Prédation
Les Bonnevaux déplorent trois nouvelles attaques de loup

L'exaspération monte dans le secteur de la Bièvre et des Bonnevaux, qui a vu ses troupeaux se faire attaquer trois nouvelles fois en une semaine. 

Les Bonnevaux déplorent trois nouvelles attaques de loup
Le loup continue de faire des victimes dans Les Bonnevaux et la plaine de la Bièvre

Trois jours d'attaques successifs et trois bêtes tuées. Dans le secteur de Bonnevaux et de la plaine de la Bièvre, les éleveurs sont au bord de la crise de nerfs. Les récentes attaques portent à 28 le nombre de victimes depuis le début de l'année. Devenu un nouveau front de prédation, la région a été récemment reclassée en cercle 2, pour permettre aux éleveurs de bénéficier d'aides à la protection. Mais ce n'est apparement pas suffisant, en dépit de l'autorisation de tirs de défense et la prolongation de la présence des louvetiers sur le territoire jusqu'en juin. D'autant plus que la période est propice aux attaques. Les bêtes sortent des bergeries, et tous les éleveurs n'ont pas le temps ou les moyens de faire rentrer leurs troupeaux la nuit pour se protéger du loup. Hubert Avril, représentant de la FDSEA, alerte sur les difficultés que ces tueries à répétition font naître. « On a une attaque quasiment toutes les semaines depuis deux mois, ça devient ingérable. » S'il est certain qu'au moins un loup rôde dans le secteur, la taille du territoire à l'intérieur duquel les suspicions d'attaques sont grandes (Des Côtes-d'Arey jusqu'à la Tour du Pin) fait craindre la présence de plusieurs individus isolés. En plaine, la tension monte face aux difficultés administratives auxquelles sont confrontés les éleveurs victimes d'actes de prédation. 

Une réglementation inadaptée

« Gérer ces attaques, ça prend du temps. Le problème, c'est que le loup n'attend pas. La réglementation n'est pas adaptée pour gérer l'urgence. » Car urgence il y a. 70% des attaques perpétrées dans le secteur l'ont été contre des particuliers. Or, ceux-ci sont quasiment exclus du système de prise en charge, et les tirs de défense ne peuvent être faits que pour des exploitations agricoles professionnelles, ce qui laisse ces éleveurs démunis. « On dit qu'il faut protéger les troupeaux, mais la réglementation rend les choses compliqués. L'organisation se fait au coup par coup » déplore Hubert Avril. Dans un territoire qui dépend de l'élevage bovin et ovin, ces attaques, en plus d'avoir des répercussions directes sur les troupeaux, font craindre des conséquences à plus long terme dans la chaine de production. 

Pour Hubert Avril, il faut néanmoins « savoir dissocier le débat général sur le loup de l'action directe » sur le terain.
Le département de l'Isère a vu augmenter les attaques de loup de 25% entre 2019 et 2020, et les éleveurs ne comprennent pas toujours la lenteur administrative qui accompagne la déclaration d'une attaque. En plaine, les problématiques sont d'autant plus différentes que les éleveurs particuliers représentent le gros des bêtes tuées, et que la configuration du territoire – un petit nombre de bêtes sur une dizaine d'hectares – change drastiquement des conditions dans les alpages. « D'ici deux à trois semaines il va de nouveau falloir se mettre autour de la table pour trouver des solutions », affirme Hubert Avril. Pour les éleveurs comme pour les personnes chargées de s'occuper de ces attaques, cette situation ne peut plus durer. 

Isalia Stieffatre