Arboriculture
De nouveaux outils de désherbage mécanique utilisés dans les vergers de l'Isère
Dans les vergers, les alternatives au désherbage chimique se multiplient. Pour les faire connaître aux producteurs, la chambre d’agriculture de l’Isère a organisé une démonstration de deux machines le 4 mars dernier chez Christophe Viallet, exploitant à Agnin.
Arboriculteur à Agnin dans la vallée du Rhône au sein de l’EARL « Les petits fruits de la forêt », Christophe Viallet commercialise sa production en vente directe. C’est la raison qui l’a conduit à inscrire son exploitation dans la certification HVE (Haute valeur environnementale). C’est pour cette même raison qu’il veut convertir son verger en bio. Ces différents engagements s’accompagnent cependant d’importantes adaptations dans ses pratiques. Dernière en date, l’acquisition de nouveaux outils pour désherber ses parcelles en remplacement de l’utilisation de produits phytosanitaires.
Polyvalent
Ainsi, depuis un an, Christophe Viallet intervient dans ses 25 hectares de vergers de pêchers et de pommiers avec un porte-outil « Chabas » sur lequel est adapté quatre matériels : une fraise, des disques à buter, une herbanette et des disques à débuter. Il a effectué un premier passage au printemps dernier avec les disques à débuter qui lui ont permis d’enlever les mauvaises herbes en sortie d’hiver. En saison, il a effectué quatre passages avec la fraise pour travailler le sol. Et à l’automne, il a refait un passage avec les disques à débuter pour permettre aux parcelles de bien passer l’hiver. L’outil est installé à l’avant du tracteur ce qui permet à l’agriculteur de gagner en confort de travail et de placer un broyeur à l’arrière en été. Ainsi, il équilibre la charge (800 kgs sur l’avant, 800 kgs sur l’arrière) et il évite des passages supplémentaires. Au niveau du temps de travail, il a estimé qu’il passait deux heures à l’hectare pour buter, contre quatre à cinq heures à l’hectare pour débuter et passer la fraise, que ce soit dans les pommiers ou les pêchers.
Christophe Viallet se dit « très content » de cet achat « polyvalent » qui lui a permis de reconvertir 18 hectares de vergers sur les 25 qu’il exploite. L’inconvénient majeur de ce matériel est son coût, entre 25 et 27 000 euros pour la seule machine auxquels il faut ajouter les différents outils. Pour lui, la note totale s’est élevée à environ 40 000 euros. L'arboriculteur a pu faire cette acquisition parce qu’elle a été subventionnée à 40 % dans le cadre d’un dossier PCAE (Plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations agricoles) possible puisque l’exploitation se situe dans la zone du captage de Golley. Il a aussi constaté que les consommables s’usaient assez vite.
Plus abordable
Christophe Viallet a acheté cet outil après avoir utilisé pendant plusieurs années une « Rinieri », qui a aussi fait l’objet d’une démonstration. « L’avantage de cette machine est qu’elle accepte bien les gros cailloux. Elle est capable de remettre un verger propre. Elle rattrape bien le retard pris sur la pousse de l’herbe », estime le producteur. Son coût, de l’ordre de 8 000 euros, est aussi beaucoup plus abordable. Mais elle ne restitue pas le même rendu. Le travail est plus grossier. Placée à l’arrière du tracteur, la machine est aussi plus fatigante à manier. Selon Christophe Viallet, « son palpeur est également moins sensible aux petits arbres que la « Chabas ». Enfin, il a constaté qu’au bout de quatre à cinq passages, elle retire de la terre. « Il faut donc réaliser un rebutage avec un autre outil », souligne-t-il.
Surveillance maintenue sur l’ambroisie
Mélia Rodriguez, conseillère en agro-environnement à la chambre d’agriculture de l’Isère, a profité de la rencontre pour évoquer l’ambroisie et « la nécessité de maintenir une forte surveillance, notamment dans les parcelles de jeunes vergers, même en période de charge de travail accrue ». « Il faut éviter la pollinisation de cette plante envahissante et allergène. Toutes les méthodes sont bonnes pour éradiquer l’ambroisie dans les vergers », ajoute la conseillère. Qu’il s’agisse d’un passage au broyeur dans l’inter-rang, de l’utilisation d’outils tels que la « Chabas », la « Rinieri » dans les rangs et même le recours au désherbage chimique. Car, en terme de santé publique, « la priorité est bien d’empêcher la prolifération de l’espèce ». Mélia Rodriguez conclut en rappelant l’arrêté préfectoral en vigueur en Isère qui impose la destruction de l’ambroisie dans les parcelles.
IB
Désherbage mécanique : encore d’autres techniques
Outre des démonstrations de matériels, différentes techniques alternatives au désherbage chimique ont été présentées à la rencontre organisée par la chambre d’agriculture le 4 mars à AgnIn.
Ainsi, il a été question d’éco-pâturage. Grâce à des retours d’expérience intéressants, la pratique tend à se développer. Mise en place à Chanas, dans les parcelles d’abricotiers, de pommiers et de poiriers de Christian Sauvageon, l’arboriculteur a apprécié profiter de la tonte des bêtes, de leur intérêt pour le lierre et d’un apport supplémentaire de matière organique. Quant à la bergère, Marie Coquerel, elle a pu profiter – gratuitement – de la nourriture qui lui faisait défaut pour son troupeau.
Paillage artificiel
Marion Bouilloux, conseillère à la chambre d’agriculture de la Drôme, a aussi présenté les résultats de différentes expérimentations conduites dans le département. Evoquant la mise en place de plusieurs systèmes : « paillage artificiel (toile tissée), paillage à base de débris végétaux, paillage par mulch et couverture herbacée », elle a constaté que le plus probant était le paillage artificiel réalisé avec une toile tissée noire (contrairement à celles de couleur marron et verte qui s’abimaient plus rapidement). Mise en place en 2017, avant la plantation de cerisiers, elle présente d’intéressants résultats par rapport aux concurrences entre mauvaises herbes.
Mais pour qu’elle soit efficace et qu’elle ne s’altère pas trop vite, il convient de bien réussir son installation. Comme il s’agit d’un acte particulièrement physique, elle recommande la présence de trois personnes. Elle précise également de choisir un jour sans vent. Ses autres préconisations : « veiller à ce que la surface soit bien plane, enlever les cailloux au préalable, creuser deux sillons de chaque côté et bien reboucher ensuite ». Il faut aussi que la bâche soit bien tendue dès le départ.
IB