Vendredi 12 avril, Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire avait choisi la Drôme pour parler d’agrivoltaïsme.
Du gaz très vertueux
Au prix d’investissements initiaux colossaux, des installations de méthanisation trouvent un équilibre entre production alimentaire et énergétique.
Après le photovoltaïque le matin, la méthanisation l’après-midi. Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture a visité le site de Méthavareze à Auberives-sur-Varèze (près de Roussillon, Isère). Le méthaniseur valorise les cultures intermédiaires à vocation énergétique de deux agriculteurs céréaliers, et des apports d’écarts de triage d’agriculteurs locaux. La production de gaz est vendue à GRDF et alimente le réseau gazier développé autour de Vienne. Depuis quelques mois, un déconditionneur a été mise en service. Il recueille les déchets de l’industrie alimentaire, des produits emballés destinés à la consommation, mais qui pour différentes raisons, rupture de la chaine du froid ou date d’utilisation dépassée, sont retirés du marché. Ces biodéchets sont habituellement incinérés ou enfouis. Avec le déconditionneur, la séparation emballage et contenu est opérée en grande partie par la machine. D’un côté, les éléments composables vont alimenter une soupe soumise à traitement thermique avant utilisation dans le méthaniseur principal, tandis que les emballages sont renvoyés dans le circuit de recyclage industriel classique. Le tout pour des investissements conséquents de 8 millions d’euros au total, 6,5 pour le méthaniseur et 1,5 million pour le déconditionneur.
Des prix indicateurs de valeur
Agnès Pannier-Runacher s’est montrée curieuse du fonctionnement global de l’installation car la méthanisation est un axe fort de l’État : « Notre pays est dépendant dans ses ressources en énergie. Le biogaz concourt à la fois à l’indépendance alimentaire et énergétique. » Elle a insisté sur la nécessité de ne pas privilégier la production énergétique au dépend de l’autonomie alimentaire. Les responsables professionnels, ceux de Méthavarèze comme Jean-Claude Darlet, président de la chambre d’agriculture de l’Isère, se sont montrés rassurant en la matière. Mais ce dernier souligne que les prix d’achat des productions agricoles françaises est un indicateur fondamental dans la valeur qu’on leur accorde. Autrement dit, la production d’énergie au dépend de l’alimentation n’arrivera pas si les prix des productions agricoles rémunèrent correctement les agriculteurs. Agnès Pannier-Runacher a souligné que les prix d’achat du gaz sont fortement soutenus. Ils sont quasiment 3 à 5 fois plus élevés que le prix du gaz naturel marquant ainsi bien la volonté de développer la filière. Les représentants des producteurs de biogaz ont attiré l’attention sur la grande difficulté à mener des projets : « Les délais administratifs sont beaucoup trop longs, plusieurs années, entre les études et les contentieux qui sont systématiquement opposés. » La ministre a indiqué qu’un décret d’octobre 2022 encadre désormais ces recours à 10 mois en première instance ainsi qu’en deuxième instance. « Nous avons aussi réformé les motifs de contentieux en classant ces projets dans la catégorie d’intérêt économique majeur. »
Jean-Marc Emprin