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Meteo de l'herbe

2019, année plutôt tardive pour l'herbe

Premier bulletin pâtur'RA Drôme-Isère de la chambre d'Agriculture et Conseil élevage.
2019, année plutôt tardive pour l'herbe

Par rapport à la moyenne des 20 dernières années, janvier 2019 n'a pas été chaud.

Fin janvier, seul le sud de la Drôme se rapproche des 200°.

Les autres stations météo de la vallée du Rhône sont proches de la normale (moyenne 1999-2018), autour des 100° cumulés, voir les 23 stations de la Drôme et de l'Isère suivies chaque semaine (tableau 1).

 

Tableau 1

En plaine, trop tôt pour fertiliser les Ray Grass

Pour la Vallée du Rhône, de Valence à Vienne Reventin, les 200° devraient être atteint mi février seulement en 2019, soit 3 semaines plus tard qu'en 2018 ! Un peu plus à l'est, pour les piemonts de la Drôme-Chatte-Grenoble Voironnais, si les températures de février restent dans « la normale », ce seuil ne sera atteint que début mars.

 

Tableau 2

 

 

 

Les graminées ont faim d'Azote

Les graminées absorbent beaucoup d'azote quand la pousse redémarre et que la production de feuille est élevée.

Avec de l'azote disponible pour la plante, c'est plus de tallage, plus de rendement à la première récolte et une première utilisation plus précoce.

Pour les Ray Grass (RGI et RGH), les Dactyles et les Fétuques Elevées, le repère utilisé est le même que pour les céréales : apport de fertilisation azotée aux 200° C, cumulés depuis le 1er janvier (références Arvalis-institut du végétal).

Le repère des 200° toujours valable malgré le changement climatique

Ce référentiel technique des 200° cumulés depuis le 1er janvier est issu d'une série d'essais menés entre 1983 et 1986, pour déterminer le moment optimal du premier apport d'Azote en sortie hiver :

trop tôt, il y a des risques de lessivage, trop tard on perd du rendement et de la teneur en protéines dans le fourrage.

Avec le changement climatique et l'évolution des variétés fourragères, Arvalis a testé la validité de son modèle en 2008 et 2009, avec là aussi des conditions de sols, de climats et d'espèces différentes.

Le repère de 200°C est donc toujours valable.

Un repère efficace

De 2011 à 2013, les agriculteurs qui se sont calés sur ces 200° ont noté un gain de rendement sur prairie de 1,5 à 2 T de MS par hectare , par rapport à ceux qui n'utilisaient pas ce conseil (Arvalis).

S'adapter à la météo 2019

Les prévisions de date ont été calculées, à partir du cumul connu au 27 janvier 2019, en intégrant les normales de février pour chaque station.

Pour tenir compte de la météo de février 2019, vous pouvez suivre le cumul de température de la station proche de chez vous sur l'application développée par Arvalis : www.datenprairie.arvalis-infos.fr

Attention, il y a peu de stations retenues dans le calculateur : vérifier bien que la station retenue selon votre code postal est valable pour votre exploitation.

Besoin des graminées et respect des contraintes zone vulnérable

En zone vulnérable, quelque soit la somme de température, vous ne pouvez épandre de l'engrais minéral azoté qu'à partir du 1° février.

Par contre les éleveurs qui utilisent du lisier sur Ray Grass, notamment les éleveurs bio, sont autorisés à faire les apports depuis le 15 janvier.

Apports précoces sur ensilage et pâture intensive

Sur RGI et prairies temporaires précoces sans légumineuse, prévoir 70 à 100 unités azote pour un rendement entre 5 et 6 tonnes de MS.

Pour les pâtures, un apport de 40 unités dès février se justifie si vous avez moins de 20 ares par UGB, et si vous n’êtes pas dépassé par l’herbe en mai habituellement.

Fauche tardive et PT avec Légumineuses : pas ou peu d'azote

Pour les fauches tardives, pas de fertilisation azotée minérale car il n'y a pas d'intérêt de stimuler les graminées précoces et productives.

Au contraire, un apport organique (fumier, compost) est à privilégier : il favorisera les légumineuses et graminées tardives qui préserveront une bonne valeur fourragère au foin tardif.

Pour les associations RG+TV et les Prairies Multi-Espèces (PME), un apport précoce d'azote sera très favorable aux graminées productives et pénalisera le taux de légumineuses par la suite. Moins de légumineuses, ce sera moins d'azote atmosphérique fixée, donc moins d'autonomie pour la prairie.

Pour la fertilisation minérale des PT avec légumineuses, nous conseillons de ne pas dépasser 40 N/ha/an, le mieux pour l'équilibre graminées / légumineuses étant de n'apporter que des déjections.

Jean Pierre Manteaux
Patrick Pellegrin