Méthanisation
« Une énergie verte, propre et locale » 

Le premier des quatre méthaniseurs agricoles de la Bièvre sort de terre à Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs. 

« Une énergie verte, propre et locale » 
Les associés des six fermes du projet Agri Méthabièvre lors du lancement du chantier.

A Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, les pelleteuses entrent en action et les agriculteurs sont de bonne humeur.
Tous sont tous présents pour le premier coup de pioche de leur futur méthaniseur donné le 10 décembre dernier. Damien Chevalier, Florent Roudet, Roland Levet-Trafit, Olivier Marion-Gallois, Sébastien Lombard et Mathieu Luc-Pupat, sont les représentants des six fermes situées à Brezins, Sillans, La Forteresse et la Frette (et douze associés en tout) engagées dans le projet Agri Méthabièvre.   
C’est le premier des quatre méthaniseurs agricoles initiés dans le secteur à sortir de terre.
Deux autres seront lancés au mois de mars et un des projets est en suspens.   

Un accompagnement indispensable 

Le futur méthaniseur est installé sur un terrain de 2,6 ha, à la sortie de Saint-Etienne-de-Saint-Geoirs, en direction de Sillans.
La parcelle a été achetée par les agriculteurs en novembre dernier. « C’est un compromis entre un terrain constructible, éloigné des habitations, des zones naturelles règlementées, il dispose d’accès satisfaisants, à proximité des réseaux de gaz et d’électricité et des champs à épandre », explique Bénédicte Jorcin, responsable développement d’Opale énergies naturelles, le bureau d’étude qui accompagne les agriculteurs dans leur projet.   

« Les premières réflexions ont eu lieu en 2016 », explique Damien Chevalier, le président de la SAS Agri Méthabièvre et associé de la ferme des 13 Fontaines.
L’initiative revient à Bièvre Isère communauté qui, dans le cadre de son Plan air climat, a lancé des études de faisabilité et invité les agriculteurs à réfléchir à des projets de méthanisation. « Puis nous avons formé les groupes et nous nous sommes orientés vers un bureau d’études. Nous tenions à être accompagnés. C’est indispensable car c’est un gros projet. »  

100% agricole 

Le projet Agri Méthabièvre développera une capacité de 40 Nm3/h en injection pour 22 000 tonnes d’intrants agricoles.
Le montant de l’investissement s’élève à 7 millions d’euros et a bénéficié de subventions de la part de la région Aura (615 000 euros), de l’Ademe (560 000 euros) et du département de l’Isère (280 000 euros), soit un total de 1,455 million d’euros. Le reste est en fonds propres et en emprunts auprès des deux Crédits agricoles.
Les tarifs du gaz sont négociés et bloqués pendant 15 ans.
Le retour sur investissement est attendu d’ici environ 7 ans. Car le méthaniseur doit apporter aux exploitations un complément de revenu. 
« Il n’y a pas d’investisseur extérieur, les agriculteurs maîtrisent à 100% le projet et ce ne sont que des intrants agricoles », insistent les associés.   

Diversification

Les exploitants listent les avantages liés à une telle installation : « Cela nous permet de nous mettre aux normes de façon collective », souligne Damien Chevalier.
« On valorise les effluents d’élevage, nous avons une meilleure maîtrise de la fertilisation organique et c’est une diversification pour nos exploitations », ajoute un des associés.
Pas moins de 1 000 ha de SAU recevront les épandages. « Nous sommes tous en filière qualité céréales », insistent les producteurs.
Ils ajoutent : « Nous participons ainsi à produire une énergie verte, propre et locale ». 
Ils mettent en avant la dimension collective du projet, pour « ne pas rester seuls dans notre coin ».
Il faut dire que les agriculteurs, quatre éleveurs laitiers, un allaitant et un céréalier, appartiennent à la même Cuma, celle de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs, ce qui a favorisé la constitution et la cohésion du groupe.  

Acceptabilité et dialogue

Les travaux devraient durer environ 18 mois, de sorte que le premier Nm3 de gaz devrait être injecté en mai 2022.
Pour que le projet aboutisse sans encombre, les parties prenantes, porteurs de projet et bureau d’études, ont pris soin « de mettre du monde autour de la table dès le départ ».
L’acceptabilité s’est faite par le dialogue, notamment avec les voisins ou les associations environnementales.
La dernière réunion publique s’est déroulée mi-septembre. « Les gens ont posé beaucoup de questions au départ. La méthanisation n’a pas forcement bonne presse au niveau national, mais quand on dialogue, ça va beaucoup mieux », constatent les agriculteurs.   

ID  

Sur le chantier.
Les porteurs de projets, les membres du bureau d'études et les premières entreprises sur le lancement du chantier d'Agri Méthabièvre.