FILIÈRE
AGPB : « L’Omnibus. Tout l’Omnibus. Rien que l’omnibus »

Éric Thirouin président de l’Association générale des producteurs de blé et autres céréales (AGPB) et Philippe Heusèle, secrétaire général, ont présenté le 13 janvier leurs vœux à la presse. L’occasion de faire le bilan de l’année 2021 et de dresser quelques perspectives pour 2022.

AGPB : « L’Omnibus. Tout l’Omnibus. Rien que l’omnibus »
Sur le dossier des zones de non-traitement (ZNT), les agriculteurs balancent entre circonspection et colère sourde. Ils ne souhaitent pas qu’on leur ajoute « des injonctions juridiques aux charges économiques ».

« Les possibilités de l’Omnibus doivent être appliquées en entier dans le projet de loi portant sur la réforme des outils de gestion des risques climatiques en agriculture », ont martelé les deux responsables de l’AGPB, Éric Thirouin et Philippe Heusèle lors de leur conférence de presse. Pour eux, il faut que ce texte, transmis pour examen au Sénat, inscrive dans le marbre les deux limites, basse et haute, que ce dispositif européen permet : c’est-à-dire fixer à 70 % maximum le taux de subventionnement des cotisations de l’assurance multirisque climatique (MRC) et à 20 % de pertes son seuil minimum de déclenchement. « Si on pouvait faire 15 % et 75 %, ce serait encore mieux », a lancé, en guise de boutade, Philippe Heusèle, conscient qu’un tel dispositif, à cette hauteur, ne verra pas le jour. Pour le président de l’AGPB, ce sujet est « central et même capital » pour les agriculteurs, car si on reste aux taux de « 25-65, ça ne sert à rien de faire une réforme. En effet, c’est ce qui est déjà appliqué depuis 10 ans », a-t-il indiqué. Pour l’AGPB, fixer la règle du 20-70 permet de « développer des stratégies à long terme. Nos exploitations ont besoin de visibilité et de stabilité », a expliqué Éric Thirouin. Lors de débats au Palais Bourbon, le ministre n’a pas dit autre chose.

ZNT : sujet sensible

Les zones de non-traitement (ZNT) constituent l’autre sujet sensible du moment. Depuis le jugement du Conseil d’État de décembre 2021 qui renvoie une grande partie du problème à l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses), les agriculteurs balancent entre circonspection et colère sourde. Ils ne souhaitent pas qu’on leur ajoute « des injonctions juridiques aux charges économiques », a en substance déclaré Éric Thirouin. Comme nombre d’organisations agricoles, notamment la FNSEA, il demande très clairement à ce que les agriculteurs perçoivent des compensations pour les terres qui ne seront pas cultivées et donc récoltées. Dans ce dossier, l’AGPB sent et voit monter la colère de certains riverains, excédés par la présence d’un très grand nombre d’insectes à proximité de leurs maisons d’habitation… faute de pouvoir traiter. « Il faut aussi que la réglementation s’adapte à la réalité technique et aux innovations », a-t-il ajouté, prenant l’exemple des buses à réduction de dérive, les réductions allant de 50 % à 95 %. « Or, les juges s’en tiennent aux buses standards », se désole-t-il.

L’Europe « se fourvoie »

Ce sont aussi les appréhensions de décroissance qui hantent les esprits des céréaliers. Des craintes justifiées par les résultats du JRC et du département de l’agriculture américaine (USDA) qui indiquent que le Farm to Fork conduira très certainement à une réduction de la production de 10 à 15 % dans les filières des céréales notamment. « Comment l’Europe peut-elle donner des perspectives à la décroissance dans un contexte de prix élevés et en prenant le risque d’accroître nos dépendances agricoles et agroalimentaires ? C’est impensable mais c’est pourtant ce qu’elle affiche », s’est attristé le président de l’AGPB. « Elle se fourvoie », a-t-il insisté estimant que la réponse sur la transition écologique demandée par la société est compatible avec les objectifs de production. « Plus on produit de céréales, plus la photosynthèse des plantes (mais aussi celle des arbres) capte le carbone et réduit les gaz à effet de serre ». Selon Philippe Heusèle, on pourrait ainsi fixer jusqu’à 31 millions de tonnes équivalent carbone dans l’agriculture. Avec des perspectives de compléments de revenus qui seraient les bienvenus après huit années de vaches maigres. Ce sont autant de sujets que l’AGPB, devrait présenter avec la FOP, l’AGPM et la CGB aux candidats à la présidentielle, dans les semaines qui viennent.

C.Soulard