Congrès
Coopérer pour dépasser les individualités

La Coopération agricole (LCA) a organisé le 18 décembre son congrès annuel au Palais des congrès de Paris. Tant dans les tables-rondes que lors des échanges avec des personnalités extérieures, les échanges ont tous valorisé la nécessité de « jouer collectif ».   

Coopérer pour dépasser les individualités
Dominique Chargé, président de la LCA3, a évoqué la raison d’être des coopératives qui est, notamment de « refuser la logique du rapport de forces ». Copy Actuagri - CS

« Bâtir un avenir commun » ; « Retrouver le chemin de la coopération » ; « Inscrire son action dans le temps long, le consensus et l’intérêt général » ; « Concourir à une action commune »… Le fil rouge du dernier congrès de La Coopération agricole s’est clairement inscrit et identifié dans l’action collective. Une gageure quand on sait que « les Français s’engagent de moins en moins d’une manière générale » et aussi « de moins en moins dans le temps », a indiqué Adélaïde Zufilkarpasic, directrice générale de BVA France. Cependant, un jeune sur deux se considère comme engagé notamment sur les sujets de diversité, de bien-être animal ou de transition écologique… Cette « individuation » est consécutive à de nombreuses tendances sociologiques, mais aussi « aux grandes entreprises qui ont capté, capturé et copié le discours des coopératives », notamment agricoles, a expliqué Raphaël Llorca, expert associé à la Fondation Jean Jaurès. Ces grands groupes l’ont transformé à leur profit et par leurs campagnes de publicité ont favorisé, là encore en partie l’individualisme… Cependant, rien n’est perdu, a en substance rebondi Adélaïde Zufilkarpasic qui, stigmatisant « la société de l’absence », voit dans les coopératives l’un des ancrages nécessaires pour recréer du lien et assouvir « le besoin d’avoir plus d’humain ». C’est aussi le message qu’a fait passer Stéphane Israël, patron d’Arianespace1. Sans la coopération entre les différents Etats européens, ni Arianespace ni l’agence spatiale européenne (ESA) n’auraient pu voir le voir et ainsi permettre à l’Europe de se positionner comme le 3e opérateur spatial mondial. 

« Choc de confiance » 

L’une des forces de la coopération réside dans ces territoires et c’est ce maillage qu’il faut cultiver a soutenu Loïg Chesnais-Girard, président de la Région Bretagne, plaidant pour que les politiques, les agriculteurs et l’ensemble de leurs représentants arrivent « groupés à Bruxelles » pour négocier la future poliotique agricole commune (Pac). À condition, toutefois, que la Commission ne vienne pas « contrecarrer cette Pac par des réglementations extra-agricoles comme elle les a multipliées lors de la dernière mandature avec la directive émissions industrielles (IED), la directive SUR (phytosanitaires) ou la loi sur la restauration de la nature », a tempéré Elli Tsiforou, secrétaire générale du Copa-Cogeca. Elle craint qu’avec ces coups de boutoir l’aspect commun de la Pac ne vienne à disparaître à plus ou moins long terme. De son côté, Dominique Schelcher, PDG de Coop-U, a rappelé qu’un tiers de ses marques de distributeurs sont issues des coopératives agricoles et que la grande enseigne, elle-même « coopérative à l’identité assumée », allait poursuivre son partenariat. (lire encadré). Après un échange aux accents très politiques avec François Asselineau, président de la CPME2, Dominique Chargé, président de la LCA3, a évoqué la raison d’être des coopératives qui est, notamment de « refuser la logique du rapport de forces ». Même si aujourd’hui « tout ne va pas mal » a-t-il déclaré, il reste encore de nombreux défis à relever comme « retrouver notre compétitivité », « franchir le mur réglementaire », « réinvestir dans la production d’entrée et de cœur de gamme ». Surtout, « nous avons besoin d’un choc de confiance », a-t-il soutenu, demandant la mise en place d’un fonds de transition. 

Christophe Soulard

1: Il sera remplacé en janvier par David Cavaillolès.

2: Confédération des petites et moyennes entreprises.

3: LCA est adhérente de la CPME depuis janvier 2023.