INSTALLATION
« Soutenir l’installation, c’est aussi soutenir le dynamisme du monde rural »

Si les chiffres de 2021 sont provisoires, les premières tendances présagent que la dynamique d’installation en région sera similaire à l’an dernier (lire encadré ci-dessous). Le point avec Clément Rivoire, vice-président des Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes en charge de ce dossier.

« Soutenir l’installation, c’est aussi soutenir le dynamisme du monde rural »
Clément Rivoire, vice-président des Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes en charge de l'installation. ©JA AuRA

Quel est le bilan chiffré de l’installation en région ?

Clément Rivoire : « Il est encore trop tôt pour dresser un bilan précis de l’année 2021. Certains départements ont démarré plutôt doucement mais affichent ces dernières semaines des records d’installations par rapport aux années précédentes. D’après les premières tendances, nous serons sans doute dans la même dynamique que l’an dernier. Auvergne-Rhône-Alpes est l’une des régions qui installent le plus en France, avec environ 1 500 nouveaux chefs d’exploitation 2020 dont 812 installations aidées. Le Puy-de-Dôme est le département qui compte le plus de nouveaux installés mais des départements plus petits et plus urbanisés comme le Rhône s’en tirent bien également. Depuis 2017, le nombre global d’installations est constant mais les installations aidées progressent grâce notamment à la nouvelle grille DJA (dotation jeune agriculteur, ndlr) qui intègre désormais la quatrième modulation, une somme allouée aux porteurs de projets en fonction de leur plan d’entreprise sur les quatre premières années. »

Quel est le profil des nouveaux installés ?

C.R. : « Aujourd’hui, nous avons pratiquement autant d’installations aidées que d’installations non-aidées. Les deux-tiers des moins de 40 ans, l’âge limite pour être éligible aux aides, les sollicitent. Ceux qui ne le font pas sont ceux qui ne remplissent pas le deuxième critère, à savoir être titulaire d’un diplôme équivalent à un baccalauréat agricole. 43 % des installés sont des hors-cadre familiaux, signe de l’ouverture de nos métiers à des publics divers. L’autre tendance observée est la féminisation des nouveaux installés, avec de nombreuses femmes qui ne souhaitent plus seulement être des conjointes collaboratrices mais veulent s’installer à titre individuel. Même si les zonages ont évolué, la majorité des installations se font en montagne même si nous avons toujours des jeunes qui font le choix de s’installer en zones de plaine malgré des aides moins importantes pour eux. »

Quelles sont les dynamiques en fonction des filières ?

C.R. : « D’une manière générale, tous les projets qui intègrent de la vente directe ont aujourd’hui la cote. Le maraîchage ou l’élevage de chèvres et de brebis sont donc naturellement les filières qui ont les dynamiques de progression les plus importantes. A l’inverse depuis pas mal d’années, c’est plus compliqué pour les installations en bovins lait et allaitants qui pâtissent de leur image. Cela s’explique à la fois par les difficultés de revenu et par l’aspect contrainte de l’élevage qui induit des astreintes quotidiennes. L’élevage bovin peut aussi être en décalage avec les nouvelles attentes des jeunes agriculteurs qui souhaitent s’installer, notamment les hors cadre familiaux. Ce profil de nouveaux installés privilégie plutôt une installation en individuel dans des petites fermes plutôt que dans des sociétés plus importantes comme on en retrouve souvent en bovins. On constate d’ailleurs une inadéquation croissante entre les exploitations à céder et les projets d’installation qui ne sont plus les mêmes aujourd’hui qu’il y a quarante ans. »

Quels sont les objectifs que vous avez définis en matière d’installation à JA Aura ?

C.R. : « Notre regard est vraiment tourné vers la nouvelle PAC qui finance en grande partie l’installation aidée. L’objectif est de parvenir à garder la même dynamique d’installation et d’avoir une dotation jeunes agriculteurs qui reste attractive. Pour remplacer les agriculteurs qui vont partir à la retraite dans les prochaines années, il faudrait passer de 800 à plus de 1 000 installations aidées en région Auvergne-Rhône-Alpes donc nous avons encore une grosse marge de progression. Pour y parvenir, nous devrons dans les années à venir redoubler d’efforts en matière de communication, et apprendre à mieux mettre en valeur nos métiers. Nous devrons aussi insister sur le fait que la dynamique d’installation en agriculture ne concerne pas que les agriculteurs : derrière eux gravite un environnement para-agricole, que ce soient les réparateurs ou les vétérinaires. Soutenir l’installation, c’est aussi soutenir le dynamisme du monde rural. »

Propos recueillis par Pierre Garcia