Foire d'automne
Ils n'ont pas raté les Rendez-Vous

Elle a été décidée très tard, mais la foire de Beaucroissant appelée cette année Rendez-vous de l'agriculture a bien eu lieu dans le petit village afin de ne pas laisser un trop grande vide s'installer.

Ils n'ont pas raté les Rendez-Vous
On aurait dit la Foire de Beaucroissant, mais c'était Les Rendez-Vous de l'agriculture, même endroit mais configuration différente.

Il n’y aura pas eu une nouvelle année blanche sans la foire d’automne de Beaucroissant. 2021 aura donc fait reculer les virus de mauvais augure. Même s’il reconnaît « qu’il était prudent quant à sa tenue », c’est quand même Jean-Claude Darlet, président de la chambre d’agriculture de l’Isère qui a interpellé Antoine Reboul, maire de Beaucroissant, sur la nécessité d’un rendez-vous d’automne. « Antoine Reboul était euphorique, Jacqueline Rebuffet, présidente d’Agrivillage aussi, Jérôme Crozat, président du Conseil de l’agriculture départemental était enthousiaste… » Alors il fallait se rendre à l’évidence, la Beaucroissant devait être tenue après trois éditions (deux en 2020 et celle du printemps 2021) annulées. « L’événement est plus modeste qu’à l’habitude, mais il garde le lien, reconnaît Antoine Reboul, et a pu avoir lieu grâce aux 53 bénévoles mobilisés. » 

Impatience

Certes, la foire, appelée cette année Les Rendez-vous de l'agriculture, a été moins étendue qu’à l’accoutumée, et a eu une caractère professionnel. La famille agricole s’y est retrouvée après de longs mois d’abstinence et visiblement, c’était palpable : tout le monde attendait cette remise en route avec impatience. « C’est une manifestation qui permet d’échanger sur les besoins, sur des thématiques particulières, mais elle n’a connu ce succès que parce qu’il y a eu une solidarité de tous les acteurs de la filière », commente Jean-Claude Darlet, reconnaissant l’effort des concessionnaires qui « auront des carnets de commandes moins épais que pour les autres éditions, mais qui sont là ».

Vitrine

Yannick Neuder, vice-président du conseil régional salue « ce retour à la vie avec le maintien de cette foire. C’est une belle vitrine et il ne faut pas couper la dynamique. » Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental, félicite tous ceux qui ont cru à cet évènement. « C’est exceptionnel de croire en l’avenir comme ça, mais c’est vrai que c’est une vitrine pour agir et échanger avec le monde agricole ». Le nouveau préfet de l’Isère, Laurent Prévost, se dit « heureux de retrouver les sujets agricoles car ils sont fondamentaux pour l’environnement et le territoire ». 

Et justement, les points à aborder ne manquent pas. « Le renouvellement des actifs est le point le plus important, estime Jean-Claude Darlet alors que « de nombreux actifs agricoles vont quitter le métier pour cause de retraite dans une poignée d’années ». Une préoccupation dont on aura beaucoup entendu parler dans les allées de Beaucroissant pour tous les types de métiers liés à l’agriculture. Pas seulement les agriculteurs. Des offres d’emplois existent à profusion dans ce secteur, mais tous les recruteurs se plaignent d’avoir très peu de candidatures par rapport aux besoins et ce n’est pas forcément une question de salaires. D’ailleurs, le syndicat des Jeunes agriculteurs 38 a invité pendant la foire des élèves des établissements de formation afin de leur faire découvrir des facettes des différents métiers possibles. « Il faut redonner du sens aux filières, retrouver une foi à produire, et que l’alimentation retrouve une réelle valeur », estime Jean-Claude Darlet. 

Du saucisson mais pas du porc

Autre dossier soulevé par le président de la chambre d’agriculture, le maintien du foncier nécessaire à la production. Il va falloir trouver des solutions estime-t-il en substance pour éviter que n’importe quel projet agricole soit attaqué par des opposants ou ne reçoive un avis négatif de l’Administration. « Il va falloir lever des ambiguïtés : les gens veulent du saucisson fermier, mais refusent un élevage de porcs plein air à proximité… » En tant que « bon président de chambre, il ne pouvait éviter le sujet du loup. Il arrive à Chatte, il est aux portes de Lyon… nous sommes favorables à son implantation parc Paul Mistral au centre de Grenoble, parce que là, il n’y a pas d’agneaux », lance-t-il un brin provocateur. Le préfet s’est montré attentif à ses dires et assure qu’il « prendra du temps pour traiter de ce sujet car la prédation commence à s’étendre aux bovins. »

Yannick Neuder a quant à lui, évoqué le sujet de l’irrigation, soulignant que la profession iséroise s’est montrée « agile vis-à-vis de la Région car la moitié de l'enveloppe régionale consacrée aux équipements d’arrosage a été dirigée vers notre département. Mais on a affaire là à une agriculture de précision qui permet d’utiliser les quantités d’eau avec efficience, là où il faut quand il faut », même si cette année n’a pas présenté un schéma de besoins classique. « Accompagner les innovations, les technologies de précision, la recherche est le rôle de la Région. »

Jean-Marc Emprin

 

Produits locaux : Le Département compte sur la profession pour atteindre 100%
La démarche de développement du Pôle agro-alimentaire a été évoquée lors du passage du cortège inaugural devant le stand du conseil départemental. Fabien Mullick et Pascal Denolly ont mis en avant cette politique visant à faire revenir les circuits longs dans les GMS ou la restauration collective.

Produits locaux : Le Département compte sur la profession pour atteindre 100%

« L’objectif du conseil départemental est d’arriver à 100% de produits locaux dans nos cantines d’ici 2028 », a annoncé Jean-Pierre Barbier, président du conseil départemental lors des discours inauguraux des Rendez-Vous de l’agriculture à Beaucroissant. Mais celui-ci reste lucide : « Je peux le dire, mais si la profession, la production n’est pas là, je ne pourrai pas le faire. Nous n’en sommes qu’au début du chantier. La structuration de la filière est nécessaire ». 

Justement, le président du Département sait qu’il peut compter sur le pôle agro-alimentaire (PAA). « Le PAA est la rencontre de la profession avec un département qui nouent des liens durables, explique Pascal Denolly, président du PAA. L’association emploie un directeur et une commerciale, regroupe 100 agriculteurs et 30 entreprises de la transformation afin de créer une interface commerciale entre la production et la distribution. Le PAA ne fait pas de la vente directe, mais permet aux filières longues de reprendre pied dans les grandes et moyennes surfaces (GMS). Ainsi nous pouvons affirmer aux producteurs qu’ils ont un débouché parce que la production a un partenariat avec la collectivité et le secteur de la transformation. » 2022 va être l’année de l’accélération de la démarche centrée autour de la structuration des différentes filières nécessaires. 

JME
Un Breton à La Côte

Un Breton à La Côte

Paul-Emile Adam est le nouveau responsable d’exploitation de la ferme du lycée agricole de la Côte-Saint-André. Arrivé en Isère le 1er août, le jeune homme arrive de Bretagne attiré par les montagnes et surtout par la découverte d’autres pratiques d’élevage. Titulaire d’un BTS Acse et d’un master Produits locaux et du terroir, il voulait revenir en production après un passage par le secteur de la commercialisation dans une coopérative. Mais le nouveau venu est surtout motivé par la production et ses défis quotidiens. 

JME