Agritourisme
La Routo : un itinéraire de randonnée associant tourisme, alpagisme et innovation

Marianne Boilève
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Portée par la Maison de la Transhumance et l'Ecomuseo della Pastorizia, La Routo est un itinéraire agritouristique reliant le Pays d'Arles et la vallée de la Stura, en Italie. Eleveurs, bergers, artisans et professionnels du tourisme ont été associés à sa conception. Objectif : valoriser les métiers, les produits et le patrimoine lié à la transhumance.

La Routo : un itinéraire de randonnée associant tourisme, alpagisme et innovation
Tri de la laine mérinos au mas de La Tapie (Aureille) : le projet de La Routo intègre la valorisation de la laine des troupeaux avec la fabrication de vêtements techniques pour la randonnée. Crédit photo : Maison de la Transhumance

Dans les alpages, tourisme et troupeaux ne font pas forcément bon ménage. Sauf à considérer la question comme un enjeu de développement et d'attractivité territoriale. C'est le défi que sont en train de relever les régions Provence-Alpes-Côte-d'Azur et Piémont en Italie avec La Routo, un itinéraire de randonnée transfrontalier qui s'appuie sur les anciennes drailles empruntées autrefois par les troupeaux pour relier la Provence aux vallées alpines du Piémont.

Une démarche agritouristique

Fruit d'une dizaine d'années d'échanges entre les deux partenaires, le projet a été conçu - et financé (1) - au titre d'un « produit agritouristique » associant l'ensemble des filières agricoles, touristiques, gastronomique, artisanale et environnementale dans un objectif commun de développement territorial. Homologué en juin dernier par la Fédération française de randonnée, ce nouvel itinéraire (GR69© - La Routo) permet en effet de valoriser les paysages, le patrimoine, les métiers, les savoir-faire et les infrastuctures situées entre le pays d'Arles et la vallée de la Stura, ce qui répond aux « nouvelles attentes du public en faveur d'un tourisme de patrimoine et de partage ».

(1) La Routo a bénéficié de financements locaux, régionaux et européens, notamment dans le cadre du programme de coopération transfrontalière Alcotra.

Un itinéraire-laboratoire
Pour Patrick Fabre, directeur de la Maison de la transhumance, La Routo doit être « un outil de médiation pour l'élevage pastoral et transhumant ». Crédit photo : Maison de la transhumance

Un itinéraire-laboratoire

Son originalité est sans doute ailleurs. « Pour nous, La Routo doit être un outil de médiation pour l'élevage pastoral et transhumant », souligne Patrick Fabre, le directeur de la Maison de la transhumance qui porte le projet. Car “Far la routo”, c'est faire la transhumance, rappelle-t-il. Une dimension centrale qui a permis de mobiliser les alpagistes autour de la structuration du projet. Animations, journées en alpage, festivals, boucles de randonnées, vente directe : de nombreux aspects ont été construits directement avec les professionnels. Y compris le parcours. « Nous discutons du tracé avec les bergers et les éleveurs, ce qui nous a conduit à détourner le sentier à certains endroits, parce qu'il y avait une cabane ou des chiens de protection, explique Patrick Fabre. Nous voulons que cet itinéraire soit exemplaire, qu'il devienne une sorte de laboratoire pour la question du partage de l'espace qui est centrale. »

Des vêtements techniques en laine mérinos
Les chaussettes La Routo, l'un des produits techniques à très haute valeur ajoutée fabriqués à partir de la laine mérinos des troupeaux locaux.

Des vêtements techniques en laine mérinos

Autre atout du projet : les perspectives économiques qu'il dessine. Outre la valorisation des produits pastoraux et/ou locaux (fromage, viande, huile d'olive, miel, petit épeautre, pommes des Alpes...), notamment dans les menus La Routo proposé par certains établissements, l'itinéraire offre un débouché inédit aux éleveurs ovins : la conception de vêtements techniques pour la randonnée à partir de la laine mérinos de leurs animaux, fibre vendue 20 à 30 centimes de plus le kilo. Une gamme de produits à très haute valeur ajoutée (vestes, pulls, chaussettes, bonnets...) est en cours d'élaboration. Fabriqués en France, ces vêtements seront commercialisés sur le parcours de La Routo, qui sera mis en service en juin  2021.

Marianne Boilève