Stratégie
Valoriser la démarche bas carbone

Isabelle Doucet
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Cerfrance Isère accompagne les exploitations agricoles dans un diagnostic et une démarche bas carbone, qu’elles peuvent valoriser.

Valoriser la démarche bas carbone
Mayeul Plaige, conseiller Cerfrance Isère, lors d’une conférence à Beaucroissant sur le bas carbone.

Pour anticiper les changements climatiques et les exigences sociétales qui vont grandissantes, mais aussi pour percevoir une rémunération en échange de leurs efforts pour la réduction des émissions des gaz à effet de serre (GES), Cerfrance Isère propose aux agriculteurs de réaliser un diagnostic carbone dans leurs exploitations.
La démarche, gérée par l’Ademe, s’inscrit dans le cadre du Plan de relance. À ce titre, les exploitants peuvent bénéficier d’aides pour savoir où ils en sont du point de vue des émissions de GES et du stockage du carbone dans le sol.
Ce diagnostic est particulièrement intéressant pour les fermes en grandes cultures, ainsi que pour les élevages en bovins laits et bovins allaitants.
« Il est financé à 90 % par l’Ademe et le reste à charge est d’environ 200 à 250 euros, explique Mayeul Plaige, conseiller Cerfrance Isère, lors d’une conférence à Beaucroissant. Tous les agriculteurs affiliés à la MSA sont éligibles et Cerfrance les accompagne durant tout le processus, qui réclame entre deux à trois demi-journées en présentiel. »
Il recommande de démarrer la démarche à l’automne. Elle consiste en une approche globale de l’exploitation « par une analyse des cycles de vie et s’arrête au portail de la ferme. Nous utilisons pour cela des outils certifiés », ajoute Mayeul Plaige.
Le diagnostic est en deux parties : la première porte sur les émissions de GES et le stockage au sol.
La deuxième établit la vulnérabilité de l’exploitation au changement climatique, à la suite de quoi un plan d’action est proposé, tenant compte des contraintes et des objectifs de la ferme.

30 euros la tonne

L’avantage d’un tel diagnostic est aussi de mesurer la performance environnementale de l’exploitation.
« Elle peut ainsi se situer par rapport aux références, identifier les points de progression, anticiper sur les exigences et mieux communiquer », reprend le conseiller.
Surtout, ce diagnostic « est la porte d’entrée pour une labellisation bas carbone », insiste-t-il. À la clé : une certification de crédits de CO2, « qui correspond à des tonnes de CO2 non émises par l’agriculteur grâce à la démarche de réduction des GES engagée ». Aujourd’hui cette tonne de CO2 s’échange à 30 euros. Elle est achetée par des entreprises dites polluantes qui font ainsi de la compensation.
À l’issue du diagnostic, l’agriculteur s’engage pour cinq ans. Une période durant laquelle il mettra en place un certain nombre d’actions. À l’heure du bilan et lorsque les crédits seront vendus, l’exploitant agricole touchera sa rémunération.
Un acompte de 40 % lui est versé à trois ans.

Financer le changement

Le coût total de l’opération s’élève en moyenne à 4 000 euros sur cinq ans, rapporte le conseiller.
Sur la base de 300 exploitations déjà engagées, la moyenne est de 460 tonnes de GES non émises, soit 13 800 euros de crédit carbone par exploitation à faire valoir. Ce qui donne un bénéfice d’environ 10 000 euros.
« Il ne faut cependant pas se fixer un objectif financier ou vouloir bénéficier d’un effet d’aubaine, prévient Mayeul Plaige. Il s’agit davantage de financer le changement sur une exploitation, de suivre une nouvelle trajectoire, aller au-delà d’une trajectoire normale. Cela entraîne une charge de travail supplémentaire et réclame une vraie motivation de la part de l’agriculteur. »

Isabelle Doucet