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« La volonté politique pour créer un 11e PNR n’est plus là »

Isabelle Doucet
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Thomas Spiegelberger, président de l’Espace Belledonne, donne les nouvelles orientations de l’association à l’issue d’une assemblée générale extraordinaire.

« La volonté politique pour créer un 11e PNR n’est plus là »
Thomas Speigelberger, président de l'Espace Belledonne.

Vous avez procédé à une assemblée générale extraordinaire, pour quelle raison ?
Il y avait d’une part la nécessité d’adapter nos statuts qui dataient de 2014, pour des raisons de fonctionnement et au regard des enjeux géographiques. D’autre part, nous avons changé les objectifs de l’association. En 2014, la Région avait donné son feu vert pour la création d’un parc naturel régional (PNR) et aujourd’hui, ce n’est plus le cas. La volonté politique pour créer un 11e PNR n’est plus là. Donc la partie préfiguration de création d’un PNR a été retirée et le projet mis en pause.

Est-ce un allègement des missions de l’Espace Belledonne ?
C’était un projet qui donnait un objectif, mais aussi une mission clivante. De ce point de vue, les choses deviennent plus simples. Cela rassure les personnes qui étaient contre, mais enlève cette vision, ce rêve d’aller vers un PNR pour les autres. Hier, nous vivions cela à demi-mot, mais nous ne l’assumions pas. Les nouveaux objectifs que s’est donnés l’Espace Belledonne sont d’une part de porter la voix de la montagne et d’autre part de travailler sur le développement durable en cohérence au niveau du massif de Belledonne.

Qu’est-ce qui change ?
Des choses ont été abandonnées ou recadrées. La plus visible est que l’année 2022 est marquée par une forte baisse du nombre des employés de l’Espace Belledonne, qui est passé de huit à quatre personnes, ce qui réduit fortement notre activité. Restent aussi présentes les deux personnes hébergées dans l’espace : la chargée de mission agriculture - sur un financement Adabel et chambre d’agriculture -, et celui de la forêt - sur un cofinancement des communautés de communes du Grésivaudan et de Cœur de Savoie. Nous ne sommes en effet plus en charge de certains projets comme le programme Leader qui s’achève. Nous menons aussi une réflexion au sujet des activités pleine nature dans le cadre du programme camp de base, car même s’il est au cœur de nos objectifs, nous subissons une forte réduction de nos subventions depuis 2020. La subvention régionale est passée, depuis 2015, de 100 000 à 70 000 euros. Cependant, nous continuons à porter deux programmes action : la diversification touristique avec les Espaces vallée - dont l’objectif est de sortir d’une saisonnalité différenciée et d’aller vers un tourisme quatre saisons -, le deuxième étant le Contrat vert et bleu sur les continuités écologiques.

Comment s’est opérée cette mutation ?
L’an passé, le Grésivaudan a financé une étude menée par Agate, l’Agence alpine des territoires, afin de nous accompagner vers de nouvelles orientations. J’en retiens la pertinence du périmètre géographique et l’intérêt de maintenir une association autour de l’animation territoriale. Les pistes évoquées sont de prioriser la structuration de l’Espace Belledonne. C’est la raison pour laquelle nous avons adapté nos statuts afin de faire plus de place aux grands financeurs dans les discussions. Nous avons créé deux nouveaux collèges dont le premier qui est celui des collectivités. Nous tendons la main à la région. Le deuxième collège, déjà existant, celui des communes, a été réduit à neuf membres. Le troisième collège est celui des structures, où l’on retrouve la chambre d’agriculture, l’Adabel et le groupement forestier. L’Échappée Belle a fait son entrée dans le conseil d’administration. Et le quatrième collège est ouvert aux personnes physiques. Les élections du bureau se dérouleront fin novembre ou début décembre.

Candidaterez-vous à la présidence ?
Il est possible que je me représente. Je n’ai pris cette présidence qu’en mars 2022 et c’était mon premier rapport moral !

Quels ont été vos premiers chantiers ?
Il est important de travailler sur le partage de l’espace. En préparant l’AGE nous avons organisé plusieurs temps forts dans le territoire dont trois réunions de concertation pour présenter notre nouvelle mouture. Le projet associatif a aussi été présenté dans le cadre des veillées en Belledonne. Nos axes de travail sont de fédérer les acteurs ; d’informer et de communiquer, notamment sur le partage des espaces par des utilisateurs multiples ; et, à moyen terme, d’accompagner les collectivités sur des programmes avec une ingénierie adaptée.

Propos recueillis par Isabelle Doucet