Tranche de vie
« J’ai toujours considéré l’agriculture comme un travail »

Isabelle Brenguier
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Agriculteur dans les Terres froides et président de la Safer de l’Isère, David Gallifet est revenu sur son parcours en livrant un témoignage empreint d’une grande sincérité. 

« J’ai toujours considéré l’agriculture comme un travail »
David Gallifet est agriculteur à Bizonnes et président de la Safer de l'Isère.

Son métier : l’agriculture. Sa passion : le sport. Mais jamais David Gallifet, installé à Bizonnes, dans les Terres froides, n’a mélangé les deux. Jamais, il ne disait à ses collègues agriculteurs qu’il pratiquait l’athlétisme à haut niveau, qu’il se déplaçait pour des compétitions tous les week-ends dans toute la France. Et jamais, il ne disait à ses amis athlètes qu’il était agriculteur.
Ce n’était pas par peur du regard des autres, mais simplement parce qu’il voulait séparer, parce qu’il avait du plaisir à sortir du milieu agricole, parce qu’il aime avoir la tête ailleurs.
« J’ai toujours considéré l’agriculture comme un travail, jamais comme une passion. C’est une activité qui me permet d’avoir un salaire à la fin du mois. Mais je sais que le jour où je ne me tirerai plus de salaire, j’arrêterai », explique-t-il, à l’occasion de la Nuit de l’agriculture, le 8 novembre.

Agir

Ce jour-là a bien failli arriver. Il y a trois ans, David Gallifet a été sur le point de mettre un terme à sa carrière d’agriculteur. Pas parce qu’il rencontrait des difficultés économiques. Mais parce qu’il lui était devenu trop pesant de travailler seul. Son élection à la tête de la Safer (1) de l’Isère lui a permis d’éviter de prendre cette décision radicale.
« Cette nouvelle responsabilité m’a permis de faire de nouvelles rencontres, issues d’autres horizons que celles du seul monde agricole. Alors que je me sentais aigri, j’ai côtoyé d’autres personnes qui exercent aussi des métiers chronophages et difficiles. Cela m’a fait prendre conscience que tous les métiers ont des avantages et des inconvénients. Mais quand on est en difficulté -économique ou psychologique-, il ne faut pas avoir peur d’en parler, et il faut agir avant que cela ne soit trop tard ». 
Aujourd’hui, David Gallifet a 50 ans. En bonne santé, il ne part pas en déplacement professionnel sans ses baskets. Il est aussi sur le point de s’associer avec un agriculteur hors cadre familial, prêt à se former, prêt à débuter une nouvelle aventure. De quoi donner de nouvelles perspectives et atteindre un équilibre professionnel et personnel satisfaisant…

Isabelle Brenguier

(1)   Société d'aménagement foncier et d'établissement rural