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Parcours croisés

Morgane Poulet
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Le 10 mai, David Smétanine, nageur paralympique, et Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, se sont rendus au lycée agricole de La Côte-Saint-André pour discuter du handicap avec les élèves de terminale bac pro CGEA.

Parcours croisés
David Smétanine, à gauche, et Jean-Claude Darlet, à droite, ont rencontré les élèves de terminale bac pro CGEA du lycée de La Côte-Saint-André.

Avec beaucoup d’émotion que Jean-Claude Darlet, président de la Chambre d’agriculture de l’Isère, et David Smétanine, nageur paralympique, ont partagé leur expérience du handicap, ce 10 mai. La journée d’échanges, financée par la Région dans le cadre du projet « Découverte Région » et organisée par Elena Ceschia-Meyer, documentaliste au lycée de La Côte-Saint-André, avait initialement été programmée avec la MJC de la ville et devait également se dérouler le soir, avec différents ateliers et rencontres. En raison du Covid, les choses ont été légèrement bousculées mais ont pu être adaptées.
Devant la classe de terminale bac pro CGEA du lycée, les deux intervenants ont expliqué que la médiatisation du handicap avait fortement aidé à défaire la confusion handicap moteur et handicap mental, même s’il subsiste toujours. L’organisation du projet Handi’Cap est alors l’occasion de continuer cette déconstruction et d’apporter des témoignages forts à des jeunes qui entreront bientôt dans le monde du travail.

« Un mental d’acier »

De manière unanime, Jean-Claude Darlet et David Smétanine expliquent que leur handicap, même s’il a été difficile à accepter, n’est finalement pas devenu une faiblesse. « Il faut faire avec mais cela n’empêche pas d’avancer », précise le nageur. « Il faut être confiant pour ne pas s’effondrer devant chaque obstacle ».
Tous les deux victimes d’un accident de voiture qui les a rendus tétraplégiques, ils ont chacun su se créer « un mental d’acier », explique David Smétanine. Pour lui, le sport a été un outil d’intégration et de confiance en soi formidable. Multipliant les activités – il est notamment membre du Comité paralympique international et de la Commission des athlètes Paris 2024, il a su retrouver un équilibre et montrer qu’il était tout aussi capable qu’un autre.
Et si 80% des handicaps sont invisibles et que 15% de la population mondiale serait handicapée, il faut pouvoir replacer la solidarité au cœur des relations.

Solidarité

Jean-Claude Darlet explique que pour savoir s’il allait continuer de travailler dans son exploitation agricole après son accident, tout est passé par la solidarité. Avec beaucoup d’émotion au souvenir de cette période difficile, il raconte devant des élèves silencieux l’accompagnement et le soutien reçus de la part de ses amis et de ses collègues pendant plusieurs mois, lorsqu’il était alité. « Ces visites ont été un premier déclic pour moi », ajoute-t-il. « La solidarité est très importante, nous avons besoin d’en retrouver dans nos rapports humains. »
Mais au-delà de discours sur le handicap, les deux intervenants souhaitent donner des clefs de réussite à partir de leur expérience. David Smétanine soulève notamment l’importance de réaliser quelque chose qui plaise et explique que son « engagement personnel » dans diverses activités ainsi que le bénévolat sont très importants pour « apporter sa pierre à l’édifice ».
« Rien n’est impossible », complète Jean-Claude Darlet, « même dans le monde agricole ». « Une personne paraplégique peut tout à fait monter dans un tracteur » grâce aux progrès de la technologie. Il est tout de même important de savoir gérer sa comptabilité, diriger une équipe et une exploitation, calculer ses coûts de production et, surtout, de savoir s’adapter très rapidement car l’agriculture change. « Nous ne savons pas ce que l’on produira en 2023, peut-être que nous n’aurons pas de semences. Il est donc nécessaire de se tenir formé et informé, d’être touche-à-tout et de ne pas se contenter de faire ce qui est obligatoire », explique le président de la Chambre d’agriculture de l’Isère.

Morgane Poulet