« Mois de la transition alimentaire »
La preuve du « bien manger » par l’exemple lors d'un atelier de cuisine à Barraux
Apprendre à cuisiner un repas « vite fait, bien fait, et pas cher ». Tel était l’objectif de l’atelier proposé à Barraux, mercredi 12 octobre. L’initiative a séduit le public.
Une démonstration. C’est ainsi que Claude Cocquet, bénévole au sein de l’Accorderie * du Haut-Grésivaudan et Cœur de Savoie, a imaginé l’atelier « Cuisiner local et bon, c’est pas cher », organisé à Barraux le 12 octobre, dans le cadre du « Mois de la transition alimentaire ».
« Je veux montrer qu’il est possible de préparer un bon plat à base de produits bios et locaux (hors viande qui présente un coût plus élevé), dans des quantités correctes en moins de 20 minutes, et à moins de deux euros la part. Même lorsqu’on est pressé, il est facile de le faire, cela coûte moins cher et c’est meilleur qu’un plat cuisiné », explique-t-il.
De savoureux repas
Comme rien n’est plus parlant qu’une mise en situation, Claude Cocquet a tout prévu pour apprendre à réaliser cinq plats à toutes les personnes prêtes à se lancer. Il a fait les courses à la ferme biologique Rucat au Touvet, et dans un magasin bio de Pontcharra. Il a élaboré les recettes. Il a formé des bénévoles pour accompagner les apprentis cuistots dans leur préparation. Il a apporté tout le matériel nécessaire pour cuisiner.
Et il a même invité Sébastien Monsonis, le chef maître restaurateur de « La Guinguette » à Barraux, pour valoriser la démarche, et montrer qu’avec des produits très simples, mais de qualité, on peut élaborer de savoureux repas.
La date et le lieu n’ont pas été choisi par hasard. A Barraux, le mercredi matin, les habitants vont au marché, à la bibliothèque et aux activités périscolaires. Si la place des écoles est donc habituellement fréquentée le mercredi matin, ce 12 octobre, elle l’était encore plus.
L’opération, réalisée en partenariat avec la bibliothèque, qui a proposé un atelier de confection de toques et mis à disposition ses bénévoles, et avec les enfants présents à l’Espace jeunes de la commune, fut une vraie réussite. Pour preuves, la quarantaine de participants (qui ont réalisé 37 repas soit environ 150 parts) et la bonne ambiance qui a régné sous le chapiteau dressé pour l’occasion.
Un bon moment
Durant toute la matinée, les cuisiniers en herbe se sont succédés pour préparer un des cinq plats concoctés par Claude Cocquet… et l’emporter gratuitement, puisque l’initiative a bénéficié du soutien de la Communauté de communes du Grésivaudan.
Maman de Paco et Naïm, Anaïs Chalayer a préparé avec eux un poulet coco. Elle a aussi passé un bon moment. « C’est très sympa d’avoir organisé une telle manifestation dans le village. Le temps de cuisine prévu est parfait pour les enfants. Et ce sont des recettes que nous pourrons facilement refaire à la maison », affirme-t-elle, enthousiaste.
Et si on lui demande ce qu’elle pense de l’objectif de valorisation des produits locaux, elle l’assure fermement : « c’est comme ça que nous cuisinons à la maison. S’il n’en avait pas été ainsi, nous ne serions pas venus ».
Consommateurs à encourager
Preuve qu’au fur et à mesure du développement de leur offre, la consommation de ces produits se répand de plus en plus. Mais Claude Cocquet et Sébastien Monsonis en sont convaincus : il faut poursuivre ces initiatives qui contribuent à la transition alimentaire, car de nombreux consommateurs restent encore à encourager à aller dans ce sens.
Et pour cela, tous deux estiment que les enfants peuvent jouer un rôle très important. Ils se sont donc réjouis de les voir si nombreux aux fourneaux. « La cuisine doit être un jeu. On doit prendre du plaisir à confectionner des petits plats. On doit s’amuser. Tous nos sens doivent être mis en éveil », précise Sébastien Monsonis, qui a pris beaucoup de plaisir à quitter le temps de quelques heures sa cuisine pour diriger l’atelier.
« Grâce au Covid, de nombreuses personnes se sont (re)mises à cuisiner. C’est super. Il faut continuer dans cette direction et leur montrer que les bons produits sont chez nous, qu’il n’y a pas besoin de faire des kilomètres pour le trouver », ajoute-t-il.
Durant le « Mois de la transition alimentaire », cette initiative a été conduite dans plusieurs communes de la vallée du Grésivaudan : Allevard, Pontcharra, Le Touvet et Sainte-Marie-d’Alloix.
* L’Accorderie est une association du domaine de l’économie sociale et solidaire qui met en relation ses membres afin qu’ils échangent des heures pour réaliser de menus services. Elle a gracieusement mis à disposition de Terre dauphinoise ses recettes. Vous pourrez les retrouver dans nos colonnes dans les semaines à venir.
Isabelle Brenguier
Retrouvez en vidéo Claude Cocquet de l'Accorderie et Sébastien Monsonis de La Guinguette à Barraux.
Toqué de produits… locaux
Maître restaurateur à « La Guinguette » à Barraux, dans la vallée du Grésivaudan, Sébastien Monsonis, était invité à apporter son « œil de chef et son grain de sel » durant l’atelier « Cuisiner local et bon, c’est pas cher ».
Cuisinier épicurien de longue date, Sébastien Monsonis considère qu’« il n’y a pas de bonne cuisine sans bons produits. Ces produits sont mon plaisir, ma vie. Je suis fier de les retravailler, de dire à mes clients d’où ils viennent, des conditions dans lesquelles ils ont été cultivés, élevés. Les agriculteurs doivent l’être aussi », certifie-t-il.
En quête permanente de ces fameux bons produits, le restaurateur passe beaucoup de temps à lui-même courir la campagne environnante pour les dénicher et réaliser une « cuisine franchouillarde avec les techniques d’aujourd’hui ». Et quand il les trouve, le restaurateur l’assure : « Je ne négocie pas les prix. Je les répercute aux clients et je l’explique. Ces produits ont été élaborés dans les règles de l’art. Ils sont certifiés (bios, HVE ou raisonné). Ils ont nécessité du temps de travail. Ils ont un coût de revient plus important que ceux produits à moindre qualité dans d’autres pays. Il est normal qu’ils soient payés en conséquence. Les agriculteurs aussi doivent vivre. Quant à mon équipe et moi, nous passons également beaucoup de temps à les cuisiner, à les préparer dans leur ensemble pour éviter le gaspillage », précise-t-il.
Produit entier
Car le restaurateur travaille ses produits en entier et les valorise au possible. Il n’achète pas de noix de joue ou de rôti de porc sur catalogue. Il achète le cochon en entier à la ferme, avec les entrecôtes, la cervelle… Et il fait la même chose avec les agneaux ou les veaux. Il veut le produit entier. Certaines pièces sont préparées à l’assiette. Mais d’autres moins nobles sont valorisées en bocaux. Les bocaux sont des plats préparés à emporter, qu’il a imaginés pendant les confinements quand les restaurants étaient fermés. Sébastien Monsonis a continué de les proposer pour justement valoriser l’ensemble de ses produits et permettre l’accès à sa cuisine à un coût plus abordable qu’en salle.
IB