Evenement
Des passeports pour l’installation

Isabelle Doucet
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Les 23 et 24 novembre, Jeunes agriculteurs Isère organise le premier Forum de l’Installation et des métiers de l’agriculture, au Prisme de Seyssins.

Des passeports pour l’installation
Le métier de mécanicien sera présenté jeudi 23 novembre à 11 h 45.

L’agriculture compte une centaine de métiers, parfois méconnus, souvent passionnants.
Pour mieux faire connaître ce secteur économique et ses gisements d’emplois, Jeunes agriculteurs Isère a conduit l’initiative du premier Forum de l’installation et des métiers de l’agriculture qui se déroulera les 23 et 24 novembre au Prisme à Seyssins.
Ils ont réussi à réunir de nombreuses organisations professionnelles agricoles (OPA) dont leurs représentants parleront parcours, filières et débouchés avec les visiteurs.
Ce salon est ouvert à tous les publics : apprenants des établissements du secteur agricole ou non, demandeurs d’emploi, personnes en reconversion professionnelle, jeunes, familles, grand public.

Orienter les jeunes

Son objectif est de répondre à la problématique de l’installation, du renouvellement des générations, du manque de main-d’œuvre et de la rareté des candidats dans les métiers de l’agriculture.
« Nous avons voulu partir des métiers au sens large, de leur diversité, explique Cédric Fraux, coprésident de JA Isère. Puis nous orienterons les jeunes vers les formations correspondantes. »
Il détaille : « Par exemple, il y aura des concessionnaires qui présenteront les métiers de la mécanique. Si le secteur automobile est saturé, en revanche il y a des débouchés en mécanique agricole. Le tout est d’orienter les jeunes qui peuvent être un peu réticents à l’idée de prendre une voie agricole. »

Nourrir et faire vivre les territoires

L’enjeu de l’installation est capital. « Installer un grand nombre de jeunes, c’est bien, mais il faut qu’ils soient formés, pour que leurs exploitations tiennent la route, avec des métiers utiles qui permettent de nourrir et de faire vivre le territoire, reprend le coprésident. Ce n’est pas pour rien qu’il y a un ministre de l’Agriculture et de la Transmission alimentaire. Il faut mettre le paquet ! ».
Tous les métiers autour du monde de l’agriculture sont aussi des passeports pour l’installation, estiment les JA et participent à la dynamique économique qui fait vivre les fermes et les campagnes.
L’événement imaginé par les JA a pris de l’ampleur en agrégeant les différentes organisations professionnelles agricoles. Car toutes sont concernées par les mêmes problématiques.

Trois pôles

Les structures seront organisées en trois pôles.
Le pôle métiers réunira les secteurs de l’élevage, des services, de l’agroéquipement, de l’agroalimentaire et bien entendu des agriculteurs et des salariés agricoles.
Le pôle formation accueillera la fédération des MFR de l’Isère, les lycées agricoles et CFPPA de La Côte-Saint-André et Saint-Ismier ainsi que Terres d’Auvergne-Rhône-Alpes, l’association de JA Aura qui regroupe l’installation, la formation continue et la transmission.


Le troisième pôle est celui de l’installation-transmission. Il est articulé autour de cinq thématiques : création ou reprise d’exploitation ; choix du lieu d’implantation et accession au foncier ; clés de financement et étude de viabilité ; booster la commercialisation, marques, labels, filières et circuits ; sécuriser le développement de l’entreprise.
Aux côtés de la Chambre d’agriculture de l’Isère, en charge de ce pôle, s’associeront des partenaires comme le Crédit agricole ou la MSA Alpes du Nord.

L'installation en Isère

Une série de conférences est prévue durant les deux jours, chaque intervenant présentant son métier, sa structure ou sa filière.
La Chambre d’agriculture de l’Isère proposera trois interventions sur l’installation. « Nous présenterons les principales données de l’installation en Isère, explique Véronique Rochedy, conseillère en charge du point accueil installation à la chambre d’agriculture de l’Isère. Nous identifierons les filières où il y a des besoins et quels sont les enjeux pour les années à venir, compte tenu notamment des départs à la retraite. Nous présenterons aussi les conditions d’accueil des porteurs de projets ainsi que le CEP, ou conseil en évolution professionnelle, qui est un dispositif d’accompagnement vers la reconversion professionnelle agricole. »

Nos racines

« Les métiers liés à l’agriculture sont nombreux dans la banque », explique à son tour Patrick Pillonel, directeur du développement de l’agriculture au Crédit agricole Centre-Est.
Avec le Crédit agricole sud Rhône Alpes, les deux caisses assureront l’accueil des visiteurs au forum, et donneront des conférences. Les principaux métiers de la banque sont conseiller professionnel et chargé de clientèle agricole, qui s’occupe spécifiquement des clients agriculteurs.
« Il y a aussi des métiers d’expertises liés à l’agriculture », explique le responsable, tels que chargé de clientèle en assurance agricole, ingénieur patrimonial dédié à l’agriculture, chargé d’affaires pour les grosses structures, chargé des énergies renouvelables ou encore différents postes à responsabilité.


