Filière
« Nous devons nous prendre en main »
Afin d’aider les éleveurs caprins à résoudre le problème de l’engraissement des chevreaux, une réunion sera organisée le 18 septembre à la Maison des agriculteurs de Moirans.
Alors qu’Auvergne-Rhône-Alpes est la première région en termes d’éleveurs caprins – il faut compter 1 330 élevages d’au moins vingt chèvres - elle n’est pas épargnée par la baisse de ramassage des chevreaux dans les exploitations. La gestion des jeunes animaux devient alors problématique pour les éleveurs, qui n’ont pas de solution pérenne. Car comme le rappelle Sylvain Bernard, éleveur caprin à Mont-Saint-Martin, « pour que nous puissions faire du fromage, il faut que les chèvres mettent bas afin de produire du lait, mais nous ne pouvons pas garder tous les chevreaux lorsqu’ils naissent, donc nous devons nous prendre en main ».
Afin d’aider les éleveurs caprins du département, l’éleveur, en compagnie de Sophie Thérond, de la Chambre d’agriculture de l’Isère, et de Léna Orhant, animatrice du plan filière régional, organisent une réunion dans les locaux de la Maison des agriculteurs le 18 septembre.
Un cercle vicieux
« Les éleveurs ont deux solutions. La première est d’engraisser leurs chevreaux eux-mêmes et la deuxième est de les faire partir à huit jours vers des centres d’engraissement privés. Mais le problème que nous rencontrons est que ces centres ramassent de moins en moins d’animaux », précise Sylvain Bernard.
La Région Auvergne-Rhône-Alpes a néanmoins pris conscience du problème et a mis au point un plan d’aide à la filière pour cinq ans qui permet de financer l’engraissement à la ferme. Le taux d’aide est de 40 % des dépenses éligibles hors-taxes. Cette année, la date limite pour déposer une demande est le 30 septembre.
Pour l’éleveur, un cercle vicieux se joue dans l’élevage de chevreaux. « La valorisation des centres d’engraissement à un prix bas alors que leurs charges augmentent, ils achètent donc les chevreaux à des prix très faibles aux éleveurs. Et dans le même temps, de moins en moins de ramassages ont lieu car cela ne rapporte pas assez. »
Apporter des solutions
La réunion du 18 septembre permettra donc aux éleveurs caprins d’élaborer des solutions ensemble. « Les éleveurs doivent prendre conscience du fait qu’ils n’ont pas de solution pérenne, ils doivent véritablement prendre la main sur le sujet plutôt que laisser faire les centres », ajoute Sylvain Bernard. Mais il s’agira également de fournir une documentation technico-économique concernant l’engraissement à la ferme.
« Et pour ceux qui ont du mal à se faire ramasser ou qui ne souhaitent pas engraisser, nous proposerons la création d’un groupe qui nous permettra d’agir concrètement », ajoute l’éleveur. Cela pourrait se traduire par la mise en place d’un centre d’engraissement collectif, ou bien encore par la mise en commun de la commercialisation ou l’émergence de pensions d’engraissement. Faciliter la commercialisation grâce à la création de nouveaux outils pourrait aussi constituer une solution au problème. L’objectif de la réunion est véritablement de monter un groupe pour qu’une réflexion collective soit donnée sur le sujet.
Si le groupe est créé, la visite d’un centre d’engraissement au cœur des Savoie sera organisée. Une chance pour les éleveurs caprins qui pourraient alors voir le processus de A à Z, de l’engraissement à la transformation.
Morgane Poulet
La filière caprine régionale en chiffres
. 1 330 élevages d’au moins 20 chèvres, soit 123 000 chèvres
. 14 % du cheptel national
. 1 000 producteurs fermiers
. 330 producteurs livreurs
. 39 millions de litres de lait collectés
. 7,5 % de la collecte nationale
. 35 % de la transformation fermière française de lait de chèvre
. 1ère région fromagère fermière
. 3 fromages AOP (picodon, rigotte de Condrieu, chevrotin)
. 85 000 chevreaux de boucherie par an
. 75 % des élevages sont en zone de montagne