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Noix de Grenoble

2016 : belle récolte, mais petits calibres

Après un millésime 2015 qualifié d'« excellent », le Comité interprofessionnel de la noix de Grenoble annonce une production en hausse de 18%. La commission maturité doit se réunir le 22 septembre pour fixer la date de début de récolte.
2016 : belle récolte, mais petits calibres

Bien sûr, les feuilles des noyers commencent à jaunir, la sécheresse se fait sentir ici ou là, et les calibres ne sont pas terribles. « Mais on ne va pas se plaindre : nous ne sommes pas éleveurs...», souffle Olivier Gamet, producteur à Chatte. Réunis en assemblée générale le 6 septembre à Hostun, dans la Drôme, les producteurs de noix n'ont guère affiché le sourire des grands jours. Entre le manque de chaleur et la pluie du printemps et le retard de maturité d'une dizaine de jours environ, nombreux sont ceux qui avouent leur inquiétude. Les données chiffrées de leur Comité interprofessionnel les ont rassérénés. La cuvée 2016 s'annonce bien, même s'il faut s'attendre à une grosse proportion de calibres inférieurs à 30 mm. Les prévisions de récolte à la mi-août envisagent en effet un potentiel en hausse de 18,5 % par rapport à 2015, soit une production estimée à 13 000 tonnes. La commission maturité se réunira d'ailleurs un peu plus tard que l'an dernier, le 22 septembre. « Mais il peut se passer beaucoup de choses d'ici la récolte, rappelez vous du coup de vent de l'an dernier qui a fait tomber prématurément près de 20% de la récolte attendue », prévient Catherine Petiet, directrice du CING.

Une centaine de producteurs de noix de la Drôme, de l'Isère et de la Savoie ont assisté à l'assemblée générale du CING qui s'est délocalisée à Hostun, dans la Drôme.

Cela étant, 2015 a été une bonne année, tant côté calibre que côté qualité. Après les mauvais chiffres de 2014, ceux de la campagne 2015 montrent que la production, et notamment les volumes « AOCiables », renoue avec « des moyennes raisonnables ». En effet, en 2015, 80% des volumes produits ont pu être vendus en appellation « grâce aux efforts de la filière », alors que le taux ne dépassait guère 50 à 60% dix ans auparavant. « Nous avons atteint notre objectif », s'est félicitée Catherine Petiet, saluant la « belle production du marché français qui se consolide » en dépit d'une concurrence internationale des plus rudes. « Grâce à la maîtrise de la qualité et à la sécurisation des approvisionnements, l'appellation est devenue un critère déterminant dans le processus d'achat des consommateurs », affirme la directrice du CING.

Evolution des principaux marchés de la noix de Grenoble

Et ce constat vaut aussi à l'export : « Après le net recul du volume de production en 2014/2015 qui avait pesé sur l'export, le regain de production a profité aux principaux marchés européens, explique la responsable. L'Italie, deuxième plus gros marché après la France, augmente ses importations de près de 25% (par rapport à 2014/15) avec un total de 1 766 tonnes. Idem pour l'Allemagne dont le volume importé fait un bond de 31% avec 1 593 tonnes. Le volume total de noix de Grenoble exporté représente quasiment 55% de la production AOP. »

Renouvellement des vergers

Cette situation favorable est-elle appelée à perdurer ? C'est la question que se posent de nombreux nuciculteurs, qui dénoncent la « concurrence déloyale » des producteurs de noix non AOP qui « profitent » des opérations de communication en faveur de la noix de Grenoble développées à grand frais par le CING. Certains se disent également préoccupés par le vieillissement des vergers et l'extension des problèmes sanitaires. « Est-il envisageable de lancer une opération d'arrachage-replantation ? », demande-t-on dans la salle. Sourire d'Yves Borel à la tribune. « C'est sans doute envisageable, répond le président du Comité interprofessionnel. Mais est-ce le rôle du CING ? S'il y a une volonté commune, oui. Nous avons quelques chiffres sur l'état des vergers, mais ils sont flous. Il faudrait des chiffres globaux, fiables, qui concernent tous les vergers, AOP et non AOP. Cela nous permettrait d'engager des démarches et d'obtenir des financements. Encore faut-il trouver un leader pour porter le dossier. » Jean-Claude Darlet, producteur de noix et président de la chambre d'agriculture de l'Isère, va dans le même sens : « La noix de qualité commence par le verger. Pourquoi ne pas réfléchir à un renouvellement des plantations...  Mais il manque des producteurs qui s'engagent. » Répondant en partie aux inquiétudes soulevées par ses confrères, le responsable isérois annonce qu'un courrier de la Senura va prochainement être adressé à tous les producteurs de noix, AOP ou non, pour leur demander de participer à l'effort collectif. Il rappelle également que, face aux menaces récurrentes de sécheresse, des financements régionaux sont encore mobilisables pour développer l'irrigation dans les vergers. En Isère, comme en Drôme.

Marianne Boilève