« Le plus important est d’aimer l’agriculture et d’avoir une connaissance de ce qu’est une exploitation, indique Patrick Pillonel. Et nous nous chargeons de faire apprendre le métier de la banque. »
Il souligne le rôle privilégié du conseiller bancaire en agriculture. « Il sait ce qu’est l’agriculture, que les agriculteurs nourrissent la France et qu’on a besoin d’eux. Il faut donc préserver cette agriculture, surtout dans les périodes de transition et accompagner les agriculteurs en leur rendant les choses possibles. »
La présence sur le terrain est indispensable. « On comprend les agriculteurs et les investissements qu’ils ont engagés. Leur structure, c’est leur vie. » Il assure : « Conseiller agricole, c’est le plus beau métier du Crédit agricole Centre-Est, ce sont nos racines, l’agriculture ! »

Le vivant

Il y a autant de parcours que de métiers de l’agriculture.
Ainsi le groupement de défense sanitaire (GDS) de l’Isère, qui emploie une vingtaine de personnes, recrute des vétérinaires comme des niveaux bac.
La structure et ses métiers sont inconnus du grand public. Pourtant, la biosécurité des élevages et le bien-être animal sont au cœur de la mission du GDS.
Et à chaque crise, la réglementation se renforce. Les missions des techniciens du GDS sont donc plurielles. Ils évoluent de façon autonome, mais ont une appétence pour le monde de l’élevage et ses valeurs.
Vétérinaire, formateur, mécanicien, boucher-charcutier, conseiller font partie des métiers à découvrir durant ces deux jours.
De nombreux JA seront également présents pour parler de leurs parcours, car une installation qu’elle soit dans un cadre familial ou non, c’est toujours une histoire singulière.
Isabelle Doucet

 

Le programme du forum

 « Travailler dans des conditions acceptables »
Frédéric Blanchard est président de l'APFI, il donnera une conférence jeudi 24 novembre à 15 h 15.

« Travailler dans des conditions acceptables »

Le président de l’association des producteurs fermiers de l’Isère délivrera quelques conseils tirés de son expérience pour une installation fructueuse.

 

Frédéric Blanchard, éleveur caprin à Chozeau et président de l’APFI, l’association des producteurs fermiers de l’Isère, partagera son expérience de producteur, mais parlera aussi de sécurité sanitaire liée à la transformation.
« Je suis installé depuis environ 30 ans », indique-t-il. L’exploitation de 90 chèvres, compte deux associés et trois salariés en équivalent temps plein.
L’éleveur a quelques conseils à prodiguer pour qui souhaite s’installer, de préférence « dans un secteur où l’on gagne sa vie et où l’on travaille dans des conditions acceptables. Ce qui est difficile à trouver dans le monde agricole aujourd’hui. »
Il ajoute : « La transformation, c’est bien car on maîtrise ses prix, mais cela demande beaucoup de travail. Il faut s’organiser. J’ai fait grossir l’exploitation pour cela. La production ne s’arrête jamais, mais en recrutant des salariés, on peut avoir des week-ends, des vacances. Ce qui est à prendre en compte si on veut intéresser des jeunes. »

Connaître la réglementation

Frédéric Blanchard pointe aussi les contraintes administratives, une pression qui ne cesse de s’accroître. « Il faut prévenir les jeunes de ne pas céder à tout et de se faire accompagner. »
D’ailleurs, c’est un des rôles de l’APFI : « Connaître la réglementation, c’est mieux que les inspecteurs ! »
Ne pas se sentir seul, ni avoir honte si un problème sanitaire survient, se former aux outils technologiques, à la commercialisation sont autant d’avantages apportés par le collectif. Mais le plus valorisant, selon le producteur « est le retour direct de nos clients sur notre travail ».
Enfin, une exploitation qui tourne « cela se construit », rappelle-t-il. Il faut pour cela « être accompagné », se forger une expérience avant de s’installer, voir différents systèmes puis être suffisamment nombreux sur la structure « pour ne pas s’épuiser ».
Isabelle Doucet