Seniors
Reproduire sa vie d’antan en Marpa

Morgane Poulet
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Le 8 juillet, la Marpa de Pierre-Châtel a réuni ses différents partenaires pour revenir sur l’importance des résidences autonomie pour bien vieillir autrement.

Reproduire sa vie d’antan en Marpa
Le jardin de la Marpa de Pierre-Châtel embellit les allées des résidents.

« La Matheysine a une population très vieillissante, nous avons donc réellement besoin de Marpa(1) », constate Coraline Saurat, présidente de la Communauté de communes de la Matheysine, lors de la visite du responsable de la fédération nationale des Marpa, le 8 juillet, à la Marpa des lacs, située à Pierre-Châtel.
Ouverte en octobre 2022, la résidence fait partie des solutions qui peuvent être mises en place pour que les personnes âgées autonomes vieillissent bien.
 
Miser sur le grand âge sans incapacité
 
« La Marpa des lacs, tout comme les autres Marpa de France, répond à une démarche de lutte contre la perte d’autonomie », explique Françoise Thévenas, présidente de la MSA Alpes du Nord. Le concept des Marpa est en effet d’accueillir des personnes âgées de plus de 60 ans et qui soient autonomes. Chaque résident occupe un petit appartement et est libre de circuler comme bon lui semble, de sortir de la résidence comme il l’entend, de prendre ses repas avec les autres ou pas.
Pour Jean-Christophe Billou, responsable de la fédération nationale des Marpa, « il est important d’anticiper le vieillissement de la population et les Marpa font partie des solutions pour accueillir des personnes autonomes ». En effet, les plus de 75 ans constituent aujourd’hui 9 % de la population française, mais ce chiffre devrait monter à 18 % d’ici 2050. Il considère que les Marpa doivent être des établissements ouverts sur leur territoire, capables d'accueillir les seniors qui le souhaitent pour un repas ou encore la participation à une activité.
 
Rempart contre l’isolement
 
Contrairement aux Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), les Marpa ne sont pas des adaptées aux personnes âgées dépendantes. L’autonomie est le critère principal permettant d’accéder à une Marpa, dont l’objectif est d’apporter un lieu et une qualité de vie qui préservent les habitudes antérieures des résidents.
A Pierre-Châtel, la Marpa des lacs est le résultat d’une « volonté politique entre la mairie, le Conseil départemental, la MSA et la communauté de communes, relève Coraline Saurat. Il a fallu convaincre tout un territoire, mais ce projet fait sens car il s’intègre dans une volonté de vivre ensemble et dans une vie de village ». Implantée au cœur de la commune, la résidence permet en effet aux résidents se rendre au marché du dimanche matin, au repas des aînés et aux événements organisés toute l’année.
 
Joindre les deux bouts
 
Afin de bénéficier d’une telle infrastructure, le Département de l’Isère souhaite que la tarification pour les résidents soit la plus basse possible, tout en couvrant les charges d’exploitation de l’établissement. « Le Département a largement accompagné financièrement la Marpa des lacs », explique Delphine Hartmann, vice-présidente du Département à l’autonomie et aux handicaps.
Le rôle de la collectivité est de fixer un prix quotidien pour les résidents. De 33,79 euros à l’ouverture de la Marpa, le tarif est passé à 35,21 euros actuellement, repas non-compris. La résidence ne peut pas demander plus aux habitants. Pour Fabien Champarnaud, directeur de la MSA Alpes du Nord, « il est important de trouver un juste milieu pour assurer le bon fonctionnement de la Marpa », d’autant plus que le budget alloué aux établissements d’accueil des personnes âgées doit être réparti dans tout le territoire isérois.
Jean-Christophe Billou remarque que ce tarif imposé est néanmoins bas et qu’il peut être difficile de faire tourner l’établissement ainsi, malgré l’aide financière de la MSA. « Ce prix est pourtant l’un des plus élevés de l’Isère, mais il faut que nous continuions notre travail collectif pour que tout s’améliore », concède Delphine Hartmann.
 
