Production laitière
« Le prix conforme doit devenir la règle »

La section régionale laitière de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes s’est réunie, vendredi 9 juillet, à Aubière dans le Puy-de-Dôme. La déclinaison du prix conforme sur le terrain a largement alimenté les débats.

« Le prix conforme doit devenir la règle »
La production laitière s’est dotée de l’outil prix conforme pour favoriser la mise en place de la loi Egalim. © P.Dureuil Cniel

D’emblée, un point a été fait sur la conjoncture laitière marquée par une augmentation de la collecte cumulée dans les grands bassins mondiaux, en particulier en Nouvelle-Zélande, aux États-Unis qui totalisent à eux seuls la moitié des volumes supplémentaires, et en Europe. Dans ce contexte, quel positionnement pour la France ? La collecte se stabilise en avril 2021 (+ 0,7 % par rapport à avril 2020). Cette reprise s’explique par une hausse de la production dans le Grand Ouest et en Bourgogne-Franche-Comté grâce, en partie, à une mise à l’herbe précoce des animaux avec de bonnes conditions de pousse de l’herbe en début de printemps. Cependant, sur les quatre premiers mois de l’année 2021, la collecte présente une baisse de 1,6 %, phénomène non durable si ont en croit les derniers chiffres de mai et juin. Les cours des produits laitiers industriels sont plutôt stables voire légèrement en hausse ces dernières semaines. Le bilan des exportations françaises sur les quatre premiers mois de l’année 2021 est contrasté : les exportations de poudre de lactosérum et de poudre grasse progressent grâce à la demande chinoise. Les envois de PGC (produits de grande consommation) se portent bien mis à part pour le lait conditionné (- 20 % sur 12 mois glissants). Enfin, en recul depuis le début de l’année, les exports de fromage et de poudre de lait écrémé retrouvent une dynamique en avril 2021 (+ 13 % et + 9 %).

Une ambition assortie d’un outil

Côté consommation, de janvier à mai, les ventes en GMS ont augmenté sur l’ensemble des produits laitiers. Le prix du lait standard conventionnel (38-32 g /l), hors AOP et bio, est en légère hausse en avril 2021 : 330 €/1 000 l (+ 6,70 €/1 000 l par rapport à avril 2020). Mais ce frémissement est loin d’absorber le poids des charges qui s’est envolé ces derniers mois, comme l’a expliqué Stéphane Joandel, président de la section régionale laitière : « Aujourd’hui, l’augmentation du revenu ne compense que partiellement l’augmentation des charges ». Ce décalage démontre encore une fois la nécessité de disposer d’un prix du lait qui prenne en compte réellement les coûts de production. « C’est tout l’enjeu de la loi Egalim 2 qui doit s’appliquer avec des sanctions en cas de non-respect des coûts de production », a insisté l’éleveur de la Loire. De son côté, la filière laitière est en ordre de marche pour offrir des outils pertinents aux éleveurs. Le prix conforme imaginé par la FNPL en est un. « Ce prix repose sur trois indicateurs qui correspondent aux trois débouchés de la filière laitière : le prix de revient qui correspond à la valorisation du lait sur le marché intérieur, et qui a été fixé à 388 €/1 000 litres pour l’année 2021 ; le prix du lait allemand (les PGC sur le marché export) publié mensuellement par le Cniel et exprimé avec trois mois de décalage ; et la valorisation beurre/poudre qui correspond à la valorisation des produits industriels sur le marché export », a détaillé Stéphane Joandel.

Communiquer positivement

Les organisations de producteurs doivent donc s’emparer massivement de ce mode de calcul qui obéit donc à une règle de trois où il convient de connaître le mix produit de chaque entreprise. « Certaines le font déjà. Elles ne doivent pas rester isolées car le prix conforme est un outil transparent et professionnel pour négocier un prix du lait à hauteur. Les outils descendent du national, mais à chacun sur le terrain de les utiliser Notre souhait est qu’in fine un maximum de producteurs puisse vivre avec deux Smic par mois¹ car rappelons qu’un éleveur laitier travaille en moyenne 70 heures par semaine. » Ce dossier du prix conforme tout comme celui de la communication positive indispensable pour rallier le consommateur au combat de la juste rémunération, le producteur ligérien entend bien les défendre au niveau régional, mais aussi dans les instances nationales, au sein de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) où il vient d’être élu vice-président.

¹ Dans le prix de revient est intégrée la rémunération de l’exploitant à hauteur de deux Smic.

Sophie Chatenet