Musée de Grenoble
Cy Twombly, artiste ambivalent aux aspirations passées
Le musée de Grenoble consacre, jusqu'au 24 septembre 2023, une exposition au célèbre artiste Cy Twombly. La présentation se concentre sur la période allant de 1973 à 1977. L’occasion d’en apprendre plus sur un homme aux œuvres ambiguës et aux aspirations antiques.
Artiste peu connu en France, Cy Twombly fait pourtant parti de ceux qui ne manquent pas de talent.
Son arrivée en Italie, en 1957, marque le début de sa découverte de l’héritage gréco-romain. Une trouvaille qui ne manque pas d’influencer ses œuvres.
Son intention, pour les 86 œuvres exposées au musée de Grenoble jusqu'au 24 septembre, est avant tout de ramener à la vie ces personnages antiques et ce qu’ils représentent. Dionysos, Pline l’Ancien, Orphée, Narcisse, Apollon, Venus sont autant de noms qui se retrouvent au cœur de son travail.
L’exposition propose une visite chronologique des œuvres sur les années allant de 1973 à 1977.
Centré sur ces cinq années, cet accrochage permet de mieux connaître une période décisive dans la vie professionnelle de Twombly, qui va délaisser la peinture au profit du support papier.
S'affranchir des codes
Twombly se caractérise par un style particulier alliant de simples mots, des traits avec des traînées de couleurs et des gribouillis.
Dès 1973, Twombly réalise une série de huit dessins consacrés à Virgile, une sorte d’incantation à un personnage qui le fascine.
La même année, il crée une série de neuf collages rendant hommage aux différents poètes et écrivains auprès desquels il s’identifie tels que Montaigne, Paul Valéry, ou encore John Keats.
L’année suivante c’est un ensemble de collages s’inspirant des feuilles de figuier qui permet la poursuite de son travail. Mélangeant le sensuel, le sexuel et la provocation, Twombly s’affranchit totalement des codes.
Il trouve en la nature élémentaire, presque originelle, une seconde source d’inspiration.
Si le passé s’exprime dans ses aspirations, il l’est aussi dans les matériaux. L’ensemble de ces dessins ou sculptures sont faits à partir d’éléments déjà usés.
Jugées trop enfantines, ses œuvres sont souvent l’objet de critiques durant ces années-là.
Des réflexions qui ne déstabilisent en aucun cas l’artiste qui va même jusqu’à s’en amuser en collant par-dessus ses travaux des dessins d’enfants.
Avec les dieux
À partir de 1975, Twombly travaille depuis sa villa de Bassano in Teverina, petite ville au nord de Rome. L’esprit de cette maison, antique, crée un environnement propice à de nouvelles créations. Remplie de statues de Pan et de bustes d’empereurs romains, Twombly parvient à réaliser une série de vingt et une œuvres intitulées Allusions dans lesquelles Dionysos, Orphée et Narcisse reprennent vie sous ses doigts. Au cours de ces années 1970, un hommage au dieu Pan est réalisé par cet esthète dans deux collages remarquables.
Twombly a également travaillé sur une représentation des différents mois de l’année en parvenant à mettre sur papier l’esprit et le caractère de chacun d’entre eux. Une fois de plus, l’artiste travaille avec le temps passé. Bien que l’art de Cy Twombly se nourrisse du temps passé, il parvient aussi le temps de l’exposition, à l’arrêter.
Constance Huilié
Un artiste singulier
Né en 1928 à Lexington et mort en 2011 à Rome, la carrière de Twombly débute en même temps que l’expressionisme abstrait se développe à New-York.
Dès ses débuts, son style se caractérise par une grande liberté mêlant des lettres, des chiffres avec des salissures et des tâches.
Sa rencontre avec la culture antique, à son installation à Rome en 1957, va imprégner au fur et à mesure ses œuvres. Il expliquera ainsi que « en ce qui me concerne, ma source est le passé ».