Grippe aviaire
H5N8 : quelles mesures de prévention pour les volailles plein-air ?

Marianne Boilève
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Depuis la détection du virus Inflenza aviaire aux Pays-Bas, fin octobre, la France a fait passer le risque d'introduction de « modéré » à « élevé » dans les départements traversés par des couloirs de migration. En Isère, les élevages sont désormais obligés de prendre des mesures de prévention. 

H5N8 : quelles mesures de prévention pour les volailles plein-air ?
A Biol, le dispositif que Sylvie Monbeig a installé pour protéger ses poulets des buses et des renards permet d'éviter les contacts avec les oiseaux sauvages. Crédit photo : Sylvie Monbeig

En France, le risque d'introduction du virus H5N8 par l'avifaune sauvage vient de passer de « modéré » à « élevé ». L'Isère faisant partie des couloirs de migrations actuellement empruntés par les oiseaux sauvages, comme tous les départements rhônalpins, des mesures de prévention sont désormais obligatoires pour tous les professionnels des filières avicoles. Ce qui n'est pas sans conséquence dans les élevages. Depuis le 6 novembre, les volailles doivent en effet être enfermées ou protégées par un filet avec réduction des parcours extérieurs. 

« Je n'ai pas attendu la migration des oiseaux pour protéger mes poulets : j'ai déjà mis des fils au-dessus des parcours et accroché des CD pour compliquer la vie des buses », explique Sylvie Monbeig, productrice d'œufs et de volailles de chair à Biol. D'ordinaire en liberté, la vingtaine de poules pondeuses sont quant à elles confinées dans leur cabane jusqu'à nouvel ordre : il a suffi de reprogrammer l'ouverture de la trappe automatique. 

Production en baisse
A Pajay, l'Earl des Feuges confine ses poules pondeuses depuis le 6 novembre, mais peut commercialiser ses œufs avec l'allégation plein-air, grâce à une dérogation. Crédit photo : Benjamin Alex

Production en baisse

Chez les gros éleveurs, la situation est plus compliquée. Si quelques rares élevages, comme l'Earl des Gallines à Thodure, ont la chance d'être en période de vide sanitaire et peuvent sans problème prévoir de maintenir les futurs lots en bâtiment, la plupart ont été obligés d'enfermer leurs volailles dès le 6 novembre. Les conséquences de cette claustration obligatoire se font déjà sentir. « Les poules mangent moins depuis qu'elles ne vont plus dehors, constate Christophe Alex, éleveur à Pajay. La ponte a également un peu baissé : nous sommes passés de 28 500 œufs la semaine dernière à 27 500 en début de semaine. » 

Poules énervées

A la tête d'un élevage de 30 000 poules pondeuses certifié HVE3 et sous contrat avec Fermiers du Sud-Est, l'aviculteur et son associé, son neveu Benjamin, s'attendent à une baisse de production de 2 à 3%. Certes les poules sont en liberté et peuvent voler dans le bâtiment, qui est vaste et bien ventilé, mais elles commencent déjà à s'énerver. Habituées à sortir depuis le mois de septembre, elles ont apparemment pris goût à la vie de plein air. « Ce matin, j'en ai retrouvé trois qui se piquaient, raconte Christophe Alex. Quand on rentre dans le bâtiment, elles picorent notre combinaison, nos chaussures. Mais nous n'avons pas le choix. Espérons que ce confinement ne va pas durer trop longtemps... »

Bien-être et distractions
Dans le bâtiment de l'Earl des Feuges, à Pajay, les trappes de sorties restent fermées, mais les systèmes de ventilation sont bien ouverts et protégés par des grillages. Crédit photo : Benjamin Alex

Bien-être et distractions

Sur le plan technique, des solutions existent. A défaut de pouvoir protéger les parcours en installant des filets pour éviter le contact avec les oiseaux sauvages, Maxime Ogier, technicien chez Fermiers du Sud-Est, conseille de maintenir les volailles à l'intérieur des bâtiments, tout en veillant au bien-être animal. « Si l'on constate des troubles du comportement, il faut imaginer des distractions, comme des balles de luzerne homologuées, des CD ou des bouteilles accrochés en l'air, des choses de couleur, des bidons désinfectés ou des bouteilles de plastiques perforées et remplies avec de l'aliment, suggère-t-il. Ça va les occuper et permettre de diminuer le stress. » Le technicien préconise également de changer les horaires et revoir les passages d'aliment en les rendant plus fréquents pour distraire les volailles. Et surtout d'être réactif face aux dérives de comportement, quitte à faire appel au technicien ou au vétérinaire.

Marianne Boilève

Les mesures obligatoires en Isère

  1. Claustration des volailles ou protection de celles-ci par un filet avec réduction des parcours extérieurs
  2. Interdiction des rassemblements d'oiseaux (concours, foires, expositions avicoles)
  3. Interdiction de faire participer des oiseaux originaires d'Isère à des rassemblements organisés dans le reste du territoire national
  4. Interdiction des transports et des lâchers de gibiers à plumes
  5. Interdiction d'utilisation des appelants
  6. Surveillance quotidienne de la santé des oiseaux dans les élevages commerciaux
  7. Interdiction des compétitions de pigeons voyageurs
  8. Vaccination obligatoire dans les zoos pour les oiseaux ne pouvant être confinés ou protégés sous filet

Des dérogations préfectorales pourront être accordées au cas par cas, dans le respect des textes applicables, sur demande auprès de la direction départementale de la protection des populations de l’Isère ([email protected]).