La FDCuma de l’Isère a tenu son assemblée générale à La Côte-Saint-André et met en œuvre les moyens d’assurer le renouvellement de ses adhérents.
Quand les Cuma se mettent en scène et parlent de ce qu’elles vivent de l’intérieur. C’est le résultat du projet de recherche Coagil(1), qui a été présenté le 15 mars dernier, lors de l’assemblée générale de la FDCuma de l'Isère à La Côte-Saint-André.
La Cuma du Biel à Gillonnay a répondu à l’appel à projet pour réaliser six podcasts sur la vie des Cuma.
« L’objectif est d’accompagner le renouvellement des générations dans les collectifs agricoles », explique Emeric Barbier, le président de la FDCuma de l’Isère et de la FRCuma.
Chaque épisode traite d’une question particulière visant à favoriser l’inclusion des nouveaux installés et faciliter la cohabitation entre différentes générations au sein du collectif.
Les adhérents de la Cuma du Biel, Emmanuel Berthier, Thomas Bouget-Lavigne, Claude Boullu, Baptiste Chorier, Denis Clapeyron, Guillaume Noël-Baron, Fréderic Pellet, Corentin Philibert, Alexandre Rabatel, et Alexandre Robin-Brosse se sont prêtés au jeu, interrogés par les étudiants du lycée agricole de La Côte-Saint-André.
Parce que tout le monde n’a pas, par exemple, la même perception d’un travail bien fait en agriculture, il convient d’harmoniser les pratiques ; d’autres sont plus ou moins pointilleux dans la réservation du matériel ou encore « oublient » de mentionner une panne ou la casse d’un engin.
Il est aussi question de la gouvernance des Cuma, lorsque les anciens, « les piliers », laissent leur place. L’enjeu est « de créer des vocations, de donner de l’intérêt pour les nouveaux utilisateurs, afin que la Cuma continue à vivre », témoigne Emmanuel Berthier. Le renouvellement des générations et l’amélioration de la communication sont aussi abordés au cours des épisodes. Ils sont à retrouver sur le site dédié : les podcasts, c'est par là =>
Le projet Coagil est soutenu par le ministère de l’Agriculture et animé par les FRCuma.
L’accompagnement d’un tiers
« Le but de notre engagement est de faire vivre le réseau, de répondre aux questions des Cuma d’aujourd’hui et d’anticiper les besoins de demain », a souligné Emeric Barbier en accueillant la soixantaine de cumistes présents lors de l’assemblée générale.
Le département de l’Isère compte 110 Cuma dont le chiffre d’affaires est en augmentation constante.
La fédération a accueilli de nouveaux entrants à son conseil d’administration, complétant le maillage de son territoire, plus particulièrement au sud.
La FDCuma est très centrée sur les formations et la montée en compétences de ses adhérents. Les thèmes sont variés, de l’engagement en Cuma à la vie des sols en passant par la conduite économique.
Le dispositif phare reste le Dina(2), le conseil stratégique pour l’accompagnement des projets des Cuma.
Certains collectifs en font plusieurs tellement ils en retirent des bénéfices.
Gérer des conflits, des impayés, remettre à plat les statuts après le départ des fondateurs, être en règle, accueillir les nouveaux entrants, les former, créer une banque de travail ou mener un projet de fusion : toutes les étapes de la vie d’une Cuma peuvent être facilitées avec l’accompagnement d’un tiers.
Plan de relance
Cédric Giroux, vice-président de la Cuma du Piémont, a présenté la nouvelle programmation du plan de relance.
Les Cuma bénéficient d’une enveloppe spécifique où tous les matériels à usage agricoles sont éligibles.
En revanche, les taux ont baissé et ne couvrent plus que 30 à 40 % de l’investissement (entre 45 et 65 % auparavant). Sept matériels sont éligibles par programmation. Le plafond est de 350 000 euros et les dossiers sont traités au fil de l’eau.
Lors de la précédente programmation, 17 Cuma ont investi dans 37 matériels pour 1,3 M€ subventionnés à 52 %.
Des achats groupés
Présent à l’assemblée générale, Matthieu Goerhy, le président de la FNCuma a rappelé le fonctionnement de la nouvelle centrale d’achat groupé CamaCuma.
Les matériels sont proposés en vente ou location longue durée.
Il y a actuellement un marché sur les télescopiques et des herses étrilles devraient être proposées en 2023. Des remontées sont enregistrées pour des tracteurs. Peut-être en 2024.
Le président national a aussi évoqué la prochaine loi d’orientation agricole dans laquelle il souhaite la mise en place d’un outil de diagnostic mécanisation pour les jeunes installés non issus du milieu agricole.
Le dispositif Erasmus permettra par ailleurs d’accueillir des personnes en reconversion professionnelle.
Deux autres sujets sont dans les tuyaux : l’ouverture du sociétariat des Cuma aux partenaires non agricoles et la reconnaissance de l’entraide.
Enfin, les cumistes de l’Isère se sont donné rendez-vous le 26 septembre pour leur grande journée inter Cuma, qui se déroulera en Chartreuse sur le thème de la transition agroécologique et la valorisation des prairies naturelles.
Isabelle Doucet
(1) Co-AGIL, vers des collectifs agiles : gouvernance et organisation du travail.
(2) Dina : Dispositif National d'Accompagnement des projets et des initiatives des Cuma
Matthieu Goerhy, nouveau président de la FNCuma
Le nouveau président de la Fédération nationale des Cuma, Matthieu Goerhy, est venu à la rencontre des Isérois.
Le quadragénaire est éleveur laitier en Alsace. Il admet avoir eu très tôt la fibre collective. Son parcours a été rapide et cohérent : représentant JA à la section Cuma Alsace en 2012 ; président de la FRCuma Alsace en 2016 ; administrateur FNCuma en 2017 ; membre du bureau en 2019 et président depuis juin 2022.
« J’ai fait le choix du réseau Cuma car c’est celui qui porte le plus de valeurs et qui a le plus d’avenir, estime le président. Il permet de conserver des exploitations transmissibles car les charges mécaniques plombent les résultats et les successions. »
Matthieu Goerhy a profité de cette rencontre pour faire quelques annonces, notamment le rallongement de l’enveloppe dédié au Dina qui passe à 3 000 euros par projet et voit sa durée allongée.
Il informe aussi qu’il est désormais possible pour les Cuma de financer l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toits de leurs bâtiments, de même que des systèmes d’irrigation.
Le président a également donné sa position quant à l’amortissement de 50 % des subventions d’investissement en Cuma, soulignant l’intérêt de conserver une réserve pour financer des projets sur le long terme et dans un territoire.
L’objectif est d’ « avoir les moyens d’acheter du matériel, pour créer une activité et avoir la possibilité de l’amortir ».
Enfin, le président a présenté les pistes de son projet politique.
Son idée phare est « l’ouverture du monde agricole à la société » afin de « permettre aux citoyens de découvrir l’agriculture autrement ».
Il souhaite aussi engager la digitalisation du magazine Entraide (20 000 abonnés) et annonce l’organisation de deux journées annuelles d’échanges entre les agriculteurs et les partenaires des Cuma.
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