Protection
Des aménagements de la rivière Vieille sont prévus à Saint-Siméon-de-Bressieux pour limiter les crues

Isabelle Brenguier
-

Une consultation autour d'un projet d'aménagement de deux cours d'eau traversant Saint-Siméon-de-Bressieux est en cours. Son objectif est de protéger le village des crues qu'il subit.

Des aménagements de la rivière Vieille sont prévus à Saint-Siméon-de-Bressieux pour limiter les crues
Samedi 30 janvier, élus, propriétaires et techniciens ont effectué une visite de terrain pour évaluer les conséquences du détournement de la Rivière Vieille. Ils se sont rendus dans cinq sites, dont celui de Jarfanière (photo), pour évoquer les aménagements prévus, mais aussi les impacts sur les parcelles et les pratiques des agriculteurs (création de bandes enherbées, zones de non-traitement…).

Nichée au pied du bassin versant de la forêt des Chambaran, la commune de Saint-Siméon-de-Bressieux est soumise à des risques d'inondation des deux cours d'eau qui la traversent, la Baïse et son affluent, la rivière Vieille.
Depuis de nombreuses années, la municipalité qui cherche à prévenir ce risque, a fait réaliser différentes études qui n'ont pas abouti à des aménagements. Un nouveau projet est en cours de réflexion depuis le printemps dernier.
Outre la dimension hydraulique de protection des personnes et des biens, il inclut également un volet économique avec la possibilité de réhabiliter l'ancienne usine Shaeffler et un autre environnemental avec la renaturation de la rivière Vieille.

La maîtrise d'ouvrage de ce projet a été confiée au Sirra (Syndicat isérois des rivières Rhône aval). Selon le syndicat, les grands principes de ce projet sont de « dériver les eaux de débordement de la Baïse vers la rivière Vieille puis vers la plaine de Chardonnières, aménager un ouvrage de rétention des crues à proximité du marais de Chardonnières, réaliser des aménagements localisés de la Baïse pour protéger le centre bourg et créer et renaturer un nouveau lit pour la Rivière Vieille, permettant la réalimentation du marais de Chardonnières ».
Son coût est évalué à 4,2 millions d'euros HT.

Réserve foncière

La principale préoccupation d'Eric Savignon, maire de Saint-Siméon-de-Bressieux, est de « remédier au risque important d'inondation de la commune », créé par des aménagements réalisés au 19ème siècle pour le fonctionnement des métiers à tisser.
Mais, il est aussi pour lui « l'occasion de redynamiser le village en rendant possible l'utilisation des six hectares - dont 24 000 mètres carrés de bâtiment - du site de l'ancienne usine Shaeffler, dont les deux tiers sont aujourd'hui situés en zone inondable. En excluant ce terrain du risque de l'inondation, nous pouvons le remettre dans le circuit pour faire de l'habitat, du commerce, de l'artisanat. C'est aussi une façon de préserver le foncier agricole ».

Chargée de la réalisation de l'étude d'impact, la chambre d'agriculture de l'Isère a mis en évidence que la réalisation de ce projet concerne directement 6,5 hectares cultivés par une quinzaine d'exploitants. Les conséquences pour ces derniers sont de différentes natures.
Outre la perte de foncier redirigé vers les aménagements, certaines parcelles verront leur risque d'inondabilité augmenter. Et la création d'une nouvelle portion de cours d'eau nécessitera aux agriculteurs l'application de toute la règlementation prévue (création de bandes enherbées, zones de non traitements…) Pour autant, la réflexion autour de ce projet étant engagée depuis longtemps, une réserve foncière a été préparée pour compenser les pertes en surfaces des exploitants agricoles.

Pascal Baratier, de la ferme du Sozea à Saint-Siméon-de-Bressieux, est l'un des agriculteurs les plus concernés. S'il n'est pas contre la nécessité de diminuer le risque de crue et de repenser la dynamique du village, il estime que « l'impact foncier est important pour le monde agricole et que le lobby environnemental prend toujours le dessus », faisant référence à des emprises qui seraient utilisés pour la réalisation d'un cheminement piéton et l'alimentation en eau de la zone humide de Chardonnières.
Sandrine Giloz est aussi agricultrice dans la commune. Egalement concernée par les emprises, elle reconnaît cependant voir avec intérêt la mise en œuvre des mesures de protection du village.
D'autant qu'en faisant partie du magasin de producteurs « Délices des champs » implanté dans le centre, elle avoue qu'elle préférerait le voir davantage protégé.

Aménagements de la proposition initiale

Une grande phase de concertation est actuellement en cours. Elle est dirigée vers les propriétaires, les exploitants agricoles et le grand public.
Pour Patrick Curtaud, président du Sirra, « cette démarche de consultation est très importante pour expliquer l'intérêt de ce projet et le faire accepter ».
Pascal Baratier, quant à lui, espère que cette concertation permettra des aménagements de la proposition initiale et des mesures compensatoires comme la création d'une retenue d'eau pour l'irrigation de certaines cultures telles que des noyers.

Selon Patrick Curtaud, « cette consultation s'achèvera en mai prochain avec une réunion plénière et la présentation du projet et de ses ajustements. La négociation foncière se fera entre 2021 et 2022, l'enquête publique en 2022. Le démarrage des travaux est prévu pour le second trimestre 2023 ».