« Une grande famille »
 
Avec un taux de satisfaction de 92 % (une seule personne étant « moyennement satisfaite »), la Marpa des lacs semble remplir ses objectifs. Aline, l’une des résidentes, explique avoir vendu sa maison pour venir s’installer dans la Marpa des lacs en compagnie de son époux. « Tout le monde sourit, ici, et est heureux. Ce lieu est plein de belles choses, glisse-t-elle. Vous ne pouvez pas savoir le réconfort que l’on a quand on se retrouve ici. »
Comme pour confirmer ses paroles, le taux d’absentéisme des salariés est de 0 % : signe pour la Marpa qu’au-delà des conditions de vie agréables offertes aux résidents, les agents polyvalents sont heureux de se rendre à la résidence. « Contrairement à ce que j’ai pu connaître en Ehpad, j’ai ici le temps d’échanger avec les résidents », constate Anaïs Jacquet, salariée à la Marpa des lacs. Ces temps passés ensemble permettent de créer du lien rapidement. « Nous sommes très présents et pouvons passer beaucoup de temps avec les personnes âgées, notamment l’après-midi », ajoute-t-elle. D’autant plus que le « gros du travail » est représenté par les repas à préparer et que les résidents aident les agents polyvalents lorsqu’ils en ont besoin.
« Nous sommes dans un climat très familial, nous nous sentons rapidement très à l’aise, un peu comme si nous étions chez nous, explique Anaïs Jacquet. La Marpa est une grande famille ». Et même si les résidents peuvent sortir seuls comme bon leur semble, des activités et des sorties sont tout de même proposées, comme des pique-niques au lac ou des après-midi cinéma. « Les résidents peuvent s’impliquer à différents degrés, rien ne leur est imposé. Et lorsqu’ils nous disent qu’ils se sentent chez eux, nous savons que nous avons fait du bon travail », sourit-elle.
La construction d’une Marpa à Biol est en projet. « Le début des travaux pour mettre au point la Marpa de Pierre-Châtel date de 2012, pour une ouverture en 2022. Nous espérons ne pas battre ce record avec la Marpa de Biol, dont le projet a débuté il y a deux ans », relève Fabien Champarnaud. Alpes Isère Habitat est le constructeur retenu. Il s’agit du même que pour la Marpa de Pierre-Châtel. Cette résidence devrait pouvoir accueillir 30 résidents pour 29 logements, et ce dès 2026 s’il n’y a pas de retard.

Morgane Poulet

(1) Maison d’accueil et de résidence pour l’autonomie.

Cultiver son temps
Le potager comprend de nombreuses cultures dont les résidents prennent soin.
Projet

Cultiver son temps

La Marpa des lacs est approvisionnée en majorité par le potager créé par l’un de ses résidents.

A Pierre-Châtel, la Marpa des lacs offre un cadre de vie plaisant pour ses résidents : si elle laisse libre chacun des résidents de participer aux sorties et activités organisées, elle leur permet également de s’investir dans sa vie sociale.
C’est ce qu’a choisi de faire l’un des résidents, Georges, en prenant en main la gestion du potager qui fournit la majeure partie des fruits et légumes préparés dans la cuisine centralisée de l’établissement.
 
 De l’investissement et du plaisir
 
« Je suis arrivé à la Marpa des lacs après un accident de la vie, confie Georges, l’un des résidents. J’ai vu des serres à monter dans le jardin, et deux ou trois jours plus tard, je m’en suis occupé. Cela fait partie de mon parcours de vie, m’occuper d’un potager est quelque chose que je connais. »
Avec l’accord du directeur du site, il a agrandi le jardin, le faisant passer à environ 400 m2. En effet, 100 m2 d’un terrain extérieur sont prêtés gratuitement à la Marpa. La production du potager est ainsi fournie à la cuisine pour que les repas soient préparés sur place. « En termes de circuits-courts, on peut difficilement faire mieux », relève Bernard Griet, président de la Marpa.
Ce projet est très gratifiant pour le résident. D’autant plus qu’il reçoit de l’aide de la part des salariés et des autres résidents. « De toute ma vie, je n’ai jamais été aussi confortablement installé. Mon appartement est très lumineux et m’a permis de faire pousser 34 pieds de tomate derrière ma baie vitrée », confie-t-il.

MP

La Marpa de Pierre-Châtel en chiffres

 Ouverture le 17 octobre 2022 :
-       1 418 m2
-       24 logements de plain pied de 36 m2, l’équivalent de T1 bis
-       26 résidents dont deux couples
-       Salle commune et salon de 96 m2
-       Taux d’occupation de 97,6 %
-       Moyenne d’âge de 82 ans
-       Tarif journalier sans les repas : 35,21 euros

MP
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