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Economie

2017, l'année du rebond pour les exploitations

Cerfrance publie son étude annuelle sur les données économiques issues de la comptabilité des exploitations adhérentes de Rhône-Alpes. Les indicateurs pour 2017 semblent se redresser comparativement aux années précédentes.
2017, l'année du rebond pour les exploitations

« En moyenne, nous observons une amélioration des résultats », indique Mathieu Ziegelmeyer, le directeur de Cerfrance Isère.

Le réseau d'expertise comptable régional, Cerfrance Synergie Sud-Est, vient de publier l'édition 2018 des repères économiques, basée sur la comptablité des exploitations et les récoltes 2017.

Les données ont été recueillies auprès des adhérents Cerfrance de huit départements, filière par filière, la production principale représentant 70% de  l'activité.

L'échantillon retenu compte 4 000 exploitations dans 18 filières. La plus importante, en lait conventionnel, réunit les données de 400 exploitations.

Deux filières en difficulté

Considérant l'excédent brut d'exploitation ou EBE (c'est-à-dire la capacité de l'entreprise à rembourser ses emprunts, à rémunérer ses dirigeants, à autofinancer ses investissements et à dégager de la trésorerie), aussi appelé marge globale, celui-ci s'établit à 69 000 euros par exploitation, soit 1 000 euros de plus qu'en 2016.

Deux filières demeurent en difficulté : les céréales, dont les voyants sont au rouge depuis 5 ans, et les bovins viande.
Le revenu disponible par unité de main-d'œuvre ou UTHF* est de 27 000 euros en 2017, tout type de productions confondu (+500 euros par rapport à 2016).

« Ce qui représente un salaire de 1 800 euros par mois, détaille Didier Bréchet, président de Cerfrance Isère. C'est une somme à ramener au coût horaire du travail en agriculture. »

C'est en effet une profession où l'on est davantage coutumier des 60 à 70 heures/semaine que des 35 heures.

Pour autant, la ferme Rhône-Alpes va mieux. Les exploitations ont dégagé en 2017 un chiffre d'affaires moyen de 216 000 euros, dépassant de plus de 5 000 euros celui de l'année précédente.

Sortie de crise

L'organisme comptable observe de près l'indicateur des marges d'orientation, c'est-à-dire, ce qu'il reste une fois que tout est payé pour réaliser des projets ou renforcer sa trésorerie.

En dessous de zéro, les exploitations ne dégagent aucune ressource, voire tapent dans le capital.

« Or, dans chaque filière, un quart des exploitations présente des marges négatives », note Mathieu Ziegelmeyer. En dépit de ces résultats négatifs, ces exploitations agricoles ont la particularité d'avoir une très forte résilience.

Seules les filières viticole dans la Vallée du Rhône, la nuciculture et l'apiculture font exception avec des entreprises toutes bénéficiaires.

De façon globale, après des années 2013 à 2015 où les exploitations dégageaient pas ou peu de marges, la sortie de crise s'est opérée depuis 2017. La marge d'orientation moyenne est de 6 200 euros.

Dans certaines filières, cette marge a bondi, comme dans le lait, où elle est passée en moyenne de - 2 300 euros à + 4 600 euros.

« Cette variation de 7 000 euros est due à l'amélioration du prix de vente du lait, qui est passé de 310 euros à 350 euros/1 000 litres », commente le directeur de Cerfrance Isère. D'un point de vue comptable, il considère l'équilibre à 330 euros/1 000 litres.

Niveau d'investissement

Si des exploitations du secteur rencontrent encore des difficultés, c'est le plus souvent pour des raisons structurelles.

« Avec une production de 200 000 ou 250 000 litres de lait, une exploitaiton laitière a du mal à vivre », poursuit-il. En région, la ferme laitière moyenne produit 350 000 litres/an.

Les exploitations sont aussi pénalisées par leur niveau d'investissement au moment de la crise laitière. Nombre de celles qui ont investi lorsque le lait a décroché entre 2010 et 2012 ont eu du mal à s'en remettre.

Mais il convient cependant de noter que certains équipements, directement dédiés à l'amélioration de la productivité de l'exploitation, ont permis de franchir le pas.

Certes, parmi les investissements non productifs, les charges de mécanisations restent importantes et supérieures à d'autres, mais liées aussi à la particularité et au relief des territoires, ainsi qu'à la diversité et à la taille des exploitations.

Inflexion en bio

Parmi les exploitations supportant les charges les plus importantes, celles en agriculture biologique et plus particuièrement en lait bio, ont connu une stagnation de leurs résultats, voire une légère inflexion.

Pour autant, le secteur demeure porteur et enregistre une augmentation en volume et en nombre d'exploitations.

Le maraîchage n'est plus un épiphénomène tant il se développe en circuit-court.

Par ailleurs, si des éleveurs font le choix de passer de bovin lait à bovin viande, il s'agit plus souvent d'un calcul en termes de qualité de vie qu'économique.

A résultats modestes et équivalents, les éleveurs valorisent encore leurs infrastructures et leurs prairies, mais en travaillant moins.

« Le modèle de la viande standard est compliqué. C'est la vente directe qui sauve la filière en Isère », constate Mathieu Ziegemeyer.

Opportunités de niches

Les autres filières observent des tendances très différentes. La noix a connu une année 2017 exceptionnelle avec un revenu par UTHF de 75 000 euros, même si les charges sont très importantes dans ce secteur.

L'aviculture est aussi en forte croissance, en témoignent les premiers résultats compilés par Cerfrance.

2017 a également été une bonne année en arboriculture.

Si les céréales sont encore à la peine, il apparaît intéressant pour les exploitations de saisir les opportunités de niche : houblon, semences, lentilles, épautre, sarrasin, pois chiche afin de s'affranchir des marchés mondiaux.

« Les modèles ne sont pas opposés, insiste Didier Bréchet. Mais, l'agriculture se reconnecte au consommateur. Il importe de mettre en cohérence son exploitation avec le marché dans lequel elle évolue, avoir sa propre stratégie.»

Isabelle Doucet
Chiffres/

Agriculteurs, producteurs de richesse

La troisième édition de la plaquette des productions agricoles d'Auvergne-Rhône-Alpes a été présentée par Cerfrance au Sommet de l'élevage à Cournon au mois d'octobre.
« ll s'agit d'un zoom sur neuf productions de la région, dont quatre récurrentes : la viande, les céréales, le lait et l'arboriculture », détaille Didier Bréchet, président de Cerfrance Isère et de Cerfrance Synergie Sud-Est.
L'objectif est de rappeler la part du secteur agricole comme élément moteur de l'économie régonale.
Les chiffres clés sont significatifs : 8 000 producteurs de lait conventionnel en région, près de 500 en lait bio, plus de 6 000 producteurs de viande, près de 3 000 céréaliers, une production maraîchère péri-urbaine en plein essor et un zoom sur la tomme-emmental permettant de mesurer les atouts d'une filière « sans nuage ».
 

 

 

 

*UTHF : Unité de Travail Humain Familiale