Filière viande
Dauphidrom évoque une conjoncture favorable et des perspectives

Isabelle Brenguier
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Lors de l’assemblée générale de Dauphidrom, ses responsables sont revenus sur la conjoncture favorable de la filière ainsi que sur l’activité du groupe et ses stratégies de développement.

Dauphidrom évoque une conjoncture favorable et des perspectives
Eric Chavrot, le président de la section Dauphidrom, a présenté le périmètre d'intervention du groupe Sicarev.

« Les cours de la viande ont beaucoup augmenté et ont même atteint des niveaux que nous n’avions jamais vraiment vu », avance Éric Chavrot, le président de Dauphidrom (1), l’une des sections du groupe Sicarev (2), à l’occasion de l’assemblée générale de la structure le 26 avril dernier à Marcilloles.

« Certes. Mais les charges aussi ont explosé. L’enjeu pour nous, tant pour nos exploitations que pour nos coopératives, est de maintenir le cap. Car la pression est forte autour de nous pour mettre en œuvre des mesures anti-inflation et faire baisser les prix. Oui, les prix de nos produits ont augmenté. Mais, n’est-ce pas un juste rattrapage ? Et ne faut-il pas comprendre aussi que l’alimentation a un prix ? », lance encore le président de la structure.

Si la décapitalisation du troupeau français est amorcée (3), Éric Chavrot estime cependant qu’« il ne faut pas noircir le tableau. Même si l’impact est important pour la filière, si cela entraîne une réorganisation, les prix ont tout de même remonté depuis un an. L’avenir passera par les jeunes. Chacun a un rôle à jouer pour faciliter cette transmission. Il faut tout faire pour que cela se passe au mieux ».

« L’esprit filière »

Éric Chavrot a profité de la rencontre pour présenter les différentes sections qui composent le groupe Sicarev, mettant en avant sa stratégie de développement grâce à ses différents outils de production et de transformation, qui permettent une présence continue et complémentaire de l’amont à l’aval de la filière bovine.

« Nous travaillons aussi bien sur le troupeau laitier que sur l’allaitant, sur toutes les races, mais également sur les ovins. S’agissant de notre activité, en 2022, nous avons collecté 422 828 bêtes (soit 8 130 par semaine) et avons abattu plus de 92 000 vaches (soit 1 780 par semaine). Nous sommes aussi très présents sur les marchés des veaux (de 8 jours et de trois semaines) et essayons de l’être encore plus dans notre zone. A noter que dans notre périmètre, nous abattons un veau sur quatre », indique Raphaël Feignier, le directeur du groupe.

« En bovins, nous développons l’esprit filière au maximum, puisque 95 % des 92 000 collectés sont abattus et transformés dans nos abattoirs et outils de transformation. Mais il y a aussi des animaux qui viennent d’autres structures. Notre objectif est de respecter un ratio 2/3-1/3 d’approvisionnement Sicarev et d’extérieur », ajoute encore le responsable.

« Quant à la destination des bovins maigres, elle est principalement dirigée vers l’export. Mais tout n’y va pas. Il y en a de plus en plus qui restent en France. Pour les veaux, 63 % sont dirigés vers l’Espagne et l’Italie. Et pour les ovins, la stratégie est la même que pour les bovins. Le groupe a la volonté de travailler en filière, c’’est-à-dire que les animaux collectés sont valorisés au sein des entités du groupe ».

« Contrats gagnants-gagnants »

Les différents contrats de production présents au sein du groupe (Label rouge, charolais et limousin, bio, AOP… chez les bovins) permettent la mise en œuvre de filières de qualité et un apport de près d’un million d’euros de plus-value. « Notre idée est de concurrencer la viande d’import pour la RHD (Restauration hors domicile). De ce fait, tous ces contrats sont compatibles avec la réglementation Égalim », précise Camille Masciave, technicienne chez Dauphidrom.

« Ces contrats ont pour objectif de mieux rémunérer les producteurs, de sécuriser leurs revenus. Ils prennent en compte les coûts de production et les marchés. Ce sont des contrats gagnants-gagnants. S’ils sont mis en œuvre pour les éleveurs, ils permettent aussi de faire vivre nos outils », ajoute Thierry Frecon, administrateur de Sicarev.

(1)   En 2022, 442 éleveurs de l’Isère, la Drôme, l’Ardèche, la Savoie et la Haute-Savoie ont livré des bêtes à Dauphidrom

(2)   Société d’intérêt collectif agricole régional pour l’élevage et la viande

(3)   800 000 bovins ont été perdus depuis 2016 et les prévisions font état de la même perte d’ici 2030

Isabelle Brenguier

Plus de steaks hachés, moins de local
Thierry Frecon, administrateur de Sicarev, Eric Chavrot, président de Dauphidrom et Raphaël Feignier, directeur de Sicarev, sont revenus sur les nouvelles habitudes de consommation de viande.

Plus de steaks hachés, moins de local

Les habitudes de consommation de viande évoluent. Les responsables de Dauphidrom en ont fait état lors de l’assemblée générale de la structure.

L’assemblée générale de Dauphidrom a permis aux représentants du groupe de revenir sur la consommation. « Nous sommes sur une consommation stable, mais légèrement en baisse », précisent-ils. « Ce qui évolue davantage ce sont les habitudes de consommation, avec une augmentation marquée de celle des steaks hachés. Aussi, la demande du marché se porte sur les animaux qui font du steak haché. Les vaches laitières contribuent le plus à cette demande. Mais les races à viande en font aussi. Pour autant, nous essayons de valoriser autrement leurs pièces nobles ».

30 % de viande d’import

En abordant la question de l’origine, les responsables de Dauphidrom ont souligné que la période du Covid avaient permis aux consommateurs de se rappeler qu’il y avait une production française de viande et s’étaient recentrés sur le local, faisant diminuer les importations. La période s’éloignant, ils oublient à nouveau la filière de l’hexagone. « Aujourd’hui, 30 % de la viande bovins vient de l’import. Et cette proportion augmente en flèche. C’est inquiétant, car 30 %, c’est une bête sur trois », soulignent-ils. En outre, les GMS, qui faisaient plutôt le choix de la viande française, ces derniers temps, sous couvert de l’inflation, se tournent de nouveau vers la viande d’import. Les importations augmentent en provenance de tous les pays (+21 % d’import entre 2022 et 2021).

La bonne nouvelle est que pour l’instant, la France résiste mieux à l’inflation que les autres pays européens. Les cours sont mieux maîtrisés. Mais ce contexte inflationniste plus fort en Europe qu’en France, pourrait entraîner des conséquences négatives. Comme les consommateurs des pays voisins achètent moins de viande, ces derniers ont une surproduction qui pénètre le marché français et qui, à terme, pourrait l’inquiéter.

IB