout individu contraint de quitter son lieu de vie pour un autre en raison de dégradations climatiques. Il n’existe néanmoins pas de définition juridique car « établir une définition précise signifierait que l’on reconnaît ce phénomène et que l’on peut protéger ces personnes », explique Sabine Lavorel, maître de conférence en droit public.
« La grande majorité ne franchit pas les frontières de son pays car il s’agit souvent de personnes pauvres », ajoute-t-elle. « De plus, on migre généralement vers des communautés dont on connaît la langue et les coutumes. »
Dorénavant, les déplacements humains liés à l’environnement sont plus nombreux que ceux liés aux conflits. Les Etats ne s’accordent pourtant pas sur une protection juridique internationale. Il n’y a donc par exemple pas de visa climatique en place, comme la Nouvelle-Zélande y avait songé en 2017.
Dans tous les recours pour le climat, les victimes ne font pas de réclamation pour elles mais désirent que le droit en vigueur évolue en faveur de l'environnement et des populations. Même s’il n’y a pas encore de lois établies en ce sens, « on quitte progressivement le droit autocentré afin qu’il agisse au profit de la nature », constate Sabine Lavorel.

Morgane Poulet