Faire préférer l’AOC Bois de Chartreuse aux autres matériaux pour développer son utilisation, est le grand défi que doit relever le Comité Interprofessionnel des Bois de Chartreuse.
Faire connaître et développer l’AOC Bois de Chartreuse, tel est le message martelé lors de l’assemblée générale du CIBC (Comité Interprofessionnel des Bois de Chartreuse) tenue le 4 avril dernier, à Saint-Pierre-de-Chartreuse.
« Que ce soit en Isère ou en Savoie, les AOC (Appellation d’origine contrôlée), on connaît. Nous avons la chance d’avoir des territoires qui en sont bien dotés. Mais s’agissant de celle de la filière bois de Chartreuse, la première de France non alimentaire, il va falloir la développer. Sans cela, on risque de la voir décroître », prévient Bernard Michallet, conseiller municipal chargé de la commission forêt à Proveysieux, membre du bureau du Parc naturel régional de Chartreuse.
« C’est toute la chaîne de production, de l’amont à l’aval, qui doit se mobiliser pour atteindre cet objectif », poursuit-il.
Odile Mollard, la présidente du CIBC, est dans le même état d’esprit. Elle indique justement que « l’activité du CIBC au cours de l’année 2023 a été marquée par la recherche de développement de l’AOC, un travail qui s’intègre dans le cadre de la charte forestière de territoire de Chartreuse 2021-2026 et qui prévoit le renforcement de la filière bois et la valorisation du bois local. Les objectifs sont de structurer l’AOC Bois de Chartreuse, d’améliorer la capacité à fournir des bois AOC, de valoriser les sciages et d’améliorer la communication sur ces bois », détaille-t-elle.
Exigences réglementaires
Afin d’aider les maîtres d’ouvrages publics et les maîtres d’œuvres qui souhaitent utiliser des bois AOC dans leurs projets de construction, le CIBC a créé un guide juridique destiné à sécuriser la procédure de marché public ainsi que des Fiches de déclaration environnementale et sanitaire collectives (FDES).
Elles s’appliqueront aux trois principaux produits de construction élaborés à partir de sciages AOC : la charpente traditionnelle en bois massif, les éléments porteurs verticaux ou horizontaux et les murs en ossature bois. « Ces fiches permettront de mieux répondre aux exigences réglementaires de la performance environnementale des bâtiments », souligne Odile Mollard
Demande insuffisante
Pour mieux connaître la production de bois de Chartreuse, le CIBC a réalisé en septembre dernier, un état des lieux. Il a permis de constater qu’il fallait développer la demande, insuffisante par rapport aux capacités de production existantes. C’est ce qui a conduit le comité interprofessionnel à réfléchir à la constitution d’un stock de bois aux dimensions standard.
« L’idée est de permettre aux professionnels de trouver un produit fini pour exécuter leur travail », avance la présidente. Mais la rencontre réalisée entre les responsables de l’interprofession et ceux des quatre scieries qui produisent des bois AOC (1) leur a fait prendre conscience que la constitution d’un stock représentait un coût pour elles.
« Il faut acheter, produire et immobiliser de la place, alors que la demande n’est pas suffisante », indiquent-elles. L’interprofession va donc poursuivre sa réflexion et surtout continuer de travailler sur la communication. Cela se fera grâce à une présence accrue sur les réseaux sociaux, grâce à de multiples participations à des évènements forestiers (2) et grâce aux actions portées par son agence de communication. Le chantier est important. Les enjeux pour la filière et l’environnement le sont tout autant. La préservation du patrimoine paysager, l’utilisation de matériaux renouvelables, la prévention des risques naturels, la santé et le bien-être des habitants et des visiteurs en font partie.
Mais depuis quelques années, les professionnels de la filière constatent des avancées : « Il y a cinq ans, quand on démarrait des projets et qu’on évoquait le Bois de Chartreuse, cela se terminait systématiquement en bois des Alpes. C’est en train de changer. On constate aussi une plus grande sensibilité des élus au local et aux circuits courts » soulignent-ils.
(1) Scierie Nier de Varces-Allières-et-Risset, scierie de Chartreuse à Saint-Laurent-du-Pont, scierie Frison de Saint-Cassien et scierie Sillat de Domène
(2) A la découverte de l’AOC pour les professionnels, la fête de la Chartreuse à Entre-deux-Guiers, les Forestivités, la « faites » des copeaux à Crolles
Isabelle Brenguier
Du bois de Chartreuse dans la Tour Eiffel
Gérant du bureau d’études Ener’Bat à Entremont-le-Vieux, Olivier Rey a profité de l’assemblée générale du CIBC (Comité Interprofessionnel des Bois de Chartreuse) à Saint-Pierre-de-Chartreuse, pour présenter quelques-unes de ses réalisations à base de bois de Chartreuse. Spécialisée dans la conception et la rénovation de bâtiments durables et à faible consommation énergétique, l’entreprise utilise au maximum le bois de Chartreuse.
« Nous travaillons pour les collectivités, les entreprises et les particuliers. Nous privilégions les constructions en bois, les matériaux biosourcés et locaux, ainsi que les énergies renouvelables ». Parmi les réalisations du bureau d’études, Olivier Rey a présenté les écoles maternelle et primaire de Myans, de Barberaz, de Champ-sur-Drac… et la Tour Eiffel. « Car, en effet, dans son pilier nord, là où se trouvent boutiques, bâtiments administratifs et techniques, il y a du bois de Chartreuse », annonce fièrement Olivier Rey.
IB