Le 29 mars, la Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une session sur la compaction des sols et le choix des pneumatiques des engins agricoles.
Pour montrer aux agriculteurs l’importance du choix de leurs pneus, la Chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une matinée dédiée aux pneumatiques et au problème du tassement des sols. En effet, un sol trop compact ne permet pas un bon enracinement et entraîne donc une perte de rendement.
Compaction et vie du sol
« Un sol qui fonctionne bien, qui n’est pas tassé, est constitué de 50 % de vide, d’air, d’eau », explique Yann Janin, conseiller technique à la Chambre d’agriculture de l’Isère. Et de préciser qu’un sol tassé réduit l’activité des vers de terre, qui ont alors du mal à passer en raison d’un sol trop dur.
Lorsque le sol est tassé, cela se constate sur le moment mais cela a également des effets assez durables dans le temps, notamment sur l’enracinement des cultures. Concrètement, le maïs atteint 50 cm de profondeur dans un sol non-tassé en juin, mais dans un sol tassé, il l’atteint cette profondeur qu’en juillet. Un sol tassé ralentit ainsi la montaison, qui arrive plus tard que prévu, ce qui crée des pertes de rendement conséquentes.
Le tassement des sols réduit également le réservoir utilisable (RU). Par exemple, en ce qui concerne un sol composé de limon argileux profond, le RU maximal est de 117 mm. Lorsque le sol est compacté, le RU n’atteint que 104 mm. Pour un sol composé de graviers superficiels, le RU maximal en sol non-tassé est de 84 mm et pour un sol tassé, il est de 77 mm.
Conserver ses sols
En agriculture de conservation des sols, les infiltrations sont améliorées, et ainsi, la portance. Par exemple, dans une parcelle où les sols ont été conservés pendant vingt ans, l’infiltration d’eau est en moyenne de 160 mm par heure, alors que dans une parcelle labourée pendant vingt ans, elle n’est que de 50 mm par heure. Pour une parcelle conservée pendant dix ans, 150 mm s’infiltrent en moyenne par heure contre 70 pour une parcelle labourée pendant le même nombre d’années. Et une parcelle cultivée dans le cadre d’une agriculture de conservation des sols pendant huit ans verra environ 100 mm d’eau s’infiltrer par heure en moyenne contre 70 mm pour une parcelle labourée pendant huit ans.
« Ce n’est pas l’absence de travail du sol qui est important, c’est surtout la présence de racines et de couverts à un moment donné », ajoute Yann Janin. Et d’ajouter qu’il faut alterner les modes d’implantation des cultures pour avoir un sol aéré.
Ainsi, un tassement n’est pas toujours visible, est durable, limite la prospection racinaire et donc l’accès aux éléments, à l’eau et rend la culture plus sensible aux aléas climatiques. L’agriculture de conservation des sols permet en général de prévenir les risques de tassement en maintenant la porosité biologique, alors plus stable dans le temps, et en favorisant l’infiltration des eaux excédentaires.
Quels pneus choisir ?
Le choix des pneus de son matériel agricole doit alors être réfléchi. Pour Damien Gayet, de la Fédération régionale des Cuma, « un tracteur n’est rien sans des pneumatiques adaptés ». Un dimensionnement et une utilisation adaptée peuvent permettre 5 à 10 % d’économie de GNR (gazole non routier) et les pneumatiques doivent répondre à plusieurs objectifs : l’adhérence, l’efficience énergétique, le respect des sols et la durabilité.
« Pour tracter quelque chose de lourd, il faut avoir le plus grand volume d’air possible dans les pneus, rappelle-t-il, mais étant donné que les tracteurs vont de plus en plus vite, il faut vérifier qu’ils soient bien conçus pour tenir la charge en roulant à 40 km/h. » Et le tracteur a parfois peu d’impact sur le sol, en tout cas moins que ce qu’il tracte.
Il précise que la pression des pneus a une influence différente sur sol dur ou mou. Sur un sol dur, il faut avoir une surface de contact assez faible, car plus il y en a, plus c’est énergivore pour entraîner le déplacement de l’engin agricole. Et la baisse de pression peut être préjudiciable pour un pneu s’il n’est pas conçu pour tenir cette baisse de pression.
Certains facteurs influencent ainsi le tassement de surface et de profondeur. En profondeur, il est plus difficile à corriger car les interventions mécaniques sont souvent lourdes. En surface, tout dépend du type de pneus et leur pression. Plus le tracteur est puissant, plus la puissance transmise doit être importante. Donc en analysant la pression de contact au sol, et donc la surface de contact au sol, « on sera toujours meilleur avec un jumelage que sur un pneu extra large », explique Damien Gayet.
Pour simuler le tassement des sols, se rendre sur https://ch.terranimo.world
Morgane Poulet
La méthode du profil cultural
Développée par l’Inrae puis reprise et rendue accessible par l’Isara depuis les années 1980, la méthode du profil cultural permet d’observer en profondeur l’enracinement des cultures, l’infiltration de l’eau, le tassement des sols et la vie des sols. En clair, la profondeur des racines, les galeries de vers de terre, ce qui est advenu de la culture précédente et les traits pédologiques peuvent être observés.
« Il est important de pouvoir relier des observations au travail du sol effectué », explique Jean-Pascal Mure, conseiller agroenvironnement à la Chambre d’agriculture de l’Isère. Pour cela, la méthode cherche à relever des « unités ».
Des unités morphologiques sont définies et deux niveaux d’organisation de la structure apparaissent : la façon dont les mottes de terres fines sont organisées et l’état interne des mottes, qui peuvent être constituées de terre fine agglomérée, ou encore être très compactes.
Les zones de terre décolorées indiquent qu’il y a moins d’argile et de fer que dans les zones colorées. Les agrégats renseignent quant à eux sur la faculté de circulation de l’eau dans le sol. La texture des mottes peut être interrogée : les zones ocres, par exemple, montrent une terre moins argileuse que les zones plus blanches. Et il faut noter qu’un limon argileux est constitué entre 50 et 80 % de limon. Le reste est constitué d’argile et de sable. Un test à l’acide chlorhydrique permet de constater si le sol contient du carbonate de calcium : lorsque cela est le cas, une effervescence est visible.