ÉNERGIE
Les EnR tendent la main à l’agriculture

Les énergies renouvelables ne peuvent se passer de l’agriculture. Elles ont besoin d’elle pour son foncier, sa biomasse et ses actions de compensations écologiques, ressort-il du premier forum des énergies renouvelables et de la biodiversité.

Les EnR tendent la main à l’agriculture
Jules Nyssen, président du syndicat des énergies renouvelables (Ser). ©SER_Jean Chiscano

Pas d’expansion des énergies renouvelables (EnR) sans règlement des conflits avec les associations environnementales à propos de la biodiversité dans des secteurs comme la méthanisation, l’éolien et le photovoltaïque, a déclaré Jules Nyssen, président du syndicat des énergies renouvelables (Ser), qui a organisé le 5 juillet le premier forum « Énergies renouvelables et biodiversité ». Dans tous ces domaines, l’agriculture est le point de passage obligé des énergies renouvelables, et c’est pourquoi Jules Nyssen a fait part à plusieurs reprises de sa hâte de voir bouclée la loi d’orientation agricole. « Nous avons besoin de foncier, de biomasse et de puits de carbone pour tous nos projets », a-t-il justifié à l’issue du forum. Lucas Robin-Chevallier, responsable des relations institutionnelles chez EDF Renouvelables, fonde « de bons espoirs sur l’agrivoltaïsme ». Le député Maxime Laisney (LFI, Seine-et-Marne) explique pourquoi il est pour l’agrivoltaïsme : « Je m’oppose à ce qu’on rase des forêts pour y implanter des panneaux solaires. Une forêt, c’est une source de biomasse plus un puits de carbone et de biodiversité. En revanche, en installer au-dessus des vignes ou d’autres terres déjà cultivées est une bonne solution », a-t-il plaidé. Ce forum a mis en exergue les projets éoliens qui non seulement compensent les emprises au sol des éoliennes, mais ajoutent de la biodiversité et de l’efficacité agricole. Ainsi, le parc éolien de l’énergéticien Engie au Mont de la Grévière (Ardennes) a signé un partenariat d’agroforesterie avec un agriculteur bio et co-financé la plantation d’arbres d’essences variées sur deux parcelles d’une surface totale de plus de 15 ha, a rapporté Cédric Barbary, responsable du pôle biodiversité chez Engie. À l’appui de ce propos, Jean-Bernard Guyot, agriculteur dans la Marne et président de l’Association d’agroforesterie du Nord-Est, a témoigné : « Sur un hectare d’agroforesterie, on produit 80 % du rendement de céréales par rapport à un champ voisin et 60 % de ce que produit une forêt, la valorisation du bois en menuiserie et bois-énergie apportant un complément de revenu à long terme ».

La haie, source d’apaisement

« Comme on aura besoin de développer massivement les EnR, il faut s’attendre à voir croître les conflits EnR-biodiversité », selon le député Pierre Cazeneuve (Renaissance, Hauts-de-Seine). De plus, les renouvelables sont volontiers accusées d’artificialiser les terres « alors que la cause principale de l’artificialisation est l’infrastructure de transport et l’habitat », a rappelé David Marchal, directeur adjoint des programmes à l’Ademe. Au milieu de ces sources de conflits, la haie est un trait d’union entre les acteurs des EnR et les écologistes. L’importance de la haie a été citée par de nombreux intervenants à ce forum. Le sénateur Daniel Salmon (groupe écologiste « solidarité et territoires », Ille-et-Vilaine), qui a déposé une proposition de loi sur les haies, en a souligné tous les avantages en termes de bois-énergie, de fixation des sols, d’aspect paysager peu souvent mis en avant : « Planter des haies permet aux citoyens de moins voir les éoliennes et les unités de méthanisation. C’est important pour leur acceptabilité ». Or, les haies disparaissent à raison de 23 000 km par an, alors qu’il s’en plante 3 000 km seulement par an. « On écope mais le bateau coule », a commenté Lucas Robin-Chevallier.

Actuagri