Pour maintenir la pérennité de la forêt alluviale de la Platière, un Projet de territoire pour la gestion de l’eau a officiellement été engagé le 14 mai à Sablons.
Depuis 2010, la Directive-cadre sur l’eau (DCE) considère que le territoire de la nappe alluviale du Rhône, à Péage-de-Roussillon, et donc sa nappe d’accompagnement, se sont affaissés localement de plusieurs mètres à la suite d’aménagements réalisés par la Compagnie nationale du Rhône (CNR).
Le 14 mai, à Sablons, Sylvie Dezarnaud, présidente d’Entre Bièvre et Rhône (Eber) et Denis Mauvais, sous-préfet de Vienne, ont ainsi signé la convention de partenariat pour mettre en œuvre le Projet de territoire pour la gestion de l’eau (PTGE), censée protéger les différentes utilisations de l’eau dans le secteur.
Garantir différents usages
La zone concernée par le PTGE héberge la forêt alluviale de l’île de la Platière, qui fait partie des espaces naturels remarquables de la vallée du Rhône. Elle comprend en effet une zone humide classée Natura 2000, une Réserve naturelle nationale et un Espace naturel sensible départemental qu’il est, pour les instigateurs du projet, crucial de protéger.
Le PTGE a ainsi pour objectif de faire retrouver à la nappe un niveau suffisant pour assurer la pérennité de la forêt alluviale, pour préserver les milieux aquatiques et pour maintenir l’alimentation en eau potable ainsi que les usages industriels et agricoles.
Divers leviers d’action
Pour y parvenir, quatre actions ont été définies dont les deux premières se concentrent sur le secteur de la Platière centre. La première concerne la remise en eau de quatre paléochenaux par le biais de deux prises d’eau sur le canal de dérivation du Rhône. Ce travail réalimentera la nappe par infiltration à hauteur de 2,5 m3/s en moyenne et selon les besoins. Les paléochenaux constituent en effet un élément idéal car ils reconnecteront 54 hectares de forêt alluviale à la nappe. Il s’agit ensuite de réduire davantage les prélèvements de la plateforme chimique Osiris, à Roussillon, en passant d’environ 130 000 m3/j à 85 000 m3/j.
Combinées, ces actions auraient pour résultat une connexion de la forêt alluviale à la nappe de 54 hectares, contre 16 actuellement. Toujours selon la même modélisation, la nappe serait aussi semi-affleurante sur 19 hectares contre 8 aujourd’hui.
Du côté de la terrasse sud, il s’agit de substituer partiellement des prélèvements de l’Association syndicale autorisée (ASA) de Salaise-sur-Sanne. Cette zone s’étend sur Chanas, Salaise-sur-Sanne et Péage-de-Roussillon et comprend 50 km de canalisations. Une centaine d’agriculteurs y sont adhérents pour 520 hectares de terres agricoles. L’été, ils utilisent 1 000 m3/h grâce à six forages pour une consommation annuelle d’environ 1 million de mètres cubes. Mais la structure étant fragile, il convient de la surveiller de près. Les travaux permettraient de conserver environ 300 000 m3 dans la nappe, une nouvelle station de pompage serait installée et trois forages seraient supprimés.
Enfin, le travail consistera à réaliser une étude d’optimisation de la ressource en eau pour les industriels de la plateforme Inspira. C’est-à-dire qu’il faudra voir comment réduire les besoins et en développer de nouveaux et favoriser le secteur pour les nouvelles entreprises, mais sans dépasser les 2 000 m3/j. Les ressources alternatives, comme le recyclage des eaux usées, seront notamment étudiées.
Morgane Poulet
La forêt alluviale de la Platière en chiffres
. 240 hectares
. 25 % de la zone Natura 2000
. 18 hectares connectés de manière permanente à la nappe
. 8 hectares présenteraient les caractéristiques d’une zone humide avec une nappe affleurante
. – 40 000 m3/j des prélèvements d’Osiris depuis 2000
. x4 du débit réservé par la CNR dans le Rhône
. 2017 : les prélèvements directs dans la nappe atteignent près de 180 000 m3/j dans les secteurs à enjeux de la zone Natura 2000 et dans les secteurs d’influence
Les acteurs
Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse, ASA, Eber, Conservatoire d’espaces naturels Isère, Compagnie nationale du Rhône, Département de l’Isère, Inspira.
