Mathis Desandre, apprenti mécanicien en matériels agricoles à la MFR de Crolles, a décroché le titre régional de Meilleur apprenti de France et se prépare pour le concours national.
« La semaine on vit tracteur et le dimanche en famille, on parle tracteur .» Mathis Desandre, apprenti en Bac pro 2e année en maintenance de matériel agricole à la MFR de Crolles, a décroché, au mois d’avril, la médaille d’or du concours du meilleur apprenti de France de la région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce titre lui permet de participer au MOF de France en septembre prochain.
« Depuis que je suis petit, les tracteurs, il n’y a que ça », assure l’étudiant de 17 ans.
Son premier engin, il l’a conduit alors qu’il n’avait que 7 ans. « Mon grand-père m’a dit : fais comme je t’ai appris, il n’y a pas de risque. J’étais heureux comme jamais, se souvient-il. C’était le début du commencement. Je n’ai pas eu d’appréhension. »
Le jeune homme affiche l’assurance de ceux qui ont trouvé leur voie. Originaire de Sillingy, en Haute-Savoie, cette commune héberge les Établissements Poncet, spécialistes de la vente, la conception et la réparation de matériel agricole.
« Mon grand-père était chef d’atelier pendant 45 ans. J’ai baigné dans ce milieu depuis tout petit. Pour moi, c’est comme une évidence », explique l’apprenti qui se rappelle qu’enfant, il dormait dans le fourgon de dépannage.
Comme tout passionné de tracteur, il a sa marque favorite. Et c’est le rouge de Massey Fergusson qu’il préfère. Son rêve : visiter les usines de Beauvais. La MFR de Crolles n’exclut d’ailleurs pas de coupler une incursion en même temps que le prochain voyage scolaire au Sima.
Recaler la distribution
Lorsque Mathis Desandre a proposé à son établissement de se présenter au concours du MAF régional, il a tout de suite reçu l’adhésion de l’équipe pédagogique. « C’est une satisfaction pour tous, estime Laurence Rajat, la directrice de la MFR de Crolles. Et c’est une expérience de vie pour l’apprenti. »
Le concours est à la fois une vitrine des métiers et une façon de valoriser l’apprentissage et les savoir-faire des jeunes. L’apprenti a été accompagné dans son parcours par Robin Plottier, moniteur technique. « Nous avons regardé les épreuves ensemble, revu les connaissances, révisé les points faibles », commente Mathis Desandre.
Le 14 avril à Mâcon, l’épreuve consistait d’abord à tomber une culasse, roder une soupape et recaler la distribution, en moins de 3 heures. Ensuite, les concurrents ont dû changer une bague d’étanchéité sur un réducteur, en 3 heures aussi.
L’important, « c’était de bien respecter les procédures du constructeur », indique le jeune homme qui savait que l’habitude pouvait lui faire courir le risque de franchir des étapes.
De la poignée de concurrents, Mathis Desandre s’est distingué par sa rapidité et sa dextérité. « Il sort du lot, dit son moniteur. On voit qu’il se débrouille, qu’il est autonome, qu’il ne bute pas sur la difficulté, qu’il trouve des solutions. » Le jury a donc apprécié son grand professionnalisme avec une note maximale.
Les vertus de l’apprentissage
Mathis Desandre confie qu’il s’est présenté aux épreuves « un peu stressé, surtout à l’idée de se confronter à meilleur que soi ». Mais dès le début de l’épreuve, il s’est dit plutôt rassuré. « On garde un œil sur les autres et j’ai su que j’allais plus vite. »
« Il a su gérer le concours, y compris ses défauts, constate Robin Plottier, notamment dans le rangement. » Le moniteur souligne combien il est méritoire pour ces jeunes de se présenter à une telle épreuve, quel qu’en soit le résultat. « C’est un concours bon enfant », ajoute-t-il.
« J’étais content d’avoir essayé et de pouvoir aller plus loin, déclare Mathis Desandre. Au national, à l’automne, je risque trouver meilleur que moi. »
Sa famille l’a félicité pour son parcours, lui l’enfant en décrochage scolaire qui a rejoint le réseau MFR en classe de 4e. « C’est un enseignement valorisant, j’ai des notes supérieures à 12/20 », explique ce convaincu des vertus de l’apprentissage. « C’est là où l’on apprend le mieux, assure-t-il. Beaucoup veulent faire des Bac pro pour aller directement dans le monde du travail. Mais la demande des entreprises n’est pas d’avoir que des connaissances scolaires, mais autre chose. »
« La pédagogie de l’alternance, en MFR, consiste à travailler avec le savoir des jeunes en entreprise qui est formatrice puisque le jeune y passe la moitié de son temps. C’est là qu’il apprend le geste pratique », insiste Robin Plottier.
Ce type d’apprentissage n’a jamais connu autant de succès qu’après la période covid où les effectifs des MFR sont en plein essor.
Isabelle Doucet