L’interprofession laitière et ses partenaires réaffirment leur engagement dans une trajectoire de réduction des émissions de gaz à effet de serre. L’enjeu : montrer son adéquation avec les objectifs fixés par le gouvernement.
L’interprofession laitière (Cniel) et ses partenaires – Chambres d’agriculture, Eliance et Idele – ont signé en présence du ministre de l’Agriculture, le 12 septembre au Salon de l’élevage (Space) à Rennes, des « engagements de déploiement opérationnel » pour « accélérer la transition environnementale et climatique » de la filière. L’interprofession s’est fixé l’objectif de diminuer de 17 % l’empreinte carbone des activités laitières d’ici 2025. La trajectoire de réduction est enclenchée, mais les résultats restent insuffisants. Les émissions de gaz à effet de serre de la filière ont baissé de 8 % par litre de lait en sortie d’usine entre 2016 et 2021. Or, le gouvernement a fixé un objectif ambitieux pour l’élevage bovin dans le cadre de la Planification écologique : réduire les émissions issues de l’élevage à hauteur de 5 Mteq CO2 d’ici 2030, soit - 12,8 % à l’horizon 2030 par rapport à 2021, selon le Cniel. « Nous voulions montrer que nous sommes capables de nous inscrire dans les objectifs gouvernementaux tout en augmentant ou en maintenant les revenus des éleveurs », explique la directrice générale du Cniel, Caroline Le Poultier-Helleisen. La réduction de l’empreinte carbone de la filière se fera « en maintenant le volume de lait produit », souhaite-t-elle. La grande majorité du potentiel de diminution des émissions de gaz à effet de serre se situe à l’amont (85 % des émissions). L’interprofession explore notamment les possibilités offertes par la sélection génétique avec le lancement de Méthane 2030, un programme visant à identifier les animaux les moins émetteurs. D’ici 2025, la moitié des élevages laitiers devra avoir réalisé un diagnostic Cap’2ER (leviers de réduction des émissions à l’échelle de l’exploitation).
Des objectifs réalistes
L’enjeu pour les filières d’élevage est de montrer qu’elles pourront remplir les objectifs de décarbonation du gouvernement sans avoir à engager une politique de décapitalisation. Le secrétaire général à la Planification écologique, Antoine Pellion, a participé, le 7 septembre, au conseil d’administration de Chambres d’agriculture France, au cours duquel le réseau consulaire a pu livrer les résultats de son étude de la faisabilité des objectifs visés par la Planification écologique, dans le cas particulier de la filière laitière. En activant les leviers proposés par le gouvernement (ex. haies, méthanisation, autonomie protéique…) sur des fermes du réseau de références technico-économiques des chambres (Inosys), « notre analyse est convergente avec la leur, les objectifs sont réalistes, atteignables sans baisser notre souveraineté et en maintenant les équilibres économiques », rapporte Sébastien Windsor, président de Chambres d’agriculture France. Toutefois précise-t-il : « Nous avons un sujet d’accompagnement ».