Plan de résilience
Les pros demandent le gel du prix de l’énergie

Isabelle Doucet
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Le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, était en Isère à la rencontre des agriculteurs et des entrepreneurs pour construire le plan de résilience.

En visite en Isère, Gabriel Attal, le porte-parole du Gouvernement, a rencontré le 11 mars les représentants du monde agricole et des entreprises pour préparer le futur plan de résilience économique et social.
Les échanges se sont déroulés aux Œufs de la Bièvre, l’exploitation de Benjamin et Christophe Alex à Pajay.



Les professionnels ont surtout demandé des mesures en faveur de l’allègement des taxes et un gel du coût de l’énergie. Pas sûr qu’ils aient gain de cause.
Le Gouvernement a déjà annoncé pour les particuliers et les professionnels une remise de 15 centimes d'euros du litre de carburant à la pompe et doit rendre sa copie définitive cette semaine.
À l’écoute de pistes et de solutions, le porte-parole a promis que seraient « davantage aidés les secteurs qui en ont le plus besoin ».

Flamblée des prix

C’est Jérôme Crozat, le président de la FDSEA de l’Isère, qui a pris la parole en premier.
« On ne passera pas l’année », a-t-il averti, démontrant que l’augmentation des charges des matières premières et de l’énergie est supérieure à l’excédent brut d’exploitation pour une ferme laitière, mais aussi en production végétale.
Il s’inquiète de l’absence de retour de la loi Egalim 2 et propose la redistribution de la TVA engrangée par l’État sur le GNR et la réduction de la TIPP (taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques).



Bertrand Converso, le président de la FBTP Isère, demande lui aussi le gel du prix du carburant « comme en 1991 lors de la guerre du Golfe ».
Il pointe aussi les recettes fiscales engrangées par l’État avec la hausse du prix du carburant. Il demande également, face à la flambée des prix des matières premières et aux phénomènes de spéculation, la possibilité de renégocier les appels d’offres.
Enfin, le président de la FBTP prédit l’arrêt d’un certain nombre de chantiers, à court de ressources.

« Donnez-nous les moyens de continuer à produire »

Jean-Claude Darlet, le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, a mis en garde le Gouvernement au sujet les aides impossibles à appliquer.
Il cite l’exemple de l’exonération des cotisations sociales suite aux épisodes de gel en Isère, qui sont venues se heurter au mur de minimi.
Il a demandé « qu’on nous redonne les moyens de produire », proposant lui aussi le gel du prix de l’énergie et des matières premières.
Il a également réclamé que le remboursement partiel de la taxe sur le carburant pour les agriculteurs soit le plus rapide, cela pour des raisons de tension sur les trésoreries.

Projet de trituration

Jean-Yves Colomb, le président de la coopérative Oxyane, a rappelé au porte-parole du Gouvernement l’existence du dossier d’unité de trituration, accepté dans le cadre du plan de relance, mais dont il n’a aucune nouvelle. « Cela représente 2 millions d’euros sur un investissement de 5 millions d’euros », a-t-il insisté. Un dossier d'autant bien venu qu'il permet de réduire la dépendance aux protéines végétales.
Quant à Jean-François Charpentier, le président des irrigants de l’Isère, il se demande tout simplement « comment continuer à irriguer alors que le prix de l’électricité a triplé ? Si nous voulons la souveraineté alimentaire, donnez-nous les moyens de continuer à produire », a-t-il lancé.

Baisses des taxes, non jachère, oui

Gabriel Attal lui a répondu que l’État avait mis 20 TWH (térawahttheure) supplémentaires sur le marché à 46 euros le MWh, qui auraient dû avoir un impact sur la facture du fournisseur d’énergie. Le contraire étant anormal.
Quant au prix de l’énergie, il a assuré que l’État ne s’enrichissait pas par les taxes, qui avaient permis de dégager 20 milliards d’euros pour baisser la facture des particuliers.
Il ne s’est pas dit favorable à un abaissement des taxes sur le carburant.
Enfin, interrogé sur la suspension des jachères pour augmenter les capacités de production de la France, il a confirmé que ces mesures spécifiques étaient à la main du ministre de l’Agriculture.

Isabelle Doucet