Nuciculture
Les moutons pâturent sous les noyers d'Isère

Isabelle Brenguier
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Le pâturage ovin tend à se développer dans la noyeraie iséroise. Les producteurs intéressés se sont déjà rapprochés pour constituer des surfaces suffisantes.

Les moutons pâturent sous les noyers d'Isère
Photo d'archive Les 1 000 moutons déjà venus dans les vergers de Frédéric Martin-Jarrand l'année dernière, ont repris leurs quartiers dans la noyeraie vinoise. Ils sont arrivés la semaine dernière.

Faire pâturer des moutons dans les vergers de noyers : l'idée fait son chemin. D'initiative isolée qu'elle était lorsqu'elle a été mise en place l'année dernière par Frédéric Martin-Jarrand, nuciculteur à Vinay, elle est devenue une possibilité qui intéresse nombre de professionnels de la noix de la vallée du Sud-Grésivaudan. Plusieurs groupes de nuciculteurs - représentant quelques centaines d’hectares - sont d'ailleurs aujourd’hui dans l'attente d'un troupeau. Si l’idée, pleine de bon sens, suscite beaucoup d’envie, elle n’est pas si simple à mettre en œuvre. Il faut d’abord se concerter entre nuciculteurs pour proposer une surface cohérente aux moutonniers. Il faut aussi organiser le pâturage de façon à ce qu’il ne porte pas préjudice aux noyers. Et il faut trouver les moutons. Pour l'instant, c'est à ce niveau que se situe la principale difficulté. Tous les réseaux sont donc activés pour passer de la théorie à la pratique. Chacun espère que l'initiative pourra être développée cette année, mais dans le cas contraire, les producteurs assurent que : « ce ne sera que partie remise pour l'année prochaine ». Car à la précipitation, ils préfèrent prendre le temps pour que toutes les conditions soient réunies pour assurer le succès de l’opération.

Gain de temps et d’argent

Bastien Michallet est installé à Cognin-les-Gorges où il exploite 60 hectares de noyers. En conversion biologique depuis 2019, il réalise chaque année, « trois broyages d'avril à la récolte et un quatrième pour les feuilles mortes ». Il considère le pâturage des ovins comme une alternative intéressante pour « supprimer un passage de broyeur et économiser du temps et du carburant ». Il s'interroge également sur l'apport d'engrais que peut représenter la présence des bêtes. « Peut-être qu'il est anecdotique, mais peut-être qu'il est utile. Aujourd'hui, nous ne savons pas. Mais j'ai le sentiment que cette initiative permet un gain de temps et d'argent pour tout le monde. En plus, ce serait cohérent avec notre conversion », avance-t-il, convaincu. 

Olivier Gamet, nuciculteur à Chatte, est également intéressé par la démarche. S'il reconnaît tout le bénéfice qu'elle représente en matière d'entretien des parcelles, il y voit aussi un bienfait en matière d'agronomie et de vie du sol. Ayant déjà implanté des couverts dans ses vergers, il considère que « le pâturage ovin permettrait d'aller plus loin et de ramener de l'animal dans les parcelles de noyers ». 

Prêts à se lancer

Enthousiasmés par cette perspective, les nuciculteurs avouent toutefois nourrir quelques craintes. D’autant que les expériences en la matière ayant conduit à des références sont encore peu nombreuses. La présence du loup dans les territoires et les attaques qu’il pourrait perpétrer, les jeunes noyers plantés suite aux tempêtes de 2019 qui restent fragiles, le tassement qui pourrait survenir s’il y avait beaucoup de pluies pendant que les moutons sont dans les parcelles…, sont autant de sujets qui posent questions. Pour autant, ils sont prêts à se lancer, considérant aussi qu’au-delà de l’intérêt technique, la démarche s’avère intéressante sur le plan sociétal. Preuve s’il en fallait que les efforts conduits par les agriculteurs pour répondre aux attentes de leurs concitoyens se poursuivent.

 

Pour retrouver le reportage réalisé chez Frédéric Martin-Jarrand, nuciculteur à Vinay, à l'origine de l'initiative dans ses vergers au printemps 2020, cliquer sur le lien : https://www.terredauphinoise.fr/articles/18/03/2021/Les-moutons-paturent-les-vergers-de-noyers-iserois-53968/

Un temps d’échanges pour en savoir plus

Très satisfait de l'expérience menée entre avril et juin 2020 dans ses parcelles, Frédéric Martin-Jarrand, nuciculteur à Vinay, l'a reconduite ce printemps. Les 1 000 moutons de Sébastien Achard, éleveur à Pontcharra, viennent d'arriver dans ses vergers.

Pour partager son expérience, répondre aux questions des nuciculteurs intéressés, envisager la création de nouveaux îlots, un temps d’échanges est organisé par la chambre d’agriculture de l’Isère, le 30 mars à 13h30 chez Frédéric Martin-Jarrand, 25, chemin de la chapelle à Vinay.

IB