Habitat
Des agriculteurs bien logés

Isabelle Doucet
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La MSA pilote un programme de sensibilisation à la lutte contre la précarité énergétique dédié aux agriculteurs. Elle a présenté son action à ses délégués à Saint-Marcellin.

Des agriculteurs bien logés
Méline Borna, animatrice en charge du programme Aééla à MSA Services Rhône-Alpes, Jean-Loup Biard, membre des Compagnons Bâtisseurs et Laurent Roudet de Soliha.

En matière de lutte contre la précarité énergétique, les agriculteurs ne sont pas forcément les mieux logés. C’est pourquoi la MSA a initié le programme « Accélérateur d’économie d’énergie pour le logement des agriculteurs » (Aééla), qui vise à les sensibiliser à l’amélioration de leur habitat.
Il a été présenté le 14 janvier à Saint-Marcellin, un secteur où il a été particulièrement bien accueilli par les bénéficiaires. 

Questionnaire en ligne

Cette opération de sensibilisation – et non pas de financement - vise avant tout à établir un diagnostic énergétique gratuit, réalisé par Soliha, acteur associatif du secteur de l’amélioration de l’habitat.
Il est réservé aux agriculteurs actifs ou retraités, c’est-à-dire les non-salariés agricoles de la MSA, propriétaires occupants de leur logement.  
Un questionnaire préalable permet d’identifier les besoins. Les questions sont simples : « L’hiver, avez-vous froid dans votre logement ? Quelles sont vos charges annuelles d’énergie ? ».
« C’est la porte d’entrée du dispositif », indique Méline Borna, animatrice en charge du programme à MSA Services Rhône-Alpes.
Après avoir rempli et renvoyé le document, les ménages qui le souhaitent ont le choix de prendre rendez-vous avec Soliha.
« C’est sans engagement, insiste l’animatrice. Après cela, les personnes peuvent décider de ne pas faire de travaux. »
Il s’agit seulement d’une préconisation assortie d’un montant et des aides mobilisables.
Les ménages ont jusqu’au 30 juin pour renvoyer le questionnaire qui est disponible en ligne. Les diagnostics gratuits peuvent être réalisés jusqu’à la fin de l’année.
« C’est un conseil ouvert et personnalisé sur un logement », détaille Laurent Roudet, de Soliha.
Le rapport du diagnostic énergétique recense l’état du bâti, les besoins de travaux, les possibilités de la maison et informe sur les aides potentielles. « Cela donne une vision globale des travaux à réaliser », explique Laurent Roudet. Libre aux ménages d’engager ensuite une réflexion sur les tranches de travaux à engager. 

Un intérêt économique

L’originalité du dispositif tient au partenariat engagé avec les Compagnons bâtisseurs et la possibilité de réaliser le chantier dans le cadre d’une auto-réhabilitation accompagnée ou ARA.
Pour alléger la note, cette association propose d’accompagner les ménages pour la réalisation par eux-mêmes de certains travaux. « Il ne s’agit pas de faire à la place, mais d’aider à faire soi-même », prévient Jean-Loup Biard, membre des Compagnons bâtisseurs.
La démarche revêt plusieurs intérêts. Economique d’abord car le faire soi-même permet d’éviter des frais.
Social ensuite, grâce à la mobilisation d’un certain nombre de personnes autour d’un projet (amis, famille, voisins etc.). « Un  chantier en ARA, c’est l’occasion de sortir de l’isolement, de mener un chantier collectif, de s’insérer dans une dynamique sociale », explique le bénévole.
Enfin, il insiste sur l’aspect pédagogique. « A partir du moment où il y a un accompagnement technique, les gens pourront s’approprier d’autres travaux, seuls ou en chantier collectif. »

Une couverture de l'assurance

Jean-Loup Biard poursuit : « L’ARA commence, juste après le diagnostic Soliha, par le choix des travaux que l’on souhaite se réserver, en fonction de ses capacités physiques, techniques, de son temps etc. et de la façon dont on va se coordonner avec les professionnels. Les Compagnons bâtisseurs permettent de faire les bons choix, de mettre en relation les artisans qui entrent dans ce système où les gens participent aux travaux. »
Autre avantage, la présence des Compagnons bâtisseurs dans la boucle, permet de bénéficier d’une couverture assurancielle sur le chantier.
Certains gros chantiers, très consommateurs de main-d’œuvre comme la pose d’isolation, peuvent être menés à peu de frais dès lors que plusieurs personnes sont mobilisées sur un week-end pour réaliser l’équivalent d’une semaine de chantier.
« Les travaux conduits en ARA et qui entrent dans le cadre de la rénovation thermique sont couverts par les aides », précise le Compagnon bâtisseur. 
Le dispositif est susceptible d’intéresser nombre de propriétaires agriculteurs, depuis les plus anciens, qui bénéficient d’une retraite modeste mais peuvent mobiliser une importante main-d’œuvre familiale autour d’eux pour effecteur des travaux en auto-réhabilitation accompagnée, jusqu’aux plus jeunes qui s’installent et se trouvent confrontés à un bâti à rénover entièrement.
Les besoins sont d’autant plus importants que souvent, les fermes sont des bâtiments vastes et anciens et que les investissements ont d’abord été effectués sur l’outil de travail avant l’habitat. 

Isabelle Doucet

 

L’Aééla en chiffres

MSA services a envoyé plus de 22 000 questionnaires en région aux foyers dont elle disposait de l’adresse mail. Le document est disponible en ligne sur le site de l’Aééla.
L’objectif de MSA Services est la réalisation de 1 300 diagnostics par Soliha et 250 accompagnements de ménages en région. 
A ce jour, il y a eu 1 200 demandes de diagnostics et 400 ont été réalisés. 
En Isère, 2 424 questionnaires ont été envoyés, le taux de retour est de 9% pour 135 demandes de diagnostic, 44 visites Soliha réalisées et 16 accompagnements ARA initiés.
Dans le secteur de la Communauté de commune Saint-Marcellin Vercors Isère, 27 ménages ont demandé un diagnostic, Soliha a effectué 11 visites et 8 accompagnements sont cours. 

Présentation du programme Aééla aux délégués MSA

Présentation du programme Aééla aux délégués MSA