A la demande de l’interprofession, l’historien Édouard Lynch a réalié un livre consacré à l’histoire de l’AOC noix de Grenoble.
« J’ai découvert une appellation pionnière, car dans la France de l’entre-deux-guerres, créer une appellation d’origine relève d’un concours de circonstances sans équivalent. Cet événement dépasse l’histoire locale, assure Édouard Lynch, auteur d’un ouvrage sur la noix de Grenoble commandé par le CING (1). L’histoire de la noix de Grenoble, c’est la petite histoire qui entre dans la grande, celle de la transformation de l’agriculture et de la capacité des institutions à s’adapter, à construire une stratégie économique », assure l’historien encore impressionné par la capacité du petit fruit à s’imposer dans les décisions nationales. Il retrace le chemin parcouru par cette AOC née en 1938.
Pour réaliser cet ouvrage de 175 pages publié aux éditions Libel, Édouard Lynch a passé de longs mois à fouiller dans les archives, départementales, mais aussi dans celles de Terre Dauphinoise, du Mémorial, du Dauphiné, des familles de négociants, du CING et de la coopérative Coopenoix, retrouvées miraculeusement alors qu’on les croyait parties en fumée après l’incendie de 1977.
Le marché de l’export
L’auteur rappelle les conditions qui ont présidé à la création de cette AOC fruitière dans un territoire surtout dédié au XIXe siècle à la polyculture-élevage.
Si le verger se développe dans la région, c’est avant tout à la faveur d’expérimentations techniques dont se distingueront les trois variétés reines, la mayette, la franquette et la parisienne.
L’originalité de la production tient aussi à sa commercialisation rapidement tournée vers l’international. Dès lors, la profession a eu besoin de se structurer et de définir un périmètre de production. Les premiers syndicats et la coopérative précèdent de quelques années la création de l’AOC.
Des histoires de territoires, de produits, d'hommes...
« C’est une expérience qui permet de mettre au jour des histoires de territoires, de produits, d’hommes. C’est aussi une histoire de rencontres », souligne l’historien.
Il fait valoir la confiance qui lui a été accordée par les personnes avec lesquelles il a travaillé et la facilité de la mise en contact avec les principaux témoins dont certaines grandes figures du passé.
« Un passé qui parfois peut être inquiétant car on ne sait pas ce que l'on va trouver… »
Yves Borel, le président du CING, confirme avoir « donné carte blanche » à l’auteur et rappelle que l’initiative de cet ouvrage a été prise avec le Grand séchoir, la Maison du pays de la noix, et son musée dédié à toute la filière.
Il y voit un outil de dialogue « que tous les gens du terroir peuvent consulter » afin de mieux connaître cette histoire-là.
Et, ajoute Patrice Ferrouillat, le président du Grand séchoir, un outil pour « comprendre que les agriculteurs sont aussi sensibles aux soucis environnementaux, un outil qui permet de sortir de la dualité et de refaire dialoguer les gens. »
Isabelle Doucet
(1) CING : comité interprofessionnel de la noix de Grenoble