Social
« Réagir » : le bon réflexe pour apporter de l’aide aux agriculteurs
Depuis 2021, la démarche « Réagir » remplace le Sillon dauphinois. Son objectif : aider les agriculteurs en situation fragile.
Le Sillon dauphinois a été mis en place en 2007 à la suite de sinistres agricoles, notamment liés au gel d’avril 2003 et à la sécheresse de la même année. Partenariat entre la Mutualité sociale agricole (MSA) des Alpes du Nord, la Chambre d’agriculture de l’Isère, la Direction départementale des territoires et le Conseil départemental isérois, il devait permettre à ces différentes entités de « mutualiser leurs compétences et leur expérience », explique Jacques Habrard, conseiller d’entreprise à la Chambre d’agriculture.
C’est désormais la démarche « Réagir » qui remplace le Sillon dauphinois, après la feuille de route sortie par le gouvernement en novembre 2021. Elle donne suite au rapport Damaisin du 2 décembre 2020 portant sur l’identification et l’accompagnement des agriculteurs en difficulté et prévention du suicide.
Accompagner
« Réagir consiste en un accompagnement individuel pour les agriculteurs en situation fragile », explique Jacque Habrard. Concrètement, il s’agit d’un réseau d’entraide, d’écoute et de soutien, mis en place en Isère, pour les agriculteurs mais également pour leur famille.
Un conseiller d’entreprise de la Chambre d’agriculture et un travailleur social de la MSA interviennent chez les agriculteurs qui les sollicitent ou bien qui sont signalés par les banques. A l’issue des rencontres avec l’agriculteur, un diagnostic technico-économique ainsi qu’un accompagnement pour reprendre confiance en soi sont réalisés.
« L’objectif de la démarche est de permettre aux agriculteurs, mais aussi à leur famille, de retrouver une certaine sérénité, tant sur le plan professionnel et économique que sur le plan personnel », précise Jacques Habrard. D’autant plus que les difficultés peuvent être diverses : inquiétudes quant aux retombées économiques de la guerre en Ukraine, attaques de loup, problèmes de santé, accidents de travail, séparation… « Nous sommes donc très attentifs et à l’écoute des problèmes des agriculteurs, que nous pouvons aller voir chez eux directement ou bien que nous pouvons avoir au téléphone s’ils le préfèrent », ajoute le conseiller d’entreprise. Et pour que l’accompagnement soit le plus utile possible, il se fait en binôme.
Mutualiser les compétences
« Sur le terrain, nous intervenons la plupart du temps en binôme afin de suivre l’agriculteur au mieux », explique Jacques Habrard.
Le rôle du conseiller d’entreprise est d’apporter un diagnostic technico-économique après avoir réalisé un tour des installations. « Nous expliquons les démarches à suivre à l’agriculteur, mais nous l’interrogeons également sur sa vie personnelle, sur son exploitation, sur ses outils de production, sur son matériel… Il s’agit vraiment pour nous de faire un tour d’horizon exhaustif pour lui apporter des solutions », ajoute le conseiller. Les aspects réglementaires sont abordés et c’est finalement un entretien semi-directif qui est conduit par le conseiller. « A la fin de la discussion, nous réalisons un plan d’action personnalisé pour l’agriculteur », précise Jacques Habrard.
Les travailleurs sociaux de la MSA peuvent quant à eux organiser des actions collectives pour reprendre confiance en soi. La MSA propose une aide au répit par le biais du service de remplacement mais elle aide également les familles d’agriculteurs à partir en vacances.
400 accompagnements
« Ce dispositif concerne uniquement les non-salariés agricoles, précise Elsa Rosnet, responsable du pôle social de la MSA Alpes du Nord. Le changement de nom est une volonté nationale des différents partenaires d’unifier la communication nationale sous une même appellation. Le dispositif sera ainsi plus visible et plus facilement dans l’esprit des gens ».
Cette procédure est née dans les Alpes du Nord, puis a essaimé peu à peu dans différents départements français sous différents noms. D’où la nécessité d’unifier toutes ces démarches.
La porte d’entrée passe la plupart du temps par des élus, des salariés de la chambre d’agriculture ou de la MSA. Les conseillers agricoles ou les assistantes sociales sont à l’écoute.
« Mais quelle que soit la personne qui alerte, c’est toujours pris en compte. Cela peut être un voisin, un client, un ami, un membre de la famille, précise Elsa Rosnet. L’important est que cette personne ait l’autorisation de l’intéressé pour appeler un des organismes membres de Réagir. C’est la base de la légitimité de la prise de contact ultérieure. »
« 400 agriculteurs sont accompagnés chaque année par ce dispositif, indique Françoise Thévenas, présidente de la MSA Alpes du Nord. Les aides sont autant financières que psychologiques, cela peut prendre la forme d’une aide au répit. De toute façon, tout est gratuit dans ces dossiers. Le Département intervient pour financer les interventions de la MSA ou de la chambre d’agriculture. Ces deux organismes peuvent aussi puiser dans leur propre budget pour apporter un appui supplémentaire. Au-delà, nous fonctionnons beaucoup avec les réseaux familiaux, professionnels, pour que tout l’environnement soit pris en compte et que la personne reprenne pied. »
Et depuis 2007, un comité technique, régi par les quatre institutions de « Réagir », se rassemble une fois par mois pour étudier les demandes de RSA des agriculteurs.
Jean-Marc Emprin & Morgane Poulet
A contacter
Travailleurs sociaux MSA Alpes du Nord
04 76 88 76 20 / [email protected]
Conseiller d’entreprise Chambre d’agriculture de l’Isère
04 76 93 95 22 / [email protected]
Élus de confiance MSA et Chambre d’agriculture de l’Isère pour l’ensemble du territoire
Thierry Blanchet, 06 82 86 87 25
Dominique Bonnardon, [email protected]
Alexandre Escoffier, 06 84 81 17 50
Christiane Geneve, [email protected]
Louis-Michel Petit, 06 08 86 66 77
Robert Marion-Gallois, [email protected]
François Rozier, [email protected]
Françoise Thevenas, [email protected]